Economie : moins de 6000 défaillances d’entreprises en France au 2e trimestre, 11 dans le voyage
Si l’explosion de faillites n’a pas eu lieu au deuxième trimestre, avec moins de 6000 défaillances tous secteurs confondus, les entreprises de plus de 50 salariés sont nettement fragilisées, rapporte le spécialiste de la donnée d’entreprises Altares. Dans le voyage, Altares relève 11 défaillances.
Le nombre de faillites est resté étonnamment bas en France au deuxième trimestre, au regard des répercussions de la crise sanitaire, avec moins de 6000 défaillances d’entreprises. « Le premier semestre 2020 restera dans les annales de l’accompagnement de l’entreprise en difficulté, analyse Thierry Millon, directeur des études d’Altares. Moins de 17 000 entreprises ont fait l’objet d’une procédure collective à mi-année. Il faut remonter à plus de trente ans pour trouver un nombre aussi faible. Ces chiffres paraissent pourtant invraisemblables au regard de la force de la crise, poursuit-il. En réalité, c’est l’aménagement des textes règlementaires qui a permis cette étonnante résistance des entreprises. Sans cette adaptation du droit et l’aide des pouvoirs publics, des dizaines de milliers d’entreprises seraient tombées dès ce deuxième trimestre, beaucoup disposant de moins de trente jours de liquidité pour faire face aux dépenses immédiates. » De fait, l’ordonnance du 25 mars sur les avoirs, décriée par Bruxelles et les associations de consommateurs, a eu l’effet d’amortisseur.
L’APST a, elle aussi, souligné l’impact positif des mesures de soutien pour le secteur du tourisme. « Nous nous félicitons des aménagements spécifiques alloués à notre secteur », expliquait Alix Philipon, présidente de l’APST, dans une lettre adressée à l’ensemble de ses adhérents. « Ces mesures ont permis d’éviter un certain nombre de sinistres à court terme. »
Sur l’ensemble du secteur voyage (agences, voyagistes et services de réservation et activités connexes), Altares relève 11 défaillances au deuxième trimestre, contre 24 au premier trimestre. 10 concernent des agences de voyages, 1 s’applique à un voyagiste. Dans le transport aérien, le nombre de défaillances s’élève à deux au deuxième trimestre. Il n’y en avait pas eu au début de l’année.
Le nombre d’emplois menacés en forte hausse
« Les mesures de confinement et les ordonnances d’adaptation du droit des entreprises en difficulté ont permis de contenir les niveaux de défaillances sous le seuil des 6000 avec 5766 procédures collectives ouvertes sur le 2e trimestre 2020″, estime Altares. Cela représente une baisse globale de 53,3 % comparée à la même période de l’an passé.
Pour le spécialiste de la donnée d’entreprises, ce chiffre est du jamais vu depuis quarante ans. Selon ses estimations, 10000 structures ont ainsi échappé à la défaillance en comparaison avec le 1er semestre 2019. Pour autant, cette tendance globale doit être tempérée, souligne Altares, qui pointe “la situation inquiétante des entreprises de plus de 50 salariés dont le niveau de défaillances croît de 15,7 %.” Inversement, les sinistres reculent de 53,8 % chez les entreprises de moins de 50 salariés. Comme les trimestres précédents, les TPE de moins de 10 salariés concentrent plus de neuf défaillances sur dix (92%). Mais ainsi que le rapporte Altares, alors même que le nombre de défaillances a été divisé par deux en comparaison avec le deuxième trimestre 2019, le nombre d’emplois menacés grimpe quant à lui à 43 400, soit 2400 de plus comparé à la même période.
Quelles perspectives pour le second semestre ?
Et alors que les entreprises disposent habituellement en moyenne de 4 à 5 mois de liquidités, Altares a identifié près de 100000 sociétés disposant de moins de 30 jours de trésorerie pour faire face aux dépenses les plus urgentes. C’est le cas particulièrement dans les activités de commerce, café-hôtel-restaurant ou services à la personne, détaille-t-il. « Si la plupart de ces entreprises étaient déjà sous surveillance dès le début de la crise, d’autres – pourtant saines – ont rejoint la longue liste des structures qui peineraient à résister si les aides publiques venaient à manquer », observe Thierry Million. « Qu’elles soient de petite ou de grande taille, toutes les entreprises ont été mises à l’épreuve de la pandémie de Covid-19. Tous les totems, toutes les certitudes sont tombés. En ce début d’été, les scénarii économiques offrent encore un large éventail de possibilités de modalités de reprise. Toutefois, loin des tsunamis rabâchés à l’envi depuis plus de quatre mois, et malgré l’ampleur de la crise, les entreprises ont tenu », affirme Thierry Millon.
Mais alors quelles projections pour le second semestre ? « Nombre des 10 000 entreprises préservées artificiellement de la défaillance sur le premier semestre pourraient venir gonfler les chiffres du second semestre, pense Thierry Millon. Cependant, nos entreprises ont su montrer jusque-là qu’elles savaient résister. Ne sous-estimons pas leur capacité à passer le cap et déjouer les pronostics de fin du monde, à la faveur d’une reprise plus dynamique qu’attendue, déjà perçue dans certains secteurs. »