Les Caraïbes s’offrent un bain de croissance

Une crise chasse l’autre. Alors que les révolutions arabes et le tsunami japonais plombent le moyen-courrier et l’Asie, les grèves antillaises et la grippe H1N1, fléaux de la saison 2009 pour les Caraïbes, sont désormais oubliées. Résultat : les destinations de la zone connaissent cette année une croissance sans faille sur le marché français. Antilles, République Dominicaine, Cuba, Mexique… : toutes affichent des chiffres de fréquentation en hausse par rapport à 2010, que confirment les TO dans leurs ventes. Première certitude, la Guadeloupe et la Martinique poursuivent leur retour en grâce. « On est à +35 % en nombre de clients par rapport à l’an dernier, qui était déjà une année à 40 % de hausse, confie François Bénard, PDG de Nouvelles Antilles. Et l’hiver s’annonce encore meilleur, avec des réservations en hausse de 50 % en août, dont certaines portent déjà sur mars ou avril 2012. » Mais pas question pour autant de crier victoire.

VENT FAVORABLE POUR LES CARAÏBES

Comme ses concurrents, le TO estime être encore en dessous des résultats de 2007-2008. Et rien ne garantit que le fossé puisse être comblé dans l’immédiat. « La situation est confortable sur l’aérien, avec des volumes de sièges en hausse et des prix en baisse, poursuit François Bénard. Mais elle l’est beaucoup moins en hôtellerie. On va manquer dans les prochains mois de capacité, à cause de la fermeture de nombreux établissements, et de qualité, faute de rénovations. » Certains, comme le groupe Des hôtels et des îles, ont certes profité de l’après-crise pour réhabiliter en profondeur leur parc. « Mais les Antilles manquent toujours de projets d’investissements pour installer des gros porteurs, capables de faire du volume », regrette Gilbert Cisneros, le PDG d’Exotismes. Pour soutenir indirectement la croissance des Antilles (et celle de son entreprise), le spécialiste des îles a décidé de miser cet hiver sur Sainte-Lucie. Cette alternative anglophone programmée jusqu’à présent en extension devient désormais une destination à part entière dans la production du TO. Celui-ci caresse l’espoir que cette mise en avant profite aussi à la Martinique, point de passage aérien pour s’y rendre depuis la France. L’hiver dernier, Iléatours a déjà ouvert la voie en affrétant un vol charter vers Sainte-Lucie (qui poursuivait ensuite vers l’île vénézuélienne de Margarita). « Nous avons rempli nos 100 sièges hebdomadaires durant toute la saison », confirme Philippe Sangouard, le directeur général des ventes et du marketing du TO. Les Caraïbes anglophones, nouveau réservoir de croissance pour les voyagistes dans la zone ? Depuis quelques années, le vent leur semble enfin favorable. Exotismes ne tarit pas d’éloges sur son partenariat avec la chaîne Sandals, spécialiste du all-inclusive haut de gamme dans la Caraïbe.

Grâce à cette brochure, il a attiré un millier de clients en 2011, sur Sainte-Lucie mais aussi les Bahamas, Antigua, Turks et Caicos ou la Jamaïque, considérée comme « la très bonne surprise » de l’année. Hasard ou non, c’est justement la nouveauté de plusieurs TO cette année, dont Iléatours et Look. Ce dernier mettra les moyens avec l’ouverture d’un Lookéa à Montego Bay et le lancement d’un vol charter hebdomadaire affrété depuis Paris, sur lequel Ileatours a aussi pris 130 sièges en engagement. L’avion sera également le seul à assurer une escale, en direct depuis la France, à La Romana, en République Dominicaine. De quoi soutenir une demande qui continue de croître vers la République Dominicaine, si l’on croit les chiffres des TO. Thomas Cook annonce même une progression, cet été, de 50 % sur la destination en volumes. Et Marmara, après s’y être rodé durant trois saisons, ouvre en octobre son premier club maison à Punta Cana, visant 40 000 clients dans le pays durant l’hiver. Quant au Mexique, c’est Air France qui pourrait bien en être l’un des moteurs de l’hiver. La compagnie inaugurera en effet, fin octobre, sa ligne Paris-Cancun, venant bousculer le monopole de XL Airways sur un axe jusqu’alors essentiellement opéré en charter.