L’IP tracking, ou comment pister les clients pour vendre plus cher
Certains opérateurs augmentent le prix de leurs offres à chaque nouvelle requête d'un consommateur sur Internet sur un même produit, pour provoquer la vente.
Sur plusieurs sites Internet de voyage ou de compagnies aériennes, le prix d’un même produit augmente à chaque nouvelle requête. L’astuce, simple, a été décryptée par Rafaële Rivais, journaliste au Monde, mais pourrait être illégale. C'est l’IP tracking.
"Son principe est simple : quand vous faites une recherche de billets, l’opérateur enregistre cette recherche et l’associe à l’adresse IP du terminal que vous utilisez. Il vous propose alors un prix "p" qui correspond au modèle de yield management habituel", explique le blog Sos Conso du Monde.
L’objectif est très clair : provoquer la vente
"Si vous n’achetez pas immédiatement, et que vous réessayez un peu plus tard, l’opérateur a gardé en mémoire que vous aviez manifesté un intérêt pour ce trajet, et il vous propose alors un prix un peu supérieur "p+e", ceci afin de susciter l’achat immédiatement en vous laissant penser que le nombre de places diminue, et que le prix augmente. Et ceci même si aucun changement n’a eu lieu, même si aucun autre client ne s’est manifesté. Il s’ensuit une logique incrémentale : plus vous allez réitérez la simulation, plus le prix va augmenter – toujours par petit palier. L’objectif est très clair : provoquer la vente."
L’IP fait partie des données personnelles
Cette pratique poserait deux problèmes, selon l'eurodéputée socialiste Françoise Castex, qui a demandé à la Commission européenne de lancer une enquête. "Le problème du droit des consommateurs et des pratiques de ventes que je pense illégales : on modifie le prix en fonction de l’attente et de l’intérêt estimé de l’acheteur. D’autre part, cela pose aussi un problème de protection des données car vous êtes tracé et profilé à partir de votre adresse IP (…). L’IP fait partie des données personnelles, cela a été reconnu plusieurs fois, notamment avec l’Hadopi", explique Françoise Castex sur le site 20minutes.fr.
Mais le yield management étant devenu une pratique courante, "les gens ne sont pas étonnés d’avoir vu un jour une place à 30 euros et puis le lendemain la voir augmenter. Ce qui rend difficile la détection des abus", déplore Françoise Castex, qui explique sur son site Internet vouloir saisir la CNIL et le Groupe de travail “Article 29″ sur le sujet.
Intérrogés par Le Monde, la SNCF ou Air France ont déclaré ne pas pratiquer l'IP tracking.