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OT de Thaïlande : “Le projet de taxe pour les touristes étrangers n’est pas abandonné”

Taxes, visas, assurances médicales… Les annonces en provenance de la Thaïlande se sont multipliées ces dernières semaines. Nous nous sommes entretenus avec Chiravadee Khunsub, directrice de l’office de Tourisme thaïlandais pour l’Europe, afin de faire le point sur ces évolutions.

Du changement en vue pour les voyageurs en partance pour la Thaïlande ? Au cours des derniers mois, les autorités touristiques du pays ont annoncé plusieurs évolutions concernant les formalités de voyage. Alors à quoi les voyageurs doivent-ils s’attendre ? Lors du dernier IFTM, les autorités touristiques avaient déclaré qu’une extension de la durée de séjour sans visa était imminente, celle-ci devant passer à 60 jours. Ce n’est pas encore le cas pour le moment – l’exemption reste de 30 jours – même si le sujet est toujours à l’étude.

« Certains pays comme la Russie ont déjà obtenu une extension de la durée de séjour à 90 jours, explique Chiravadee Khunsub, la directrice de l’office de Tourisme thaïlandais pour l’Europe. Le gouvernement thaïlandais s’intéresse de près au marché européen, car c’est un marché de très haute qualité. La France fait partie des marchés prioritaires qui pourraient bénéficier de cette mesure, mais nous ne pouvons pas dire quand elle entrera en vigueur ni sur quelle durée (60 ou 90 jours, ndlr), elle portera. Tout dépend des négociations entre les ministères des Affaires étrangères des deux pays. » Car l’exemption de visa dépend généralement d’un accord de réciprocité. Affaire à suivre, donc. 

Parallèlement, la Thaïlande cherche à obtenir le soutien des pays voisins pour établir un accord permettant aux touristes de voyager librement entre les cinq pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. Un seul visa serait alors nécessaire pour visiter la Thaïlande, le Cambodge, le Laos, la Malaisie et le Vietnam. « C’est un projet qui est porté par notre Premier ministre et s’il aboutit, ça aura un impact très important », prédit Chiravadee Khunsub.

Bientôt un seul visa pour plusieurs pays ?

Mais les discussions n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. S’ils sont dispensés de visa pour se rendre en  Thaïlande, au Vietnam ou en Malaisie (l’exemption portant sur une durée différente selon les pays), les Français doivent encore obtenir un visa pour le Laos ou le Cambodge.

Au niveau régional, une telle mesure devrait booster les échanges non seulement pour le tourisme, mais aussi pour les voyages d’affaires ou les jeunes qui souhaitent étudier à l’étranger. De quoi changer la donne dans les flux touristiques de la région. Mais il faudra nécessairement du temps avant que ce type de dispositif puisse éventuellement voir le jour, pense Chiravadee Khunsub.

Quid, enfin, de la taxe pour les touristes étrangers qui a déjà tant fait parler d’elle ? A l’instar de Venise (où elle entre finalement en vigueur en avril), son application a déjà été repoussée à maintes reprises depuis l’annonce de sa création, en 2022. Et comme à Venise, l’annonce de ce dispositif n’a pas manqué de susciter des inquiétudes chez les professionnels du tourisme locaux. Si les contours de son application restent à préciser, on sait déjà que le montant de cette taxe sera de 300 baths, soit environ 8 euros.

Mais là encore, ça ne sera pas pour tout de suite. L’exécutif thaïlandais, arrivé au pouvoir en septembre dernier, a décidé de reporter ce projet initié par le gouvernement précédent. « Ce n’est pas la priorité pour le gouvernement, confirme Chiravadee Khunsub. Nous avons retrouvé 90% des niveaux de fréquentation touristique de 2019. Notre priorité, c’est notamment de fluidifier l’accueil des voyageurs. Il y a par exemple beaucoup de pression sur nos aéroports qui manquent de personnel. Nous voulons nous concentrer sur ce point pour améliorer les arrivées, le passage des contrôles d’identité… »

« L’idée, ce n’est pas de prendre l’argent des touristes »

Ce qui ne signifie pas pour autant que le projet de taxe est totalement abandonné. « Cette taxe reste un projet très positif qui doit contribuer à développer un tourisme durable et responsable, souligne la directrice de Amazing Thailand pour l’Europe. Elle doit également nous permettre d’éduquer nos partenaires en Thaïlande, les hôteliers, les restaurateurs et tous les professionnels du tourisme à ces problématiques. »

Les fonds collectés grâce à cette taxe serviront donc à soutenir les investissements nécessaires pour atteindre ces objectifs. Mais aussi à couvrir certains frais des voyageurs étrangers. « Il ne s’agira pas à proprement d’une assurance médicale, précise Chiravadee Khunsub. Cela ne couvrira pas les dépenses de santé mais les frais en cas d’accident lors du séjour. » Une initiative destinée à soutenir le système de santé thaïlandais, car le gouvernement est souvent amené à prendre à sa charge le coût d’hospitalisation de touristes étrangers… souvent imprudents. « Ce n’est pas que le Thaïlande soit un pays plus dangereux que les autres, précise-t-elle, mais plutôt que quand ils sont en vacances, les touristes ont tendance à être moins vigilants, ce qui peut provoquer des accidents. Ils vont par exemple avoir tendance à ne pas mettre de casque lorsqu’ils louent une mobylette », illustre-t-elle.

« L’idée de cette taxe de 300 baths, ce n’est pas de prendre l’argent des touristes, insiste Chiravadee Khunsub. Il faut plutôt la voir comme une cotisation, qui permettra au gouvernement de couvrir ces dépenses et de développer un tourisme plus responsable.” Et de rappeler au passage que le tourisme responsable commence en premier lieu… par être responsable de soi-même. « Nous devons aussi inciter les voyageurs à ne pas se mettre en danger et à ne pas mettre en danger les autres. Il y a un travail de sensibilisation à faire sur ces aspects”, ajoute Chiravadee Khunsub.

540 000 touristes français en 2023

La simplification des formalités s’inscrit en tout cas dans un objectif : doper les statistiques touristiques. L’an dernier, la Thaïlande n’avait pas encore retrouvé les niveaux de fréquentation qui prévalaient avant la pandémie. La destination a accueilli 28 millions de touristes étrangers – contre 40 millions en 2019 -, parmi lesquels 540000 Français. Mieux donc, que les 500 000 espérés. Et la dynamique sur le marché hexagonal est particulièrement bonne depuis le début d’année 2024. Sur les seuls mois de janvier et février, 200000 touristes français on déjà fait le voyage. Des chiffres qui viennent confirmer la reprise observée par les TO français. De quoi espérer surpasser l’objectif de 700000 fixé pour 2024, et peut-être franchir la barre du million. Ambitieux, mais pas irréalisable, estime l’équipe de l’Office de Tourisme de Thaïlande. « Placer la barre très haut nous motive et nous oblige à aller plus loin dans nos actions sur le marché. »

Pour soutenir la demande, plusieurs actions seront déployées. Un salon réunira en ce sens plusieurs centaines de professionnels venus du monde entier, et notamment de France, en juin prochain, en Thaïlande.

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