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Comment le Mont Saint-Michel lutte contre la surfréquentation

Le célèbre rocher a fait carton plein cet été, et déployé des solutions pour éviter les goulets d’étranglement.

Le Mont Saint-Michel a accueilli un million de visiteurs, soit autant qu’en 2022 ou en 2019. « La répartition est assez équilibrée entre juillet et août », précise Hervé Berjion, le directeur du développement de l’Établissement public (Epic).

« Nous avons connu une belle saison estivale 2023, dans la continuité des précédentes, même si la clientèle française a légèrement reculé par rapport à 2022 », estime Romain Pilon, guide touristique dans la baie. « La météo n’a pas toujours été favorable. »

« Nous ne sommes ni Venise ni Barcelone »

Comme chaque année depuis longtemps, le mont a aussi composé cet été avec d’importants pics de fréquentation. Ce fût surtout le cas le 19 mai, veille de l’Ascension, avec 33 000 visiteurs. Des photos d’embouteillages sur le célèbre rocher normand en témoignent (voir ci-dessous). Des commentaires acerbes de visiteurs aussi, déçus de rebrousser chemin alors qu’ils arrivaient sur place. De fait, la fréquence des navettes a été volontairement ralentie, temporairement, le temps de fluidifier la circulation des piétons. La destination a par conséquent invité les visiteurs à reporter leur venue, notamment via les réseaux sociaux.

La saturation n’est pourtant pas la règle, mais bien l’exception, précise Hervé Berjion. « Nous ne sommes ni Venise ni Barcelone », nous déclare-t-il. 15 à 20 jours par an posent véritablement problème selon lui, ce qui conduit à la dégradation de l’expérience. Pour faire face, l’Epic a déployé plusieurs mesures de régulation, surtout à partir de 2020.

« A 8 heures du matin, il n’y a presque personne »

Pas question de mettre en place des mesures coercitives, la destination compte au contraire sur la pédagogie. Par le biais de son site, des réseaux sociaux, de la presse, le Mont Saint-Michel martèle qu’il est préférable de venir avant 10h ou après 16h. D’ailleurs, le parking depuis lequel les navettes conduisent à l’îlot s’avère gratuit après 18h30 sauf les deux mois d’été. Il est par ailleurs moins cher en basse saison. 

« A 8 heures du matin, il n’y a presque personne », insiste Romain Pilon. Et ce message commence à passer, se réjouit l’Epic. « Plus de 30% des visiteurs sont venus avant 10 heures au mois d’août, c’est plutôt encourageant », ajoute Hervé Berjion.

Des panneaux routiers pour inviter à reporter

En revanche, la fin de journée n’est toujours pas plébiscitée. Problème : l’offre en soirée demeure insuffisante, de l’avis même de certains professionnels du tourisme. Les restaurants ne garantissent pas un rapport qualité-prix suffisant. Un chantier sur lequel le célèbre caillou compte travailler avec les commerçants pour 2024.

« Nous avons identifié une somme d’initiatives afin de renforcer notre communication et notre fréquentation sur les ailes de saison ». Comme ces panneaux d’affichage sur des axes routiers, pour indiquer, pendant les pics d’affluence, qu’il est préférable de décaler sa venue après 16h. Histoire d’éviter de longs temps d’attente. La fréquence des navettes peut passer de 12mn à 20mn au maximum quand le site sature.

Pas question de quota

Autre levier de régulation, déjà ancien, le recours à une entrée alternative, à l’ouest, pour rejoindre le chemin de ronde menant à l’abbaye.  

A moyen terme, le Mont Saint-Michel pourrait-il réfléchir à la mise en place d’un système de quota ? L’Epic balaye l’idée : « Nous ne l’envisageons pas. Nous croyons davantage à l’intelligence collective. L’été 2023 semble nous donner raison, même s’il nous reste du travail à mener auprès des prescripteurs et des visiteurs. »

Essor des balades dans la baie

Sur l’ensemble de l’année, la destination accueille près de 3 millions de personnes. Plus de la moitié d’entre eux achètent un billet pour visiter l’abbaye, en haut des marches de l’îlot aux moins de 30 habitants.

Mais nombre de personnes profitent de la merveille autrement. Il y a ceux qui entreprennent la traversée guidée sur les grèves, d’environ 13km aller-retour, comme les pèlerins d’autrefois. Romain Pilon note aussi le succès des balades de deux heures dans la baie. « Depuis 5 ans, un nombre croissant de personnes, notamment des familles, font ces sorties de découverte. » L’occasion notamment de comprendre, en groupe ou en tribu, le phénomène des sables mouvants. C’est une autre manière de profiter du site classé au patrimoine de l’Unesco. Sans craindre le trop-plein de touristes…

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