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« Nous ne voulons pas que tout le monde aille à Phuket » – dit l’Office du tourisme de Thaïlande

Sinistré par deux ans de pandémie, le tourisme thaïlandais se relance avec de nouvelles ambitions. L’Echo touristique a rencontré Chattan Kunjara na Ayudhya, directeur adjoint de la Tourism Thailand Authority.

Chattan Kunjara na Ayudhya, directeur adjoint de la Tourism Thailand Authority. ©Emilie Vignon

Bientôt peut-être, la Thaïlande ouvrira un peu plus grand encore ses portes aux touristes. La destination envisage de supprimer le Thaïland Pass, une mesure qui pourrait entrer en vigueur le 1er juillet prochain. Car les touristes, la Thaïlande en a grand besoin après deux ans de pandémie. En 2021, le pays en a accueilli 430000… contre 40 millions en 2019. D’après le site www.donneesmondiales.com, en 2020, le secteur du tourisme, vital pour son économie, à lui seul a chuté d’environ 76%.

Mais depuis plusieurs mois déjà, les frontières s’ouvrent progressivement. Juin a marqué un tournant, avec un allègement significatif des restrictions et la suppression de la quarantaine. Pour soutenir la reprise, en espérant voir revenir les touristes plus nombreux en octobre, novembre et décembre, sur la haute saison. « Les professionnels nous font part de retours très encourageants, assurait récemment Chattan Kunjara na Ayudhya, directeur adjoint de la Tourism Thailand Authority (TAT), lors d’un récent déplacement à Paris. Lorsque nous discutons avec des TO comme Asia ou Les Maisons du Voyage, tous nous disent que ça devient de plus en plus positif pour la destination. »

« Après ces deux années de fermeture au tourisme, nous voulons proposer des expériences nouvelles, poursuit-il, comme des rencontres avec la population locale. Nous avons récemment emmené des professionnels du tourisme en Thaïlande pour tester ces nouvelles offres dans un petit village, pour travailler avec la population locale à la cueillette des fruits du palmier, pour le transformer en sucre », explique-t-il, en ajoutant que le tourisme de bien-être sera aussi un pilier important. Des offres plus haut de gamme, donc, pour stimuler une demande qualitative et s’écarter progressivement du tourisme de masse, même si des recettes touristiques conséquentes restent essentielles pour la destination. 

Une difficile équation que la Thaïlande s’emploie à résoudre, notamment avec le modèle « Dash », qui détaille les piliers de la relance touristique : façonner l’offre, stimuler une demande qualitative, restaurer la confiance mais aussi mettre l’accent sur le tourisme domestique font notamment partie des axes qui structure cette reprise.

« Nous ne pouvons pas dire non au nombre de touristes »

« Nous ne pouvons pas dire non au nombre de touristes, explique Chattan Kunjara na Ayudhya. Si les gens souhaitent venir, les tour-opérateurs, les compagnies aériennes, nous ne pouvons pas dire non. Nous essayons simplement d’aménager les choses. Nous ne voulons pas que tout le monde aille à Phuket. (…) Nous devons nous organiser, travailler sur l’aménagement de la destination et la répartition des flux. »

La destination s’efforce donc d’attirer les investisseurs en vue de développer des projets dans des zones moins connues. Si la Thaïlande espère recevoir entre 7 et 10 millions de touristes pour cette année de relance, elle ne veut plus faire du nombre d’arrivées de touristes son indicateur principal.

« Depuis des années, nous essayons de placer l’objectif en termes de revenus, pas en termes de quantité, poursuit Chattan Kunjara na Ayudhya. En termes de développement touristique, on parle souvent de trois éléments : le nombre de touristes, le montant des dépenses, et la durée de séjour, liste-t-il. Notre objectif est désormais d’axer notre stratégie sur les dépenses des touristes, en les incitant notamment à prolonger leur séjour. Et pour prolonger le séjour, il faut créer des expériences, des activités qui vont inciter les touristes à rester plus longtemps. Aller dans un petit village, tester la gastronomie sont autant d’activités qui vont augmenter le panier moyen. Certaines expériences existaient déjà avant le Covid, d’autres sont nouvelles. Nous essayons simplement de les mettre mettre aux standards pour que ce soit des expériences positives aussi bien pour les touristes que pour les locaux. » C’est-à-dire travailler ces offres sous un angle durable, en impliquant les populations et en préservant les traditions.

Amenée à fermer certaines plages pour laisser le temps aux récifs coralliens abîmés par le tourisme de masse de se régénérer, la Thaïlande veut aussi sensibiliser les touristes à la protection de l’environnement. Les visiteurs de Trat sont ainsi incités à  pratiquer un tourisme responsable en s’adonnant à des activités qui réduisent leur empreinte carbone. « Le long d’un itinéraire unique couvrant Ko Mak (destination à faible empreinte carbone) – Ko Kradat (île Safari) et Ko ‘Kai-Hua-Ro’ (île du Rire), les touristes sont encouragés à utiliser une application CF Calculator – créée et développée par l’Organisation thaïlandaise de gestion des gaz à effet de serre – pour enregistrer leur mode de déplacement, la distance parcourue, leurs activités touristiques et leur consommation quotidienne de nourriture », explique Visit Thailand.  L’application calculera ensuite leurs émissions personnelles de gaz à effet de serre sur une base annuelle et les touristes devront s’efforcer de réduire leur empreinte, en réduisant leurs déchets, en se choisissant de se rendre à pied sur « l’île du rire » au lieu de prendre un petit bateau ou en mangeant des produits bio ou locaux. A la clef, un certificat de la TAT et un petit cadeau pour les récompenser de leurs efforts pour devenir des touristes responsables. Cette opération se déroule jusqu’au mois de juillet.

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