Hélion De Villeneuve (Austral Lagons) : « Il a été difficile de recruter en 2022 mais la situation s’améliore »
Le tour-opérateur spécialiste des voyages haut de gamme vit une année 2022 « record », mais demeure ralenti par les problématiques de recrutement. Entretien avec Hélion De Villeneuve, son directeur général.
L’Echo touristique : L’année 2022 semble être celle de la reprise pour de nombreux voyagistes. Comment se porte Austral Lagons ?
Hélion De Villeneuve : C’est vrai qu’après deux années extrêmement difficiles, Austral Lagons est reparti très fort en 2022. Sans donner de chiffres précis, on peut même déjà affirmer qu’il s’agira d’une année record pour nous. Nous avons déjà dépassé les performances réalisées en 2019… et l’année n’est pas terminée. Donc oui, 2022 sera une très belle année pour Austral Lagons. Nous avons profité de vents favorables : la majorité de nos destinations étaient ouvertes, et assez tôt dans l’année. Beaucoup d’entre elles se sont imposées comme des destinations refuges pour le marché français. Résultat : tous nos axes sont en croissance, et notamment l’Île Maurice et les Maldives.
Même en Polynésie ?
Hélion De Villeneuve : Cela a été une année particulière en Polynésie, une destination fortement impactée par les conséquences de la crise sanitaire. Il y a une tension sur les stocks : plusieurs hôtels notables, comme l’Intercontinental de Moorea, les deux Sofitel et le Méridien de Bora-Bora, ont fermé leurs portes et ne les rouvriront pas. Ils n’ont pas supporté les effets de la crise sanitaire. Par ailleurs, la Polynésie était fermée les deux derniers étés. Il y avait donc beaucoup de reports à effectuer cet été. Moins d’offre hôtelières, reports : c’est ce qui a provoqué cette tension sur les stocks. Mais, même avec ce contexte, la Polynésie française représente toute la genèse et l’histoire d’Austral Lagons. Donc la destination n’enregistre pas de croissance en 2022, mais reste notre axe le plus porteur. Et nous demeurons leader du marché français.
2022, c’est donc le retour concret aux affaires pour Austral Lagons ?
Hélion De Villeneuve : En tout cas, c’est le retour des sourires au sein de nos équipes. Tout le monde est de retour, à temps plein, et pleinement mobilisé. Le moral est revenu. Nous devons même réembaucher pour faire face à la demande. Nous avons donc déjà recruté trois agents de réservation, et un quatrième nous rejoint en octobre. Il nous reste une poignée de postes à pourvoir, mais ça n’est pas facile de trouver des candidats. Pendant toute l’année 2022, nous ne recevions aucun CV pour répondre à nos annonces… Nous avons essentiellement rappelé d’anciens collaborateurs pour pourvoir nos postes.
Qu’est-ce que vous proposez pour rendre votre marque attractive ?
Hélion De Villeneuve : La bonne nouvelle, d’abord, c’est que la machine semble repartie depuis quelques semaines. Nous recevons à nouveau des CV, nous sommes dans une dynamique de recrutement, et on sent que le contexte est plus porteur. Ensuite, nous estimons qu’Austral Lagons a une bonne image dans la profession. Nos destinations attirent et font rêver, exigent d’acquérir un savoir-faire et une expertise qui légitiment la profession d’agents de voyages. Ils sont certains de participer à au moins un éductour par an dans une île paradisiaque, nous savons les récompenser via des primes quand nos performances nous le permettent, nous acceptons une dose de télétravail… Nous ne voulons que le bonheur de nos salariés.
Ce manque de profils adéquats empêche le développement d’Austral Lagons ?
Hélion De Villeneuve : Absolument pas. Nous sommes certains que nous trouverons les collaborateurs qu’il nous faut. En attendant, nous continuons de travailler pour étoffer notre offre. Cette année, nous lançons trois nouvelles destinations. Le Mexique rejoint notre brochure Amérique Latine, avec une production complète : séjours, GIR, autotours privatifs, sur-mesure… C’est une production plutôt haut de gamme, dans la lignée de ce que nous faisons en République Dominicaine, qui marche très fort. Nous lançons également le Kenya, qui vient augmenter notre proposition de safaris, qui rencontrent un très large succès en Tanzanie. La Tanzanie est tendance, et par conséquent un problème de stocks pourrait se profiler. Donc nous enrichissons notre catalogue au Kenya. Enfin, et à la faveur d’un partenariat noué avec Qatar Airways, nous proposons désormais des stop-over au Qatar. Sur la route des Seychelles, des Maldives ou de la Tanzanie, nos clients pourront donc passer quelques nuits à Doha, une capitale méconnue mais fascinante. Et la formule a très bien fonctionné avec Dubaï ces dernières années.
Vos destinations historiques accueillent-elles des nouveautés ?
Hélion De Villeneuve : Le fait d’être adossé au groupe Marietton nous permet de prendre plus de risques, et donc plus d’engagements dans nos destinations phares. Nous renforçons ainsi nos stocks aériens avec Air France vers la République Dominicaine ou encore les Seychelles. L’Île Maurice, la Réunion, la Polynésie : dans toutes ces destinations, nous assurons notre assise en étendant nos positions. Nous organisons également des opérations commerciales dans les semaines à venir avec Havas et Selectour. D’ailleurs, tous nos réseaux partenaires sont en croissance en 2022.
Est-ce que les craintes liées au pouvoir d’achat et à l’inflation vous inquiètent pour l’hiver à venir ?
Hélion De Villeneuve : Ce qu’on entend aux informations est très anxiogène, en effet. D’autant plus que nous avons déjà un impact notable dû à la faiblesse de l’euro par rapport au dollar. Cela nous coûte très cher. Si nous avons absorbé cet élément en 2022, nous n’avons pas eu d’autres choix que de répercuter cet impact sur nos prix pour l’année 2023. Donc oui, le contexte général nous invite à la prudence pour les mois qui viennent. Mais, pour le moment, les ventes sont très bien parties et tous les voyants sont au vert.
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