Etude : quelle image les jeunes ont-ils des métiers du tourisme ?
C’est un autre des « French paradoxes » : le secteur peine à susciter des vocations… alors qu’il bénéficie globalement d’une image positive.
On connaît les difficultés du secteur à recruter… pourtant, les métiers du tourisme bénéficient globalement d’une image positive auprès des 18-34 ans.
C’est ce qui ressort d’une étude de l’Alliance France Tourisme/Régions de France qui s’est penchée sur le sujet. Ainsi, plus de 7 jeunes Français sur 10 ont une image positive des métiers de l’animation et des loisirs (73%) de l’hôtellerie (72%), de l’organisation de voyages (72%), ou encore des métiers de la mobilité (Stewart/hôtesse, chauffeur) (71%). Ils sont presque aussi nombreux en ce qui concerne les métiers de l’accueil (69%), des campings (68%), des plateformes digitales de réservation et de mobilité (67%), de la promotion des destinations ou de de l’évènementiel (66%), des guides-conférenciers (65%) mais aussi de la restauration (en service ou en cuisine). Seuls les métiers du management et des RH se détachent et n’enregistrent que 54% de bonne image.
Fait notable, les métiers de la restauration, que ce soit en service ou en cuisine, ainsi que les métiers liés au management et aux RH, enregistrent le plus fort taux de très mauvaises image (respectivement 10%, 9% et 9%).
Assez logiquement, ceux qui placent le tourisme dans le Top 3 des secteurs où ils préféreraient travailler sont proportionnellement plus nombreux à avoir une bonne image de l’organisation de voyage (83% vs 72%), de l’animation et des loisirs (81% vs 73%), de l’évènementiel (75% vs 66%), de l’accueil (74% vs 69%), de la promotion des destinations (74% vs 66%), des guides conférencier (75% vs 65%), des plateformes digitales de réservation et de mobilité (74% vs 67%) et des métiers de la mobilité (78% vs 71%).
Les seuls métiers dont ils ont une moins bonne image que la moyenne sont les métiers de cuisine dans la restauration : ils sont 35% à en avoir une mauvaise image (vs 30%).
Une plus mauvaise image dans les régions touristiques
Ainsi que le relève cette étude, des écarts selon les régions émergent : les habitants des régions concernées par le tourisme (nord-ouest, sud-est et sud-ouest) ont souvent une plus mauvaise image des métiers que les habitants du nord-est : 29% des habitants du sud-ouest ont une mauvaise image de l’hôtellerie (vs 16% NE), 38% des habitants du sud-ouest ont une mauvaise image du service en restauration (vs 26% NE), 37% des habitants du sud-ouest ont une mauvaise image de la cuisine en restauration (vs 25% NE).
60% des répondants associent spontanément les voyages aux métiers du tourisme, 59% y associent les vacances, 36% le soleil.
36% les voient comme « une possibilité de voyager/joindre l’utile à l’agréable » et 35% « une occasion de rencontrer des personnes étrangères ».
Des métiers mal payés
Les plus jeunes, âgés de 18 à 24 ans, ont une vision plus positive que leurs aînés : ils y associent plus souvent de l’épanouissement (30%), de l’accessibilité pour tous (28%) et le vecteur de promotion sociale (13%).
On le devine, des qualificatifs négatifs sont également associés aux métiers du tourisme : mal payés à 25% (monte à 31% auprès des CSP+), difficiles à 23%, impliquant trop de sacrifices par rapport à la vie personnelle à 23% (monte à 28% auprès des femmes et à 27% auprès des 25-34 ans), précaires à 18% (monte à 22% auprès des 25-34 ans) et peu qualifiés à 13% (monte à 16% auprès des 18-24 ans).
23% des répondants placent le tourisme dans leur top 3 des secteurs où ils préfèreraient travailler (dont 7% en 1er choix), ce qui le situe en 4e position derrière le commerce (31%), la santé (26%) et le digital (25%). Le secteur est donc attractif, mais il existe une marge de progression, particulièrement parmi les 18-24 ans auprès desquels le taux est significativement plus bas (20% vs 23% auprès de la population interrogée dans son ensemble et vs 26% auprès des 25-34 ans). Par ailleurs, 29% des habitants du nord-est sont attirés par ce secteur.
Globalement, si l’on demande aux jeunes âgés de 18-34 ans s’il leur était offert un travail dans différents métiers du tourisme, il ressort globalement que la restauration ainsi que les métiers de l’hébergement (hôtellerie et campings) ou ceux de l’animation et de la mobilité (steward/hôtesse, chauffeur) sont les secteurs qui attirent le moins. L’organisation de voyages et la logistique qui lui est liée sont les plus attractifs quant à eux ainsi que les métiers de management et des ressources humaines.
Le tourisme vu comme un job d’été
C’est a minima un tiers des jeunes qui accepteraient ces métiers quels qu’ils soient uniquement comme job d’été. Ainsi 40% accepteraient un travail dans des campings, 38% à l’accueil ou dans l’animation, 36% dans l’hôtellerie ou l’évènementiel, 32% pour faire la promotion de destination ou être steward/ hôtesse, chauffeur.
Près de la moitié d’entre eux refuserait un poste dans la restauration en service (42%) ou en cuisine (46%).
Les métiers qui seraient acceptés immédiatement sont liés à l’organisation de voyages (32%), les plateformes digitales de réservation et de mobilité (29%) ou ceux du management et des RH (28%).
C’est là où le bât blesse : la bonne image perçue des métiers ne correspond pas automatiquement avec l’envie d’y travailler. Ainsi si l’hôtellerie bénéficie pour 72% des interviewés d’une bonne image, seuls 20% déclarent que s’il leur était proposé un travail dans ce métier ils l’accepteraient immédiatement et 36% uniquement en emploi d’été. Idem pour l’animation et le loisir qui recueillent 73% de bonne image et pour lesquels seuls 22% accepteraient immédiatement le travail et 38% uniquement pour l’été. Inversement, les métiers du management et des RH, à l’image moindre (54%) attireraient 28% des jeunes immédiatement et 29% comme emploi d’été…
L’évolution, un critère essentiel
Quels sont dans ce contexte les facteurs d’attractivité des métiers du tourisme ? L’évolution est un facteur majeur pour les jeunes interrogés. 70% seraient intéressés par l’évolution rapide entre les postes au sein d’une même entreprise, 66% par l’évolution rapide entre les postes au sein d’entreprises différentes et 61% par l’évolution entre les filières pour ne pas se lasser (66% auprès des 18- 24 ans). 68% d’entre eux sont intéressés par le sentiment de se sentir utile et de représenter le territoire dans lequel ils vivent.
Si 1 jeune sur 3 (35%) voit le tourisme comme une opportunité d’emploi d’été, le secteur bénéficie d’une dimension émancipatrice permettant de quitter la France ou est une occasion d’acquérir un savoir-faire pour ensuite devenir entrepreneur pour un quart d’entre eux (26%).
Plus de la moitié des répondants citent la rémunération dans leur Top 3 des conditions (53%) (dont 23% en 1er choix). Et 30% citent les avantages offerts (assurances, mutuelles, bonus, avantages en nature…). Toutefois, 67% soit près de 7 jeunes sur 10 indiquent des conditions liées au lieu de travail dans leur top 3 (dont 29% en 1er choix).
Enfin, les répondants sont également regardants des formations : 28% citent des formations payées, 24% une offre de formation claire et 15% des programmes de mentorat ou d’accompagnement.
Sondage effectué online par Ipsos du 26 au 30 mai 2023 auprès de 1000 individus de 18 à 34 ans.