Vacances scolaires : une refonte du calendrier qui fait débat
Plusieurs pistes sont actuellement à l’étude pour une refonte du calendrier scolaire. Par la voix de la CAT, les professionnels du tourisme appellent Olivia Grégoire à se saisir de ce dossier, au regard des enjeux économiques soulevés.
« On doit rouvrir un débat qui est celui du temps scolaire dans l’année, une des autres grandes hypocrisies françaises », avait lancé en juin dernier Emmanuel Macron, lors d’une visite d’une école à Marseille.
Ces derniers temps, les réunions se sont multipliées pour évoquer une refonte du calendrier scolaire. Créée fin 2022 et installée au printemps dernier, la commission spécialisée du Conseil supérieur de l’éducation portant sur le calendrier scolaire national s’est ainsi réunie cette semaine, pour la troisième fois depuis la rentrée de septembre.
Syndicats, élus et représentants du tourisme doivent s’atteler à résoudre une équation difficile afin de concilier enjeux éducatifs, sociétaux et économiques. L’objectif pour les syndicats enseignants est notamment d’établir un calendrier scolaire correspondant davantage au rythme biologique des enfants et des jeunes.
Réunissant notamment l’Umih, les Entreprises du Voyage, le Seto, la FNHPA ou la Fnam, la CAT est montée au créneau pour défendre les intérêts des professionnels du tourisme, dont l’activité est entièrement structurée autour de ce calendrier.
La fin des trois zones ?
A l’heure actuelle, aucune décision n’a encore été actée. Mais plusieurs pistes sont à l’étude. Le nouveau calendrier scolaire pourrait ainsi signer la fin des trois zones telles qu’on les connaît actuellement pour n’en garder que deux pour les vacances d’hiver et de printemps. Une option qui semble étudiée avec attention, certains syndicats enseignants évoquant même « un consensus » sur le sujet.
Avec ou sans chevauchement entre les deux périodes ? Deux périodes consécutives de deux semaines pour chacune des zones ou trois semaines avec un chevauchement des deux zones, c’est la question qui cristallise les débats tant les enjeux soulevés sont nombreux.
« Il est exclu que le début de la saison d’hiver soit fixé seulement à la mi-février pour faire démarrer la période des 4 semaines, alerte la Confédération des Acteurs du Tourisme (CAT), qui compte aussi parmi ses membres Domaines Skiables de France. Cela entraînerait une perte d’activité considérable préjudiciable à l’emploi et à une part importante de l’économie touristique nationale. » « Le passage des trois zones actuelles à deux zones non chevauchantes fragiliserait le départ en vacances des familles recomposées », estime également la CAT.
De la même manière pour la CAT, « il est exclu que la fin de la saison de printemps se termine à la mi-mai ; les vacances de printemps doivent se faire entièrement sur le mois d’avril ». En débordant sur le mois de mai, les vacances engloberaient certains jours fériés et ponts du mois de mai qui soutiennent l’activité des professionnels du tourisme en dehors des périodes de vacances.
Raccourcir les vacances d’été, une « ligne rouge »
Autre option sur la table : raccourcir les vacances d’été. Les « grandes vacances » pourraient ainsi subir un coup de rabot au début du mois de juillet et à la fin août. Les élèves les plus en difficulté pourraient reprendre le chemin de l’école dès le 20 août, ainsi que l’avait évoqué Emmanuel Macron à la fin de l’été dans un entretien au Point.
Là encore, la proposition suscite l’opposition de la CAT, qui a fait ses comptes : une rentrée le 20 août réduirait de 25% le nombre de semaines complètes en haute saison estivale.” Une “ligne rouge” à ne pas franchir, pour la confédération.
« Ce serait concentrer l’activité sur une période plus courte, ce qui va à l’encontre des objectifs de gestion des flux touristiques sur lesquels Olivia Grégoire s’est exprimée fin juin lors de son déplacement à Saint-Malo, argumente Jean-Virgile Crance, le président de la CAT. D’autre part, cela reviendrait à augmenter de façon importante les prix puisqu’il y a un jeu d’offre et de demande auquel on n’échappera pas. Nous voyons également mal comment il pourrait y avoir une rentrée à deux vitesses, poursuit Jean-Virgile Crance, qui s’interroge au passage sur le caractère « stigmatisant » que pourrait revêtir cette mesure pour les élèves concernés. « Il est très clair que cette mesure aurait un impact très négatif sur l’accès aux vacances pour tous, ajoute Jean-Virgile Crance, et mécaniquement on réduira le nombre de départs en vacances, c’est évident. »
Et d’avancer d’autres solutions. « Il nous semble qu’il y a peut-être d’autres possibilités comme les vacances apprenantes, les voyages scolaires, des voyages éducatifs, qui associent à la fois les vacances et le travail scolaire, il faut peut-être explorer cette piste-là. Nos professionnels sont prêts à travailler avec les professionnels de l’enseignement sur ces sujets », indique Jean-Virgile Crance.
Tout en assurant vouloir se montrer constructif et ouvert aux discussions, la CAT est, sur ce sujet, clairement adepte du statu quo. « Nous pensons que ce qui est en place aujourd’hui fonctionne. Nous ne souhaitons pas forcément qu’il y ait de changement et nous ne voyons pas l’intérêt majeur de ce changement par rapport à l’accompagnement éducatif », résume Jean-Virgile Crance.
ADN et l’Anett en accord avec la CAT
Dans tous les cas, l’anticipation doit rester de mise. On se souvient que les dates du calendrier scolaire de l’année 2023-2024 s’étaient longuement fait attendre. La date de la rentrée scolaire avait alors fait débat. Le calendrier avait finalement été publié, pour une période de trois ans, jusqu’en 2026. « Nous attirons l’attention sur la nécessité de garder cette anticipation dans les modifications qui pourraient être décidées, quelles qu’elles soient, car bien sûr, derrière, il y a des éléments économiques, des positionnements commerciaux ou tarifaires qui sont parfois pris un ou deux ans à l’avance, rappelle Jean-Virgile Crance. (…) C’est aussi toute une organisation sur la politique des emplois, en tout cas pour ce qui est des entreprises saisonnières. »
Des positions qui sont en accord avec celle de l’Anett, l’Association nationale des élus du territoire et d’ADN Tourisme, fait savoir la CAT.
« La CAT poursuivra ses échanges avec la commission spécialisée relative au calendrier scolaire au sein du ministère de l’Education nationale mais réitère avec ADN Tourisme et l’ANETT son souhait que le sujet soit interministérialisé et que le Comité de filière tourisme présidée par Olivia Grégoire (le 11 décembre, Ndlr) s’en saisisse, cette question concernant pleinement le secteur du tourisme », conclut la CAT.
Ce n’est en tout cas pas la première fois, loin s’en faut, que la question du calendrier des vacances scolaires fait débat. Ainsi que le rappelait un article du Figaro, en 1939, les vacances d’été s’étalaient… du 15 juillet au 30 septembre. Le « zonage », créé pour satisfaire les besoins de l’industrie du tourisme, a quant à lui été mis en place dans les années soixante.
Et si on passait aux semaines de 4 jours au collège et moins de vacances d’été? Les élèves seraient beaucoup moins fatigués!
Et si on pensait aux élèves en tant que futur citoyen éduqué au lieu de penser à l’élève en tant que « unité économique »?