Pilotes d’Air France : Des arrêts de travail plutôt qu’une grève longue et continue

Le résultat est sans appel. Interrogés par référendum, les adhérents du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) Air France ALPA ont  voté "oui", à 68%, au principe d’une grève longue, a-t-on appris par communiqué lundi 30 mai. Ce faisant, ils ont autorisé le syndicat majoritaire à déposer des préavis de grève de plus de six jours.

A dix jours du lancement de l’Euro 2016, à quelles perturbations faut-il s’attendre ? Eléments de réponse avec Philippe Evain, président du SNPL Air France ALPA.

L’Echo touristique : Vous avez obtenu le feu vert de vos adhérents pour déclencher une grève longue. Quand les actions débuteront-elles ?

Philippe Evain : Il y aura vraisemblablement des actions en juin, mais le moment reste à définir. Nous discutons actuellement avec nos collègues des autres organisations professionnelles d’Air France car nous partageons les mêmes problématiques.

En septembre 2014, vous aviez mené une grève historique de deux semaines. Un tel scénario est-il envisageable ?

Ce référendum nous donne les moyens d’agir, et de manière importante. Il est toutefois peu probable que cela se reproduise. Nous privilégierons des arrêts de travail plutôt qu’une grève longue et continue, car nous souhaitons mettre en œuvre un certain nombre de principes. Tout d’abord, nous entendons laisser des plages pour négocier, laisser une chance au dialogue avec la direction, ce que ne permet pas toujours une grève continue. Ensuite, l’idée n’est pas de prendre nos clients en étage et de les empêcher de partir en vacances. Pour autant, nous ne pouvons pas rester silencieux.

"Vendre Servair pour une bouchée de pain est une erreur stratégique majeure"

A compter du 1er juin, la compagnie appliquera des mesures réduisant les rémunérations des pilotes. Outre ce point de litige, quelles sont vos revendications ?

Nous souhaitons le rééquilibrage de la production entre Air France et KLM, selon les ratios initiaux. Car aujourd’hui, force est de constater que KLM a crû beaucoup plus que nous… Nous réclamons par ailleurs un engagement sur le développement du moyen-courrier Air France en moyens propres et le respect de tous les accords. Plus précisément, nous voulons un engagement sur les conditions et le développement de Transavia. Rappelons que suite à la grève de septembre 2014, nous avions obtenu l’abandon de Transavia Europe : six mois plus tard, la base de Transavia à Munich ouvrait…. Ce n’est pas ce que nous appelons le respect des engagements. Enfin, nous demandons une amélioration des conditions de rémunération et des retours sur investissement pour les pilotes. Depuis cinq ans, nous n’avons obtenu aucune augmentation de la grille des salaires.

Vous dénoncez dans le communiqué du 30 mai une "direction depuis trop longtemps en panne de stratégie comme d’ambition". Que pensez-vous de la possible cession de 49,99% de la filiale Servair au Chinois HNA ?

C’est absolument honteux, il n’y a pas un seul syndicat à Air France qui ne se soit pas opposé à cette vente. Elle va nous faire perdre notre indépendance dans un domaine majeur, qui est celui de la restauration à bord. Nous avons la chance d’avoir ce savoir-faire en interne ! Vendre Servair pour une bouchée de pain est une erreur stratégique majeure. Si la vente aboutit malgré tout, ce sera forcément pour des raisons inavouables…

Une rencontre est-elle prévue avec la direction de la compagnie ?

Nous avons contacté Monsieur Janaillac pour avoir un rendez-vous, mais il nous a renvoyé à sa prise de fonctions en juillet. Quant à Monsieur Gagey, qui reste notre premier interlocuteur, nous n’avons pour l’heure aucune réaction de sa part.

NB : Interrogée pour cet article, la direction d'Air France n'a pas souhaité faire de commentaire. Elle confirme n'avoir reçu aucun préavis de grève.