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Data, commissions : les distributeurs indépendants demandent plus à la SNCF

Les distributeurs indépendants de billets estiment que la SNCF ne joue pas le jeu. Ils ont fondé une association pour mieux défendre leurs intérêts.

Le mercredi 13 mars, la SNCF a ouvert à la vente tous ses trains pour l’été. Et les premiers résultats sont très bons. Plus de 1,5 million de billets se sont ainsi vendus sur cette simple journée (+50% versus l’ouverture des ventes d’été 2023). « 80 0000 places ont été vendues à midi », a précisé sur BFMTV Alain Krakovitch, directeur de SNCF Voyageurs. 

Un gros pactole qui a dû faire des envieux chez les concurrents de SNCF Connect en France, comme Trainline, Kombo et Omio. Quelques jours après cette journée record, les trois opérateurs ont annoncé qu’ils fondaient l’Association française des plateformes de distribution numérique de titres de transport et de mobilité (ADN Mobilités). Le but ? Appeler à une régulation permettant aux acteurs indépendants de se développer et d’innover au profit des voyageurs ferroviaires.

La SNCF joue-t-elle le jeu ?

« Les compagnies ferroviaires ont l’Association Française du Rail pour les représenter, explique Alexander Ernert, le directeur des affaires publiques Europe de Trainline. Les professionnels du tourisme ont les Entreprises du Voyage. En revanche, il n’y a pas vraiment d’association regroupant les intérêts des distributeurs de billets train et de bus. ADN Mobilités aura donc pour but de protéger et de promouvoir les plateformes indépendantes de distribution. »  

En effet, si la concurrence dans le transport ferroviaire se traduit par une plus grande liberté de choix, cela implique un besoin accru pour les voyageurs d’être accompagnés par des informations précises sur les tarifs, les itinéraires possibles, les conditions de voyage et le service après-vente. « Or, aujourd’hui en France, toutes les conditions ne sont pas réunies pour que les distributeurs indépendants de billets de train puissent exercer pleinement leur activité », estiment les distributeurs. Deux sujets sont prioritaires selon Alexander Ernert : l’accès aux données de SNCF Voyageurs et la rémunération avec la commission.

Des commissions très loin de Booking 

Concernant la data, « cela ne marche pas trop mal avec les données, à l’inverse de l’Allemagne par exemple où on nous a empêchés d’avoir accès aux données. Mais en France, il nous manque toujours des informations relatives aux retards et aux travaux. Pourtant, la SNCF a ces informations plus en amont. » Les plateformes aimeraient aussi avoir accès au système de compensation des retards de la compagnie nationale, sans avoir à remplir un formulaire sur le site de la SNCF. Elles tiennent absolument à ce que les clients restent sur leurs applications ou sites, durant toute la durée de leur expérience voyage.

S’agissant de la rémunération, « SNCF Voyageurs paie aux distributeurs indépendants une commission sur les billets qu’ils vendent. Elle est versée à SNCF Connect ainsi qu’à ses concurrents comme Kombo, Omio et Trainline. Mais cette rémunération est artificiellement basse – très loin des commissions de Booking par exemple. C’est le même pourcentage pour tout le monde, donc pour SNCF Connect. Toutefois, on pense que la SNCF est capable de maintenir des coûts négatifs pour SNCF Connect grâce à SNCF Voyageurs et à ses autres entreprises. La SNCF est dominante, avec SNCF Voyageurs sur le marché du voyage longue distance et SNCF Connect sur le marché de la distribution. Cela a un effet négatif pour les clients. Par conséquent, les plateformes indépendantes ne sont pas capables d’innover puisqu’elles n’ont pas assez d’argent. Donc in fine, celle qui profite de la situation est la SNCF. »

Ne pas être le vilain petit canard

Alexander Ernert insiste : « Nous ne voulons pas être le vilain petit canard. Nous ne sommes pas contre la SNCF . C’est notre partenaire le plus important. Sans elle, nous ne pourrons pas gagner la bataille du report modal ».

Mais l’association souhaite œuvrer pour faire évoluer la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) et corriger les « distorsions de concurrence » qu’elle dénonce, entre les opérateurs ferroviaires et les distributeurs indépendants de billets. ADN Mobilités évoque notamment l’article 28, relatif à l’accès aux données, qui doit être raisonnable et non discriminatoire, et défend le principe d’une rémunération viable. 

Le bureau de l’Association française des plateformes de distribution numérique de titres de transports et de mobilités est composé de Matthieu Marquenet, président de Kombo (président), Alexander Ernert, directeur des affaires publiques Europe de Trainline (délégué général) et Sébastien Sablong, directeur commercial Senior de Omio (trésorier).   

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