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Cars Macron : où en est le marché 7 ans après ?

Selon l’Autorité de régulation des transports (ART), le marché des cars Macron s’articule autour d’un duopole.

Cela fait maintenant 7 ans que le « loi Macron » a été votée. L’heure des premiers bilans sur ce moyen de transport encore assez méconnu et peu revendu en agence.

Avant 2011, il n’existait pas de service non conventionné de transport interurbain régulier par autocar en France. Les services interurbains qui assuraient des dessertes régulières par autocar – c’est-à-dire des services dont l’itinéraire, les points d’arrêt, les fréquences, les horaires et les tarifs sont fixés et publiés à l’avance – étaient organisés par l’État ou les collectivités territoriales.

En 2009, l’Europe a ouvert la possibilité pour les transporteurs européens de commercialiser librement des services de cabotage, c’est-à-dire de desserte intérieure dans le cadre d’une liaison internationale régulière. Cet assouplissement réglementaire a permis le développement d’une offre de desserte interurbaine régulière et non conventionnée par les acteurs historiques du transport international par autocar. Ce fut le cas pour Eurolines dès juillet 2011, puis Starshipper (groupement de PME indépendantes) et Megabus (filiale du groupe britannique Stagecoach). Mais aussi l’arrivée d’un nouvel acteur, iDBus (filiale de la SNCF).

Le développement de ce marché est resté modeste jusqu’en 2015, du fait des restrictions imposées par la réglementation et du déficit d’image de l’autocar, considéré comme un mode de transport peu confortable. Le 6 août 2015, la « loi Macron » a permis à toute entreprise d’assurer des services réguliers interurbains par autocar. Ces services sont librement commercialisés ou supprimés lorsque tous les arrêts qu’ils desservent sont distants de plus de 100 kilomètres.

Création d’un duopole

Trois ans après la promulgation de la loi Macron, les observateurs constatent le dynamisme du nouveau marché, avec un trafic en forte hausse et un maillage du territoire de plus en plus étoffé, mais notait par ailleurs une hausse progressive des prix et un mouvement de concentration des opérateurs. 

L’année suivant la promulgation de la loi, cinq opérateurs principaux se sont positionnés sur le marché : Eurolines/Isilines (groupe Transdev), iDBus, rebaptisé Ouibus (groupe SNCF), Flixbus, Starshipper (groupement de PME) et Megabus. Chaque opérateur a eu une stratégie de développement différente. Flixbus a lancé plusieurs dizaines de lignes de manière simultanée sur l’ensemble du territoire français tandis que Starshipper s’est concentré sur l’ouest de la France et la région Rhône-Alpes.

Fin 2016, Flixbus proposait l’offre commerciale la plus étendue, à la fois en diversité des dessertes et en capacité. Il occupait toujours cette première place en 2019. Dès l’été 2016, Starshipper et Megabus ont disparu du marché39. Fin 2018, la société Ouibus a été acquise par BlaBlaCar, et début 2019, Flixbus a racheté Eurolines/Isilines40. 75. Depuis le second semestre 2019, le secteur en France est duopolistique. Flixbus et BlaBlaCar ont assuré respectivement 66 % et 33 % du trafic en autocars.km en 2021 selon les chiffres publiés par l’ART. Le rapport parlementaire précité relève que la libéralisation du transport par autocar a connu en Allemagne et au Royaume-Uni un phénomène de concentration similaire à la France.

Une explosion de la demande

L’expansion de l’activité « Car Macron » a été impressionnante. Dès 2016, plus de 6 millions de voyageurs ont été ainsi transportés. Environ 7,1 millions l’ont été en 2017. La progression s’est poursuivie en 2018 (près de 9 millions) et en 2019 (plus de 10 millions).

Le maillage du territoire s’est étoffé : 236 villes ont été desservies pendant au moins un trimestre en 2016, 302 en 2017, 328 en 2018 et 320 en 2019.

Pour autant, la fréquentation des cars est très polarisée géographiquement puisqu’en 2019, 45 % des passagers ont voyagé en partant de Paris ou à destination de Paris. Selon l’ Autorité de régulation des transports (ART), parmi les dix liaisons les plus fréquentées en 2019, six étaient des liaisons radiales (ayant pour origine ou pour destination l’agglomération parisienne). C’est encore vrai en 2022.

En 2022, l’offre (nombre d’autocars) et la fréquentation (nombre de passagers) ont retrouvé, respectivement leur niveau de 2017 et de 2018. Près de 192 « unités urbaines » ont été desservies. L’ART note que 52 « unités urbaines » ont été desservies de manière continue depuis 2016 et constituent donc « le socle des dessertes permanentes ». Les opérateurs interrogés se montrent optimistes mais signalent qu’une pénurie de conducteurs pourrait limiter la progression de l’activité, préoccupation que partagent les acteurs du transport routier conventionné.

Bilan mitigé côté environnement

Côté environnemental, une étude publiée par la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) en mars 201955 conclut que, sur la période 2016-2017, le transfert modal vers les « cars Macron » depuis la voiture individuelle et le covoiturage a été « environnementalement positif » mais que, dans la mesure où ces « Cars Macron » attirent non seulement des automobilistes mais aussi des usagers du rail, « leurs bilans énergie et carbone sont globalement négatifs ».

Au total, si selon l’Agence de la transition écologique (l’Ademe), l’impact environnemental de la libéralisation du marché était positif en 2016, il n’en recouvre pas moins des tendances contradictoires. L’autocar se substitue parfois au train et la recherche de flexibilité peut supposer de faire rouler des cars seulement partiellement remplis. Le bilan environnemental du secteur dépend à moyen terme du « verdissement » des flottes.

Pour les années à venir, une comparaison avec l’Allemagne et le Royaume-Uni amène l’ART à affirmer, dans son rapport sur l’année 2021, que le marché français n’a pas encore atteint son plein potentiel de développement et « qu’une augmentation de 60 % serait envisageable » d’ici 2027 si « plusieurs verrous » sont levés. Ces verrous ont trait aux gares routières plutôt qu’à la réglementation des services de transport.

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