Le tourisme mondial accuse les premiers effets de la crise

Avec 903 millions de voyageurs (+6,6 %) dénombrés dans le monde, 2007 avait été une année record et l’occasion pour le tourisme de démontrer, une fois de plus, sa capacité de résistance et d’adaptation. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) restait du coup optimiste pour 2008. Las ! Elle avait largement sous-estimé les conséquences de la crise, qui a débuté dès le mois de juin et pénalisé lourdement le second semestre de l’année dernière avec des effets dévastateurs qui se sont poursuivis depuis. En 2008, les arrivées de touristes internationaux ont atteint 922 millions, soit une maigre progression de 1,9 %, largement inférieure aux prévisions. Le retournement de tendance s’est effectué exactement à mi-année. Alors que les arrivées de touristes avaient progressé de 5 % sur les six premiers mois de l’année, elles ont en effet plongé à – 1 % sur le second semestre, affecté par les turbulences économiques (fluctuations du prix du pétrole et des parités monétaires), mais surtout par l’aggravation de la crise financière en septembre. Depuis, le recul n’a cessé de s’amplifier. Le nombre de touristes internationaux dans le monde a diminué de 8 % entre janvier et avril 2009, confirmant la glissade entamée au second semestre 2008. « Ces résultats témoignent de la magnitude du choc de la crise économique mondiale », analyse l’OMT, qui prévoit une année 2009 en négatif, de l’ordre de 4 à 6 %, une première après quatre ans de croissance consécutives depuis. L’organisation mondiale qui espère que « la baisse a dorénavant atteint un palier », reste malgré tout très prudente, le spectre d’une pandémie de grippe A/H1N1 faussant toute prévisions pour l’année en cours. En 2008, l’Europe, qui représente 53 % des arrivées de touristes internationaux (soit 488 millions), a marqué le pas la première et réalisé la moins bonne performance, avec l’Asie (en baisse aussi au second semestre), alors que les autres zones résistaient davantage. Ainsi, le Moyen-Orient a connu la plus forte progression du tourisme avec 11 % d’arrivées supplémentaires, quand l’Afrique a bien tiré son épingle du jeu (+ 5 % en 2008, après + 8,5 % en 2007). Les Amériques se sont également bien maintenues, avec une croissance des arrivées de 3,6 %, notamment grâce à un bon début d’année pour les États-Unis.

MOINS DE VOYAGES À L’ÉTRANGER

Concernant le marché hexagonal et les déplacements de nos compatriotes, la Direction du tourisme présente un bilan contrasté. En 2008, le tourisme des Français a en effet enregistré un recul des voyages pour motif personnel de plus de 3 % par rapport à l’année précédente. Ceux en Métropole ont néanmoins progressé de 1,3 % par rapport à 2007, alors que ceux à destination de l’étranger et des territoires d’outre-mer ont diminué de plus de 12 %. Dans notre classement des 100 destinations préférées des Français, 24 pays affichent d’ailleurs des performances à la baisse. En 2007, 12 seulement avaient accueilli moins de nos compatriotes. Parmi les plus sinistrés (mais qui donne toutefois en 2009 de vrais signes de reprise), le Kenya (- 60,4 %) victime de troubles politiques internes à partir de décembre 2007 qui ont durablement pénalisé sa fréquentation, celle des Français en particulier. La Birmanie, déjà confidentielle, a pour les mêmes raisons plongé en bas du tableau. On notera que l’Espagne (Baléares et Canaries incluses), traditionnelle première destination touristique des Français, a subi un sévère revers l’an dernier à – 9 %. De même la Croatie, bien moins à la mode, est loin d’avoir réédité ses performances du début des années 2000, de nouveau en recul après les – 5,5 % de 2007. La Chine a évidemment été pénalisée par les jeux Olympiques et les événements au Tibet, préjudiciables à son image. Mais pas seulement. Le pays n’a toujours pas retrouvé les grâces des touristes hexagonaux en 2009, la preuve que le malaise est plus profond. Côté destination plébiscitée, la Jordanie mérite des lauriers. La fréquentation française y a encore augmenté de plus de 40 % en 2008 après les + 30 % de 2007. Avec des volumes bien plus importants, l’Égypte et les États-Unis figurent aussi parmi les destinations gagnantes. Tout comme le Canada, la Turquie les Baléares (à contre-courant de l’Espagne continentale) ou Dubaï toutefois inquiété par la crise. À noter pour finir, la belle progression du Sri Lanka (+ 31 %), certes en queue de peloton mais qui retrouve de l’allant, pacification de la situation sur place aidant.

L’Europe a marqué le pas la première et réalisé la moins bonne performance

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