L’été en panne des TO

Après une saison d’hiver qui les a plombés, les voyagistes ne croient pas à l’éclaircie de l’été. Les chiffres sur l’état des réservations, publiés le 17 juin dans le cadre du baromètre de l’Association de tour-opérateurs/Ceto, le confirment. « Il faut espérer un sursaut au cours de la seconde quinzaine de juin », commente René-Marc Chikli, président de l’association. Car pour l’instant, on est à plat. » En cumulé, de février à avril, les réservations sont tout juste à la hauteur de celles de l’an dernier à la même période, à – 0,1 %. Et le nuage, qui a fait chuter les prises de commandes de – 7,8 % sur le seul mois d’avril, n’explique pas tout. « Mai et début juin sont tout aussi en panne, à – 0,3 %. » Une stagnation plus que préoccupante, lorsqu’on sait que les mêmes mois de 2009 étaient déjà mauvais. « On a un problème supplémentaire par rapport à l’an dernier, constate René-Marc Chikli, les promotions ne semblent pas réveiller le marché ni exciter les clients, contrairement aux premières minutes de février et mars, qui avaient trouvé leur public. »

ÉVITER LA PERTE DE MARGES

Du coup, pas difficile de pronostiquer que la réflexion stratégique va porter dans les jours prochains sur le maintien ou la réduction des stocks pour éviter d’être en perte de marges. Sachant qu’il faudra prendre en compte un attentisme grandissant et des ventes de dernière minute attendues en nombre. D’une destination à l’autre, et suivant les TO, les arbitrages promettent donc d’être subtils. En moyen-courrier, une chose est sûre, les poids lourds traînent la patte. La Tunisie, première destination de l’été des Français en ventes de forfait est à – 4 % en réservations cumulées, le Maroc à – 6 %. « Mais les prises de commandes de février à mai ne représentent qu’un tiers des départs de l’été, tempère Florian Vighier, directeur général de Marmara. Nous travaillons sur un marché de dernière minute en juillet-août. » Qui concerne moins la Turquie et l’Égypte, bien mieux parties, à respectivement à + 7 % et + 27 % chez les TO du Ceto. « La Turquie était déjà une valeur sûre de l’hiver. Elle ne profite donc pas des déboires de la Grèce, note Florian Vighier. C’est une prise de parts de marché, sachant que c’est la région de Bodrum qui en bénéficie, pas Antalya, très prisée de la clientèle russe, ce qui a renchéri les prix. »

SUCCÈS POUR LA CROISIÈRE

Bonnes perspectives aussi pour l’Espagne continentale (+ 20 %) qui reprend des couleurs après un été 2009 en baisse, et surtout pour la Croatie, de nouveau en positif (+ 8 %) après trois années de désaffection de la clientèle française. Rhodes s’en sort bien aussi, quand la saison estivale en Grèce continentale ne « se rattrapera pas », estime Jean Brajon, directeur général d’Héliades. C’est la chute libre, « injuste », depuis les manifestations de mai. Même la Crète est un peu en baisse. En long-courrier, le Canada (+ 23%), Maurice (+ 9 %) et États-Unis (+ 6%), pas encore impactés par la hausse du dollar, sont les bons élèves, quand la République dominicaine chute de 35 %. En Asie, la Thaïlande semblait bien partie avant la crise politique pour une belle saison estivale, confirme Philippe Bertholet, directeur général de Best tours. « Mais nous souffrons actuellement en circuits et n’avons aucune prise de commandes en groupes pour l’hiver. » Le balnéaire résiste mieux, mais « la reprise risque d’être compromise par le renchérissement des prix. Le bath a augmenté de 20 %. Finis les séjours à 999 ETTC » ! Dans cette incertitude, une formule tire son épingle du jeu : la croisière. « Ce sera une croissance à deux chiffres, avec un 2 devant », prédit Yannis Vassilakopoulos, directeur de CroisiFrance.