Jean-François Rial : Les accusations de Club Aventure sont fausses et injustes

L’Echo touristique : Club Aventure (Huwans) estime que le regroupement entre Voyageurs du Monde et Allibert "fait perdre à ATT son indépendance et à la certification ATR toute crédibilité". Qu’en pensez-vous ?

Jean-François Rial : Club Aventure a le droit de quitter ATT (Association des Tours opérateurs Thématiques, ndlr), même si je le regrette. Quant aux raisons qu’ils évoquent, ils auraient pu se passer de lancer des accusations  à la fois fausses et injustes.

Fausses car aucune règle sur le fonctionnement d'ATR (Agir pour un Tourisme responsable, ndlr) n'a été modifiée depuis notre rapprochement, et que nous étions déjà  majoritaires avant. Maintenant, ce ne serait plus acceptable ? Où est la logique ?

Injustes, car conscients du problème que pouvait poser notre poids dans l'association, nous étions prêts à aménager les règles de vote. J’étais d’accord pour que l’on ait une seule voix, sur 10, alors que l’on participe à 70% du budget d’ATR. Que peut-on faire de plus ?

Je n'ai toujours pas compris quel était l'intérêt pour le directeur général de Club Aventure de faire de telles déclarations. J'ai toujours eu beaucoup d'estime pour cette entreprise, ses salariés et ses actionnaires, messieurs Descamps et Leclercq. Sans les avoir consultés, je ne peux pas imaginer qu’ils aient cautionné le contenu de ce communiqué.

La pluralité des points de vue dans ATT/ATR est-elle menacée ?

Les critères d'ATR sont fixes et sont certifiés par un organisme indépendant. On n’a jamais changé les règles. Pour les fiches pays (sur lesquelles se base la vérification pour la certification : ndlr), il faut rappeler qu’elles ne sont pas réalisées par les voyagistes eux-mêmes, même s’ils sont consultés, mais par un salarié d’ATR, et il faut qu’il y ait l’unanimité. Notre poids dans ATR n’a donc pas d’importance.

De nouveaux membres pourraient-ils entrer dans ATT/ATR ?

Des discussions sont bien avancées avec Club Med Découverte pour ses circuits, avec Transat, et avec Kuoni. Avec ces trois grands voyagistes, le groupe Voyageurs redeviendrait vite minoritaire. D'autres grands voyagistes se posent aussi la question de leur adhésion à moyen terme.

Envisagez-vous de créer un autre label ATR, moins contraignant ?

Yves Godeau a présenté une extension du label ATR au Ceto, mais rien n’est fait. Ce ne sera pas un label moins contraignant, mais différent. Des critères sur les déchets dans le désert, ce n’est pas pertinent pour Kuoni ou le Club Med. Au contraire, il faudra mettre en place des critères qui concernent les consommations d’eau ou d’énergie dans les hôtels. On souhaite rassembler le plus possible d’acteurs autour de la table, comme le Snav et le Ceto, mais pas seulement. Il faut faire quelque chose qui puisse être adapté pour toute la profession, cela ne sert à rien de multiplier les initiatives, chacun de son côté.

La recherche de nouveaux membres et les réflexions sur un nouveau label sont-elles liées à une volonté de communiquer davantage ?

ATR, ce n’est pas un projet de communication, mais de conviction. C'est un travail exceptionnel, en qualité et en contenu, qui a nécessité des heures de travail. Je le dis d'autant plus que je n’ai pas fait partie des fondateurs *, qui ont fait un travail exceptionnel.

* Jef Tripard de Allibert, Hervé Saliou de Comptoir des voyages, Christophe Leservoisier d’Atalante, Chantal Mortier de Terres d'Aventures, Yves Godeau de Club Aventure, Vincent Fontvieille de La Balaguère, Philippe Marais de Saiga