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Dans les Vosges, le réchauffement climatique oblige à repenser le modèle économique

Les stations de ski des Vosges subissent de plein fouet le dérèglement climatique et le manque d’enneigement, les contraignant à réinventer leur modèle économique.

L’avenir des territoires de montagne devient un questionnement quotidien pour les professionnels concernés. Dans les Vosges, les 23 stations du massif subissent un enneigement aléatoire saison après saison, quand seule la moitié d’entre elles sont dotées de canons à neige, une réalité que les premiers flocons venus se poser sur les hauteurs début novembre ne suffisent pas à effacer.

« Quand elles ont de bonnes années, elles tirent le bénéfice de leur travail, et quand ce sont des années moindres, elles se débrouillent pour arriver à rester économiquement rentables quand même », détaille Denise Buhl, vice-présidente de la Région Grand Est, déléguée à la montagne. A Gérardmer, l’une des deux plus importantes stations du massif, l’exploitation est confiée à la municipalité depuis 2008.

« Des saisons de plus en plus courtes »

« A l’époque, c’était ça ou la station fermait ». Mais le modèle, qui ne repose aujourd’hui que sur
les deniers de la commune, « n’est plus tenable », selon le maire Stessy Speissmann-Mozas. Depuis trois ans, les finances sont négatives, ce qui force l’édile à « remettre entre 1 et 2 millions d’euros » chaque année pour compenser le manque à gagner. Le dérèglement climatique, « incontestable » selon elle, donne régulièrement des « inversions de température, de la pluie, du vent » en janvier, « capables en deux ou trois jours de balayer totalement le manteau neigeux », ou encore des « saisons de plus en plus courtes ».

Le maire a choisi par conséquent de moduler les dates d’ouverture du domaine, qui démarrera « le plus tard possible », le 23 décembre. En semaine en janvier, seule une partie du domaine sera ouverte. Les stations du Tanet et du Gaschney préfèrent elles aussi travailler principalement les vendredis, samedis et dimanches, pour « optimiser le personnel, le matériel et le produit financier », selon Denise Buhl.

Une dizaine de jours d’enneigement perdu en 30 ans

La plupart des stations ont un front de neige compris entre 800 et 1 200 mètres d’altitude, ce qui ne garantit pas un enneigement tout l’hiver. Pour ne rien arranger, certaines ont vu leurs dépenses « multipliées par deux ou trois » avec l’augmentation des tarifs de l’énergie, déplore Denise Buhl. Christophe Lerouge, chef de projet pour le Collectif des Vosges, qui a pour but de promouvoir la montagne, explique que malgré ce constat « on est là pour conforter l’activité neige auprès des exploitants ».

« On a perdu une dizaine de jours d’enneigement » en 30 ans, détaille-t-il. Une étude, « ClimSnow », réalisée en partenariat avec Météo-France, propose trois scénarios d’enneigement d’ici à 2050. Le plus optimiste table sur une augmentation de 1,5 degré dans le massif, quand le pire prévoit un réchauffement de 4 degrés. Dans tous les cas, la température hivernale, de décembre à avril, « augmente » de manière « homogène pour toutes les altitudes », selon le rapport, ce qui entraîne, au long du XXIe siècle, « une baisse notable de l’enneigement ».

« On n’est pas capables de trouver une activité qui compense » les sports d’hiver

« A partir de 2005, il y avait énormément de neige (…) et une mauvaise saison tous les quatre ou cinq ans, mais depuis 2013-2014, les mauvaises saisons, c’est presque tous les ans », dit Thomas Grosjean, un Lorrain qui a appris à skier à Gérardmer, où il va encore souvent, mais « pas forcément pour skier ». Parmi les touristes hivernaux à Gérardmer, seuls 10% pratiquent le ski.

Les stations se sont déjà lancées dans une offre quatre saisons, avec l’implantation de luges d’été ou de parcs aquatiques comme à La Bresse. Elles proposent une offre qui se veut « complémentaire » pour attirer les touristes, majoritairement de proximité, avec toutefois des clients belges, luxembourgeois ou néerlandais. Les forfaits de ski pour quelques heures seulement sont plébiscités par les vacanciers, qui profitent du reste de la journée pour aller au restaurant ou se promener, note Denise Buhl. 

Toutefois, « on n’est pas capables de trouver une activité qui compense » celle des sports d’hiver, dont le mois de février rapporte par exemple trois millions d’euros à Gérardmer, rappelle le maire. Des investisseurs misent sur l’implantation de complexes luxueux permettant d’offrir reconnexion à la nature et détente, même en l’absence de neige, mais avec un succès parfois aléatoire.

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