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Campings en France : comment stopper l’hémorragie ?

C’est un paradoxe. La France est le pays leader du camping en Europe, la demande progresse. Mais l’offre recule depuis de nombreuses années.

Après une année 2023 record, marquée par une hausse du nombre de nuitées (+4,4% vs 2022, et +9,3% vs 2019), 2024 s’annonce prometteuse pour les campings français.

A fin mars 2024, sur l’ensemble de la saison estivale, la Fédération de l’hôtellerie de plein air (FNHPA) constate une avance des réservations de 6% par rapport à l’année dernière. Des chiffres très encourageants même s’il ne faut pas s’enflammer. « Les clients réservent de plus en plus tôt », prévient Jean-Guy Amat, du camping Le Sérignan Plage (34).

Aider les campings à surfer sur le glamping

Si le camping prospère au niveau de la demande, il décline en termes d’offres. La France compte 7500 campings classés, contre 10 000 en 2010. « Nous perdons 80 à 100 campings par an, déplore Gé Kusters, vice-président de la FNHPA. C’est une véritable hémorragie. »

Nicolas Dayot, le président, renchérit. « Les campings qui sont restés dans leur jus de 1970 n’ont plus de clients. Les classes populaires vont plutôt dans les 3 et 4 étoiles. »

Peut-on stopper la diminution régulière des emplacements ? La fédération veut y croire, en travaillant sur deux axes. Le premier concerne les 3000 petits campings, ceux de moins de 60 emplacements. « Nous sommes le seul pays d’Europe à en avoir autant, commente Nicolas Dayot. Nous allons annoncer le 7 juin notre plan de bataille, avec la Banque des territoires, pour la redynamisation de ces tout petits campings français. Ils peuvent se repositionner sur l’insolite et le glamping. » Les petits campings, non-classés, 1 ou 2 étoiles, « représentent près de 40% des campings, et une vraie réserve de croissance », ajoute-t-il.

La France compte 7500 campings classés, sur un total de 8000 incluant les aires naturelles et des campings à la ferme. Source du graphique : FNHPA

Coup de pouce de la Banque des territoires

La Banque des territoires va débloquer une enveloppe afin d’accompagner les propriétaires, avec notamment du conseil. Mais pour l’aménagement, il faudra d’autres financements, comme des prêts bancaires. Une cabane dans les arbres coûte 50 000 à 100 000 euros, chiffre Nicolas Dayot.

Le deuxième axe sur lequel la fédération redouble d’efforts afin de freiner l’hémorragie, c’est le segment des campings municipaux. Un récent guide pratique les encourage et les aide à confier leur gestion au secteur privé. « En général, les campings municipaux n’ont pas d’emplacement extraordinaire, souligne le président de la fédération. Et comme ils ne compensent pas ce manque d’attractivité par des équipements et des services à la hauteur, ils n’ont plus de clients. Après avoir enregistré des exercices déficitaires récurrents, les conseils municipaux décident alors de les fermer définitivement. »

Plus généralement, les propriétaires des terrains font aussi face à la frilosité des investisseurs. D’autant que les conséquences du réchauffement climatique, comme les risques de submersion, fragilisent le modèle économique dans un contexte réglementaire complexe.

Camping : le rapport qualité-prix, premier critère

Les campings français accueillent environ 27 millions de personnes par an. Malgré leur montée en gamme, leur pluralité permet de répondre à tous les budgets, se défend Nicolas Dayot. D’ailleurs, parmi les campeurs, le rapport qualité-prix est la principale motivation à séjourner en camping en 2024, selon une nouvelle étude Opinion Way pour la FNHPA. Surtout dans un contexte inflationniste. La proximité de la nature constitue la deuxième motivation.

Comment ont évolué les prix ? Ils ont augmenté de près de 6% en 2023, peu ou prou comme l’inflation. Depuis 2020, la hausse atteint 11% pour les terrains nus, et 18% pour les hébergements locatifs qui ont développé des services haut de gamme, commente Jean-Guy Amat. L’inflation s’élève à +13% sur la même période de quatre ans, assure-t-il. « Ce serait du suicide collectif que d’augmenter trop fortement les prix. On se couperait de la plus grande partie de notre clientèle », assure Nicolas Dayot.

Aujourd’hui, les emplacements nus représentent environ toujours la moitié de l’offre. Leur nombre a baissé depuis 10 ans, mais les Français les plébiscitent, notamment en raison de leurs prix imbattables. 

« Les campings « qui sont restés dans leur jus » de 1970 n’ont plus de clients », selon Nicolas Dayot, le président de la Fédération de l’hôtellerie de plein air.

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4 commentaires
  1. Anonyme dit

    les campings, au fil du temps, et de leur popularité, se sont transformés en club de vacances, au confort standardisé, à l’animation internationale (comme leurs actionnaires) …
    Aussi, ne serait il pas opportun que notre pays innove, en proposant enfin un retour à l’origine, mêlant confort, localités, nationalités, etc,…

  2. Erick dit

    Cet article oublie l’essor du vélotourisme qui a besoin de campings tout le long de son parcours. Des campings nombreux irrigant le territoire n’auront jamais la masse critique pour faire autre chose que des emplacements et des services de base. Il manque une réflexion sur l’évolution de ces campings municipaux afin de réduire leurs coûts. IL n’ y a pas forcément besoin de personnel à demeure, le paiement automatique est une solution.
    La disparition des campings municipaux est sans doute, en partie, liée à celle des commerces et services en milieu rural. Une des motivations pour créer des campings municipaux était d’attirer les touristes pour renforcer l’animation commerciale. Mais quand il n’y a plus de bistrots, de commerces… Le sujet des campings municipaux questionne les élus sur ce qu’ils ont fait de leurs villages et bourgs.

  3. Anonyme dit

    Depuis les années 80 des grandes classifications des hébergements touristiques, notamment avec l’avènement des PRL qui avaient comme objectif prioritaire des règles de protection sanitaire plus strictes pour les campings, mais aussi de montée en gamme. Un flou administratif permanent a freiné considérablement les projets de restructuration, en particulier pour les Collectivités locales peu habituées au secteur marchand. Comme pour les résidences de tourisme, les campings devraient avoir une obligation de classement, les orientant systématiquement vers les PRL pour un simple raison de gestion budgétaire dans la phase d’exploitation

  4. Anonyme dit

    En se jetant dans la bataille commerciale voila 40 ans, le camping d’hier a rejoint l’industrie (équipements, commercialisation, investissements…), et abandonné son originalité : la spécificité locale. Faisant disparaitre son originalité même : concept de découverte d’une vie différente, cédant à l’élargissement de la saison, et a l’internationalisation, nivelant « par le bas » son précepte même: l’originalité.
    A l’instar de l’hôtellerie, acceptant le low cost, mais négligeant le service….

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