L’édito de Dominique Gobert : des raisons d’y croire
Allez, courage, on en voit le bout… du tunnel. Du moins pour l’été qui approche. Les vacances, le tourisme, la liberté, ça vient. Et Jean-Baptiste Lemoyne y croit dur comme fer au « voyage » … à condition toutefois que nous restions en France.
Et que les touristes européens et plus lointains viennent chez nous. Viendez, viendez (pardon pour le secrétaire d’Etat à la Francophonie, en plus du Tourisme, mais ça me met en joie) passer l’été et même l’automne en France.
Et de lancer une grande campagne promotionnelle à destination d’une dizaine de marchés européens, d’un montant inhabituel de 10 millions d’euros. Mazette. En même temps, comme dit Président Macron et c’est plutôt bienvenu, cette campagne aura le mérite non seulement de fédérer les différentes régions de France (malgré la campagne politique qui s’annonce aussi rigolote), mais également d’envoyer un message fort de confiance envers les voyagistes européens qui pourraient envoyer leurs compatriotes vers notre bonne Gaule.
Sauf que si, comme le dit Jean-Baptiste Lemoyne, « nous sommes à trois pas de retrouver une vie normale », il va quand même falloir accorder nos violons européens. Comme le soulignait un confrère, veut-on nous faire voyager… ou pas ?
Franchement, une maman canard n’y retrouverait pas ses petits parmi tout cet imbroglio intra-européen. Tests ? Pas tests ? Vaccins ? Certificat sanitaire ? Et les couleurs des pays. Là, c’est encore une grande et belle performance. Par exemple, les Grands-bretons, traditionnels visiteurs estivaux de nos contrées, ont classé la France en pays « Orange », en plus d’ailleurs de déployer leur armada du côté de Jersey pour empêcher la pêche (euphonie, pour les puristes) à la sardine.
Si les Grands-bretons nous classent « orange », va-t-on appliquer la réciprocité ? Et si oui, cette campagne de promo tombera à l’eau, si je puis dire, sur le territoire grand-breton.
D’autant que la concurrence s’annonce aussi sévère, nos camarades européens ayant bien sûr, eux aussi, l’intention d’attirer nos ressortissants vers leur soleil, leur mer ou leurs montagnes. Ce qui, mais personne n’en a parlé lors de ce point presse hier, pourrait aussi réjouir nos voyagistes français, lesquels pensent davantage à exporter vers la Grèce ou l’Espagne…Hormis Christian Mantéi, président d’Atour France, personne ne les a cités. Le secrétaire d’Etat, lui, en bon cadre de toute grande entreprise, doit malgré tout, remplir ses objectifs : 100 millions de touristes à l’horizon… 2023, 24, 25 ?
Mais rassurons-nous, les amis, le tourisme cet été sera « bleu, blanc, rouge ». Ne nous laissons surtout pas distraire par la concurrence, que je remarque au passage, cette aimable Caroline Leboucher, directrice d’Atout France, balaye d’un mépris… méprisant. Les Suisses notamment, qui ont réalisé un film promotionnel particulièrement réussi, drôle, faisant appel à de Niro par exemple ou encore Roger Federer, qui donne envie, d’aller en Helvétie. « La France suscite beaucoup plus d’émotion que la froide perfection sanitaire suisse », assène-t-elle, très diplomatiquement alors que ces pauvres Helvètes ne lui avaient rien demandé, pas plus d’ailleurs que la diplomatie française. Après tout, on n’en est plus à une aberration près, n’est-il pas?
Bon.
En revanche, lancer dans la foulée, une campagne promotionnelle touristique franco-française, pardon, mais c’est une belle stupidité vue par des Parisiens pour des Parisiens. Redécouvrez la France ? Gloups. Heureusement, cette campagne sera « flexible », suivant en cela la variation, style, « un coup j’avance, un coup je recule », comme nous avons pu le constater durant toute cette année.
Et juste pour finir, quid de nos territoires nichés au-delà des mers ? Les Américains peuvent venir quasi librement dans ces îles, mais pour les Français, la destination reste soumise au voyage « impérieux ». Mais là, silence…
Caramba !
