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Voyagistes/agences : la République dominicaine face au grand plongeon

L’arrêt des vols Corsair et Air France a déjà des conséquences dans les agences et chez les voyagistes qui anticipent une baisse de 25% à 30% de leur activité sur la destination pour cette année.

La suspension des vols Corsair et désormais d’Air France à destination de la République dominicaine pour une période qui comprend à ce stade la prochaine saison estivale et l’hiver 2023-2024 entraîne des complications en cascade chez les voyagistes et dans la distribution. « Nous sommes impactés. ça commence à piquer avec deux compagnies en moins, résumait-on fataliste sur le stand Fram (TO du groupe Karavel) sur le récent Salon mondial du tourisme à Paris. Nous gérons les annulations et reports, les changements de vol sur Air Caraïbes [seule compagnie française encore présente en vol direct, Ndlr] quand cela est possible, mais aussi parfois de nuitées avec les clients et les hôteliers ». Des reprotections sont aussi opérées sur des vols via Madrid sur Iberia et Air Europa.

Forte de cette crise, la destination est déjà moins vendue dans les agences de voyages. « C’est vraiment dommage. Comme de nombreux confrères, Austral Lagons avait fait une très belle saison 2022 sur la Rep Dom. Avec la décision d’Air France se pose la question de l’avenir de la destination », confie le DG de ce TO Hélion de Villeneuve qui anticipe une baisse de 25% des ventes cette année avant un possible « écroulement en 2024 » si aucune solution n’est trouvée.

Vers le retour de vols affrétés ?

Air Caraïbes pourrait toutefois décider d’augmenter le nombre de ses fréquences l’hiver prochain en affichant des tarifs en hausse pour tenir compte de cette surtaxe sur le kérosène. « Faut-il encore que les clients acceptent ces augmentations sur l’aérien », ajoute Hélion de Villeneuve.

Les équipes sont également sur le pont chez TUI France pour finaliser des solutions de remplacement face à l’arrêt des vols Air France. « Nous savons réagir à ce type de changements de programme des compagnies aériennes, déclare le directeur adjoint du TO Christophe Fuss. TUI France est confiant sur le fait de réussir à faire partir nos clients sur la destination. La situation demeure toutefois préoccupante concernant le maintien actuel du niveau de production de voyages pour l’ensemble des acteurs touristiques dont nous faisons partie en France, mais aussi pour nos partenaires à destination. »

En effet, avec un prix moyen actuel de 1000 euros le billet AR en offre publique actuellement sur Misterfly et un package tout compris qui avoisinerait alors les 2 000 euros l’hiver prochain, les plages de Bayahibe ou de Punta Cana seront-elles encore compétitives ? « La nature a horreur du vide. Des solutions seront trouvées pour l’hiver prochain, se veut rassurant Gilbert Cisneros, le patron d’Exotismes. Il ne faut pas oublier que pour les clients de province, passer par Madrid au lieu de Paris ne change pas grand chose. »

L’Office du tourisme de la République dominicaine est déjà à la manœuvre pour essayer de trouver une solution. « La compagnie Condor que nous avons rencontrée sur le salon ITB à Berlin pourrait nous y aider », confie sa directrice Mercedes Castillo. La mise en place de vols spéciaux affrétés en commun sur la destination est une piste suggérée par plusieurs TO. « Mais cette offre moins importante sera toujours plus chère comparée à 2022 », ajoute Gilbert Cisneros. Le feuilleton n’est donc pas terminé…

Le Mexique et les Antilles en remplacement de la Rep Dom

Malgré cet imbroglio sur une destination majeure pour le marché français avec près de 250 000 clients en 2022, les voyagistes concernés restent optimistes, estimant avoir en brochure des pays de « rechange ». Le Mexique en tête, mais aussi Cuba.

« Compte tenu des prix aériens déjà élevés, nous vendons plus le Mexique que la Rep Dom qui s’affiche en baisse de 40% sur l’été comparé à l’an dernier à la même époque », confie Philippe Sangouard chez NG Travel qui envisage pour la saison hiver d’ouvrir d’autres destinations Caraïbes en all inclusive. Pourtant peu en pointe sur ce segment, la Martinique et la Guadeloupe pourraient aussi en profiter. « C’est un peu les vases communicants avec une République dominicaine qui devrait baisser de 25% à 30% cette année chez Exotismes et des Antilles actuellement en progression d’autant », observe Gilbert Cisneros.

« Je ne sais pas encore si nous pouvons parler de report mais Corsair enregistre une très bonne dynamique commerciale sur les Antilles, confirme Julien Houdebine pour l’aérien. Corsair continuera d’ailleurs à y développer son offre depuis Paris et la province ». Quant à la République dominicaine, il rappelle que « rien n’est jamais définitif dans l’aérien. Tout peut changer un jour… Mais ce ne sera pas l’hiver prochain ! ». 

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René-Marc Chikli (Seto) : « un gros problème » pour les voyagistes

« Ce dossier est un gros problème car la République dominicaine est la première destination hiver long-courrier, estime le président du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto). Durant cette saison nous totalisions déjà 50 000 réservations à fin février -et 35 000 voyageurs en départs cumulés-, soit un résultat bien supérieur aux 58 553 voyages à forfaits vendus par les membres du Seto entre le 1er novembre 2021 et le 31 octobre 2022. Jürgen Bachmann [secrétaire général du Seto] a alerté les représentants dominicains de la situation lors du dernier salon ITB à Berlin. Il est surprenant que la volonté politique de développer le tourisme sur le marché français, le 1er en Europe, soit sacrifiée sur un coup de taxe exorbitante. Le gouvernement dominicain est à l’origine de cette crise, c’est lui qui possède les clés de sa résolution. Le seul élément positif dans cette affaire c’est que, contrairement à l’été, Air France nous a annoncé sa décision plus en amont pour l’hiver 2022-2023, même si au final le résultat est le même. On peut espérer qu’une compagnie low cost long-courrier tente l’aventure. Cela parait déjà plus viable qu’un affrètement ou des vols via Francfort avec Condor. »

3 commentaires
  1. Coll Sébastien dit

    Vous croyez sincèrement que la rd a attendu le marché français pour développer son tourisme. Pour qui se prend air France . Restez chez vous les donneurs de leçon 🤣🤣
    Pour mémoire, la rd a continué à travailler pendant le COVID…

  2. Félix Maltchinski dit

    Si l’Union Européenne bloque les vols vers le Cuba, Air France pourrait revenir en République dominicaine.

  3. Patacrac dit

    Pourquoi les vols ne font pas escale a St Martin pour y refaire le plein, de plus l’escale existait avant…

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