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Aéroport de Roissy : le projet du terminal 4 sérieusement remis en cause

Avec la chute du transport aérien, et les nouvelles contraintes environnementales, le projet d’un terminal 4 à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle est menacé.

Le terminal 4 de Roissy-Charles de Gaulle, méga-projet d’extension doté d’une capacité de 40 millions de passagers, verra-t-il le jour ? La crise sanitaire mondiale contraint Aéroports de Paris et l’Etat à revoir leur copie sévèrement critiquée par l’Autorité environnementale.

Pollution de l’air, nuisances sonores, traitement des eaux usées… Le T4 prévu en 2037 vient de subir un coup dur et son maître d’ouvrage le Groupe ADP va devoir réévaluer les impacts de son projet au coût estimé entre 7 et 9 milliards d’euros. Dans un avis rendu mercredi et consulté par l’AFP, l’Autorité environnementale (AE) constate que « l’équation à résoudre » entre l’augmentation des vols, de la circulation routière et le respect des objectifs internationaux de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre « n’est pas décrite ni posée de manière complète ».

« Les incidences du projet sur la qualité de l’air et sur le bruit, et donc la santé des résidents et riverains de la plateforme aéroportuaire sont incomplètement évaluées », critique l’AE qui souligne qu’en matière de bruit, ADP « n’apporte aucune assurance » que les avions accueillis « seront bien modernisés dans les délais annoncés ».

Roissy, deuxième aéroport européen

Enfin, l’AE s’inquiète de la gestion du traitement des eaux rejetées par la plateforme aéroportuaire qui « ne parait pas assurée. Par conséquent, l’absence d’incidences sur les milieux et sites Natura 2000 situés en aval hydraulique de la plateforme, indispensable à l’autorisation du projet, n’est pas démontrée », insiste l’Autorité environnementale.

En réaction, le groupe ADP a indiqué jeudi qu’il « tirera les conséquences de l’ensemble des recommandations » et « a pris la décision d’adapter le projet pour tenir compte des priorités issues de la crise et d’ajuster en conséquence le calendrier ».

Pour le groupe gestionnaire des aéroports parisiens, l’objectif du futur terminal est de permettre d’absorber la fréquentation de Roissy, deuxième aéroport d’Europe derrière Heathrow, estimée à 120 millions de passagers en 2037, selon l’organisation des aéroports ACI Europe.

« Pas les financements »

Mais ce chiffre, brandi par ADP pour appuyer son projet, repose sur une croissance continue du trafic aérien mondial avant la pandémie de Covid-19. Depuis mars, le trafic a plongé de 90% et devrait retrouver son niveau d’avant crise au mieux en 2023, selon l’association internationale du transport aérien (IATA). Devant l’évidence, l’Etat, actionnaire majoritaire d’ADP et favorable au projet, a fait évoluer sa position. « Aujourd’hui à Roissy, on a 15% des vols (…). Les extensions de capacité à Roissy aujourd’hui paraissent être un pari audacieux. Le projet du T4 va probablement être revu, requestionné: coût/bénéfice », a déclaré sur RMC et BFMTV Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports.

Le projet « est obsolète et n’aura pas les financements », glisse une source aéroportuaire qui ajoute que l’extension de Roissy « n’est pas en adéquation avec ce que veulent les citoyens ». Les résultats des municipales avec l’avancée des Verts semblent ainsi en contradiction avec le projet du futur terminal qui, à lui seul, aura la capacité équivalente à celle d’Orly.

« Monstruosité du passé »

Parallèlement, l’interdiction « de la construction de nouveaux aéroports et l’extension des aéroports existants » figure parmi les propositions de la Convention citoyenne pour le Climat que le président Emmanuel Macron va soumettre au parlement ou à référendum dès 2021. Pour Catherine Le Comte, membre historique de l’ADVOCNAR (Association de défense contre les nuisances aériennes), « le T4 est une monstruosité qui fait partie du passé ».

Son association ainsi que 25 collectifs et ONG ont adressé fin juin une lettre au président réclamant l’abandon du projet. Cette lettre s’inscrit dans la lignée de celle de 62 maires d’Ile-de-France en janvier pour qui le projet « aura pour conséquence une augmentation de 40% du trafic aérien, 500 vols supplémentaires par jour (…) et une augmentation considérable des émissions de CO2 ».

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