Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Club Med : Le changement climatique a un impact sur notre stratégie

 » A l'occasion de la semaine du développement durable, l'Echo touristique donne la parole à des experts du tourisme sur ces questions. Agnès Weil, directrice du développement durable du Club Méditerranée, détaille la stratégie du groupe. »

L'Echo touristique : Quel est votre stratégie pour réduire les émissions de CO2 et votre impact sur le climat ?

Agnès Weil : La politique CO2 du Club Méditerranée repose sur trois piliers complémentaires. Le premier, c'est la réduction des besoins en énergie par la conception même des villages (orientation, enveloppe des bâtiments, ventilation, éclairage naturel…).

Le deuxième pilier, c'est d'utiliser efficacement l’énergie, avec des équipements performants : chaudières à haut rendement, appareils à faible consommation, gestion technique des bâtiments (GTB)… Mais aussi en s’appuyant sur la formation des équipes et la sensibilisation des clients, en particulier au travers de la démarche de labellisation Green Globe. Notre objectif est d'avoir 70% de villages certifiés fin 2013.

Enfin, le troisième pilier est de faire évoluer le mix énergétique vers des énergies moins émettrices de CO2 comme le solaire ou l'hydraulique. On peut aussi avoir un impact indirect en proposant des séjours plus long ou en mettant en avant le transport ferroviaire. 

L'Echo touristique : Quels sont vos derniers projets en matière de réduction des consommations d'énergie ?

Agnès Weil : Parmi les innovation récentes, il faut citer le projet pilote au Club Med d'Opio, en Provence, couronné par le prix EDF Energie Innovante 2012. C'est un système de détection de présence dans les chambres, qui permet de n'utiliser que le strict nécessaire en termes d’appareils électriques. Les résultats du test, mené sur deux chambres pendant deux mois, montrent une réduction des consommations d'électricité de 60%. Grâce à l'ensemble des mesures d'économies dans nos villages, la consommation par journée hôtelière a baissé de 10% depuis 2008.

L'Echo touristique : Et au niveau des énergies renouvelables ?

Agnès Weil : Nous avons par exemple installé 320m2 de panneaux solaires lors de la rénovation du village de Yasmina. Celui de Rio das Pedras est totalement alimenté par de l’hydroélectricité produite sur le site. Mais les solutions les plus intelligentes et aux meilleurs résultats environnementaux ne sont pas nécessairement celles qui sont les plus connues ou visibles du grand public.

Le Club Med préfère parfois confier à ceux dont c’est le métier le choix des modalités d’évolution vers un mix plus vert, en passant par exemple par les certificats verts d’EDF, pour 55% de l’électricité achetée en France. Dans le monde, 18% de l’énergie consommée provient de sources renouvelables.

L'Echo touristique : Quelles mesures pourraient pousser le Club Med à aller plus vite dans la réduction de ses émissions de CO2 ?

Agnès Weil : Les opérateurs privés mettent prioritairement en place des actions qui ont un retour financier et direct, par exemple sur des économies d'eau ou d'énergie. Il est certain que la pression juridique ou fiscale aide les directeurs environnement ou développement durable à pousser leurs projets… Mais il faut aussi savoir anticiper, tout en restant réaliste sur le plan économique, pour ne pas avoir de rattrapage violent à subir en cas d’évolution rapide de la réglementation.

Il y aussi beaucoup d'autres éléments qui rentrent en jeu dans les décisions d'investissement en matière de développement durable : l'anticipation des changements économiques comme le prix des matières premières, le sens pour les clients comme pour les équipes, l'image de marque…

L'Echo touristique : Les opérateurs du tourisme ont un impact sur le climat. Mais ils sont aussi touchés par le changement climatique. Cela influe-t-il sur votre stratégie ?

Agnès Weil : Le changement climatique a un impact sur notre stratégie de développement et l'anticipation de ses conséquences est de mieux en mieux prise en compte. Pour nous développer ou construire de nouveaux villages, on considère de nombreux facteurs, dont les effets du changement climatique. Ce ne sont ni les seuls, ni les principaux, mais cela peut faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre.

Il y a de plus en plus d'échanges en amont des projets, avec les équipes de Construction ou de Développement. Nous avons désormais mis en place des "guidelines" sur ces sujets.

L'Echo touristique : Quels sont les différents impacts que vous suivez ?

Agnès Weil : Par exemple, depuis cette année, nous travaillons sur les enjeux d'érosion et de montée des eaux, avec un spécialiste. Nous avons ainsi mis en place un suivi sur l'érosion. Il y a différentes solutions que l'on peut mettre en œuvre, mais cela est très technique et dépend de chaque site. Et il faut privilégier les moins "irréversibles" d’entre elles.

Il peut s’agir par exemple de créer des digues avec des sacs de sable, pour que l'on puisse les déplacer selon les courants, ou de planter certaines espèces de graminées près des plages, qui ont un rôle fixateur. Le facteur de l'enneigement est aussi pris en compte. Choisir des sites en altitude ou connectés à des domaines importants, privilégier le bi-saisonnier, font partie des réponses.

L'Echo touristique : Y-a-t'il d'autres impacts sur le tourisme, de manière générale ?

Agnès Weil : Il y a des effets moins évidents à anticiper, en cascade, mais qu'il faut aussi prendre en compte. Avec le réchauffement, certaines zones peuvent être propices au développement de maladies. Si une zone devient impaludée, cela peut réduire le nombre de candidats au départ. On voit aussi que le coraux disparaissent. Il faut prendre cela en compte, car c'est une des raisons du succès de certaines destinations.

Il faut aussi s'intéresser à l'impact de la multiplication des cyclones importants et des conditions climatiques extrêmes, à la désertification et bien sûr – et surtout – à l'augmentation de la pression sur les ressources en eau.

 

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique