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La Méditerranée s’interroge sur son tourisme

Première région touristique de la planète, la Méditerranée n’a pas encore exploité tout son potentiel. Tandis que certains pays se structurent pour doper une fréquentation déjà importante, d’autres s’ouvrent à peine au tourisme.

Proximité de l’Europe, important potentiel tant en termes de climat que de paysages et de patrimoine… Ce n’est pas un hasard si la Méditerranée est la première région touristique de la planète, accueillant 260 millions de touristes par an !

Pourtant, les possibilités de croissance de la zone demeurent énormes, et les pays riverains se font une concurrence acharnée pour séduire une clientèle, européenne mais aussi arabe, de plus en plus exigeante. Face à des destinations bien installées (Chypre, Turquie, Croatie…), certains doivent se tourner vers des activités à plus forte valeur ajoutée (Tunisie) ou aménager leur littoral (Maroc, Egypte). D’autres comme l’Algérie ou la Libye, débarquent doucement sur ce marché des vacances. Autant de nouveautés qui contribuent à diversifier l’offre et à lui donner un nouvel attrait. La création récente de la Mediterranean Travel Association (Meta), qui regroupe pays et opérateurs méditerranéens sur le modèle de la Pata en Asie/Pacifique, devrait contribuer à donner une identité au tourisme de la zone.

Ces destinations ont-elles un avenir touristique, comment se positionnent-elles ? Le séminaire organisé par Ubi France à Nice il y a quelques semaines, permet d’y voir plus clair dans les politiques et de dresser une première carte de ce que pourrait être le tourisme en Méditerranée à l’horizon 2020.

Point commun de ces destinations, la fragilité du tourisme, souvent première source de devises, alors que l’instabilité politique demeure, mettant à mal des années d’efforts. La fréquentation au Liban avait ainsi progressé de 37 % au premier trimestre 2006. La récente guerre aura un coût élevé pour le pays. Le problème général auquel est confronté le tourisme dans la région est aggravé par la destruction des infrastructures de base. Le retour à la normale ne peut être envisagé dans un délai prévisible, rappelait récemment l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), même si les principaux attraits touristiques du pays ont été épargnés par les bombardements. L’insuffisance de l’offre d’hébergement et de services et la faible diversité des produits constituent d’autres handicaps que ces pays méditerranéens vont devoir surmonter.

Malgré leurs frontières communes, la Tunisie et l’Algérie ont des problématiques différentes. La première, à défaut de ressources naturelles, a fait le choix du tourisme de masse et accueille plus de 1 million de Français par an.

L’Algérie, un fort potentiel mais pas d’infrastructures

En revanche, le tourisme est resté balbutiant en Algérie. En raison de la guerre civile dans les années 90, mais aussi d’une absence de volonté politique. Un retard que le gouvernement annonce vouloir combler ! Mais les résultats se font attendre. Le patrimoine exceptionnel du pays (vestiges romains, désert, thermalisme), souvent intact, reste à découvrir. Un avantage, à l’heure du tourisme durable. La tenue à Alger du 8e Salon du tourisme rappelle cette volonté d’ouverture. Si l’Algérie a des atouts naturels et culturels (2,5 millions de km2 dont 80% de désert, 1 200 km de côtes), ses infrastructures d’accueil l’handicapent. Sa capacité hôtelière est limitée (81 000 lits) et 89 % des hôtels ne sont pas aux normes internationales.

Le ministère du Tourisme a donc lancé en 2004 une stratégie de développement en vue d’accueillir plus de 3 millions de touristes (dont 2 millions d’étrangers) en 2013 et de créer 230 000 emplois. Le projet prévoit d’adapter les hébergements existants, et la création de 174 zones d’extension touristiques (ZET) : 42 544 ha, dont les trois quarts sur le littoral algérois. 32 ME seront consacrés à aménager 42 ZET et une procédure de privatisation d’hôtels a été lancée. 300 projets d’investissements ont par ailleurs été identifiés (30 000 lits et 15 000 emplois directs), mais 253 n’ont pas encore trouvé d’investisseurs.

Certains groupes se sont lancés toutefois : Starwood, présent avec deux hôtels à Alger et Oran (Sheraton), va implanter un Westin à Alger ; Accor (un Sofitel et un Mercure à Alger) a signé une joint-venture avec le groupe algérien privé Merhi pour la construction de 36 établissements ; Mariott ouvre à Alger, le groupe à capitaux arabes Eddar-Sidar construit à Alger et Boumerdes (25 000 lits), l’émirati Al-Hamed a un projet de 90 ME sur le littoral. Dans le sillage d’Air France, les transporteurs sont de retour (Aigle Azur, British Airways, Alitalia, Lufthansa, Qatar Airways) et l’aéroport d’Alger a été rénové. Il faut mettre le voyageur en confiance, avec une mise à niveau des infrastructures, améliorer la qualité, garantir la sécurité. Le tourisme de masse n’est pas possible et l’Algérie n’y pense pas. Pour l’instant, le pays tente de fédérer le secteur, explique Emmanuelle Dubout, chez Ubi France.

Alors que les rares TO français présents en Algérie se cantonnent aux treks dans le désert, qu’en pensent les principaux opérateurs français ? Nous discutons, mais c’est encore un peu tôt, résume Georges Vialard, directeur de la production de Fram. Hormis à Alger, le pays n’a pas d’infrastructures. Le tourisme a néanmoins un potentiel fantastique, notamment avec les Algériens de France et les descendants de familles pied-noirs ou juives d’Afrique du Nord désirant retrouver leurs racines. Mais cela va prendre du temps. L’Algérie doit travailler son image. Il ne suffit pas de développer des hôtels, il faut aussi former le personnel, commente Jean-Luc Mottot, DG de la zone Afrique/Moyen-Orient du groupe Accor. Un potentiel que Costa aimerait lui aussi exploiter, en proposant des escales à Alger.

Les atouts de la Libye

Le groupe Accor lorgne également la Libye. Grand comme trois fois la France, le pays dispose d’un patrimoine culturel fantastique et d’atouts géographiques : 2 000 km de côtes et un désert magnifique. Mais, avec 12 000 chambres, la capacité hôtelière est insuffisante. Le gouvernement a mis au point un plan visant à faire de la Libye une destination majeure de la Méditerranée, avec 10 millions de visiteurs en 2015, déclarait le ministre libyen du Tourisme lors d’une récente réunion des ministres du tourisme des dix pays du Maghreb et d’Europe du Sud à Hammamet (Tunisie). Reste à convaincre les investisseurs…

La Libye, dont l’image reste associée à celle du terrorisme, a mis sur pied un plan de développement qui court jusqu’en 2018, avec un budget de 5,7 milliards de dollars. Il entend s’appuyer sur des investissements privés étrangers, estimés à 13 milliards de dollars. Parmi les premières annonces, le hollandais Ladorado doit construire 10 complexes (hôtels, résidences…) à Tobrouk, et l’italien Gruppo Norman envisage de s’installer sur l’île Farwa d’ici 2010. Accor cherche pour sa part un partenariat pour ouvrir un Novotel et un Ibis à Tripoli. C’est un grand pays qui a des besoins, mais aucune culture du service, précise Jean-Luc Mottot. Il a une carte à jouer, mais c’est encore tôt. La Libye est une destination idéale pour la découverte et le dépaysement, pas pour le tourisme de masse. La situation géographique est meilleure qu’en Algérie, la durée d’ensoleillement plus longue, ajoute Marc Goetz, directeur Méditerranée chez NF. Des atouts qui n’ont pas échappé aux croisiéristes, de plus en plus nombreux à faire escale à Tripoli.

La Syrie et le Liban au coeur des conflits

En attendant, d’autres pays qui souffrent de l’instabilité politique cherchent leur place en brochures. C’est le cas de la Syrie, que Fram reprogramme cette année. Au nombre des contraintes, l’éparpillement des sites historiques et la capacité hôtelière modeste. Sur la côte, à Lattaquié, Accor a toutefois ouvert un Sofitel doté d’une marina, et deux complexes doivent y être construits par une société du Qatar. Mais c’est une ville d’étape, qui n’a pas d’aéroport international, regrette Dominique Millet, chef de produit chez STI Voyages. A Tartous (près de la frontière libanaise), un vaste projet baptisé Antaradus devrait être terminé en 2009. A moins que la récente guerre ne le retarde, même s’il vise la clientèle des pays arabes, moins sensibles aux aléas politiques.

Le Liban est quant à lui dans l’expectative. Plus de 30 projets luxueux devaient être lancés d’ici la fin de 2006, pour un investissement d’un milliard de dollars. Qu’en sera-t-il ? La reconstruction du pays est prioritaire et devrait, au mieux, décaler ces projets, s’ils ne sont pas annulés, faute de capitaux.

L’instabilité politique fait aussi du tort à la Jordanie, malgré une offre variée, de bonnes infrastructures et un service à la hauteur. Même si les TO lui restent fidèles, les ventes ne suivent pas. Le gouvernement entend lui aussi doper le secteur à l’horizon 2010, en attirant les touristes à haute contribution. Il a défini pour cela des niches prioritaires : tourisme médical, vacances familiales, écotourisme…

Le cas de l’Egypte est différent. Le tourisme est déjà un secteur primordial de l’économie. Le pays s’est affirmé comme la destination n°1 dans la région mais n’a pas encore trouvé au niveau international la place qui devrait lui revenir. Pour se développer (le gouvernement table sur 16 millions de visiteurs en 2015), il doit s’intéresser à d’autres secteurs que le tourisme culturel, qui ne représente plus que 12 % des activités touristiques mondiales. Les derniers attentats et crashs aériens ont refroidi les Français (465 000 en 2005) qui n’occupent plus que la cinquième place derrière les Allemands et les Italiens (1 million chacun), les Russes (700 000) et les Anglais (500 000). Outre la mer Rouge, le pays compte sur la côte méditerranéenne, déjà fréquentée par les touristes locaux, pour réussir son pari. Un accord de coopération a été signé avec le groupe TUI à travers sa filiale Travco (neuf hôtels 4b, soit 4 300 chambres d’ici quatre ans) pour un projet à Marsa Matrooh, près d’El-Alamein. Une première tranche de 300 chambres vient d’être inaugurée. Quatre zones ont été définies, où il n’y a pour l’instant que du sable et la mer, précise Nahed Rizk, directrice du bureau de Paris de l’OT.

Bien que très présents en Egypte, les opérateurs français restent sur la réserve concernant ce développement sur la Méditerranée. Accor, premier hôtelier du pays avec 20 hôtels (45 000 chambres) a des projets, mais dans le centre d’Alexandrie et rouvre en fin d’année l’ex-Sheraton du Caire, qui deviendra un Sofitel. Le C

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