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François Piot : « Le rapport qualité-prix des voyages s’est détérioré en Tunisie »

Le PDG de Prêt à Partir n’a pas la langue dans sa poche. Dans une interview à L’Echo touristique, François Piot partage son bilan, ses convictions et ses doléances.

Quel est le bilan de l’exercice 2022, clôturé le 30 septembre, pour le groupe Prêt à Partir ?

François Piot : C’est un bon exercice. Nous avons atteint 80% de l’activité globale de 2019 en volume d’affaires. Sachant que le premier semestre, démarrant le 1er octobre 2021, était en forte baisse pour nous comme pour la plupart des opérateurs du secteur. Nous avons opéré un bon rattrapage au deuxième semestre en volume et en marge. Retrouver l’équilibre financier en exploitation était, il y a un an, l’objectif de Prêt à Partir. Finalement, nous serons largement bénéficiaires en résultat d’exploitation en 2021/22. Nous atteindrons quasiment les résultats de 2019, soit 1,5 million d’euros, après 5 millions d’euros de pertes cumulées sur les deux exercices précédents. Nous avons donc fait mieux que prévu dans le voyage, malgré un été marqué par des grèves et des annulations épuisantes pour les équipes. L’année a été fatigante, mais nous en récoltons les fruits.

Près de la moitié de nos clients sont nouveaux.

Et en termes de clientèles ?

François Piot : C’est aussi une bonne année, puisque que près de la moitié de nos clients sont nouveaux : ils viennent du digital, d’agences de voyages fermées ou pas complètement ouvertes. En revanche, les seniors n’ont pas totalement retrouvé le chemin des agences. Nous devons remettre en route certains segments comme les voyages en autocar – nous avons annulé de nombreux départs -, la croisière qui a été écornée pendant le Covid, et les voyages sur mesure. Ce sont les trois axes sur lesquels nous allons travailler.

Quelles sont les perspectives ?

François Piot : Les perspectives, c’est notamment de poursuivre le recrutement. Nous avons encore quelques trous dans la raquette – ce qui explique aussi les performances de cette année, puisque nous n’avons pas retrouvé le niveau antérieur de charges -, mais la situation s’améliore. Nous devons aussi poursuivre la formation, puisque nous avons beaucoup de nouveaux collaborateurs et des alternants qui pour certains transforment l’essai en CDI. En termes d’activités, nous ne faisons pas de prévisions sur 2023. Nous verrons déjà comment se déroule l’hiver au niveau des inscriptions. Nous avons observé cette année une forte inflation des voyages. Globalement, nos clients ont payé plus cher pour prestations moins bonnes. La qualité n’était pas au rendez-vous. Le rapport qualité-prix s’est détérioré cet été.

Dans toutes les destinations ?

François Piot : Surtout en Tunisie.

Pourquoi ?

François Piot : En Tunisie, nous avons constaté des problèmes de service, de nourriture, de prestations globales dans les hôtels. Rien n’allait… Nous déconseillons les hôtels qui ont mal reçu nos clients, bien sûr, sachant que certains sont néanmoins restés de bon niveau. Globalement, la Tunisie a posé problème cette année. Son image a été entachée. Le secteur a été moins aidé qu’en France pendant le Covid, donc, ce constat n’est pas surprenant. La destination devra l’an prochain faire de gros efforts en termes de rénovation des hébergements et de communication pour se relancer. Malgré tout, le pays restera une destination majeure auprès de nos clients.

Revenons à Prêt à Partir. L’an passé, vous avez décidé de contracter un nouveau Prêt garanti par l’Etat, de 6M€. Quand comptez-vous le rembourser ?

François Piot : Nous l’avons resouscrit au mois de juin 2022. Nous déciderons dans un an si nous le remboursons, ou si nous l’amortissons.  

Vous êtes membre du comité des risques au sein de l’APST. Quels sont, justement, les risques que vous identifiez pour la profession ?

François Piot : Nous attendons toujours la mise en place de la réassurance publique. C’est capital pour la survie de la profession. En 2022, certaines entreprises pourraient faire face à des difficultés, maintenant que les aides sont terminées. Avec le Covid, la plupart des entreprises ont hérité d’une dette, qu’il faudra rembourser. Je pense que nous allons rentrer dans une phase de concentration assez forte, qui peut modifier le paysage. Je constate que des agences n’ont pas complètement rouvert, ce qui me choque. Certaines ont fermé, d’autres sont à vendre. Globalement, nous allons vers une réduction du nombre d’agences et d’acteurs. Idem chez les tour-opérateurs, certains ont toujours leurs salariés au chômage partiel, en APLD. Globalement, les TO manquent toujours de réactivité.

Avez-vous des projets d’acquisition ?

François Piot : Aujourd’hui, beaucoup d’agences ne valent plus rien. Mais je reste à l’écoute du marché. Ce qui a changé dans mon approche de la croissance externe, c’est mon attention à la qualité des équipes, quand je cherchais autrefois de bons emplacements. Je suis surtout intéressé par la présence d’agents de voyages compétents et motivés. D’autant plus que nous sommes en sous-effectifs. Nous avons besoin de sang neuf.

Il faut prendre soin de ses équipes, pour qu’elles prennent à leur tour soin de leurs clients.

Face à la forte perte d’attractivité des métiers du secteur, comment réenchanter le métier ?

François Piot : L’hémorragie s’est arrêtée. Nous avons eu environ 30% de départs parmi nos effectifs. Ces personnes ont été remplacées notamment par des salariés de confrères, des débutants, des alternants. Pour fidéliser, il faut prendre soin de ses équipes, pour qu’elles prennent à leur tour soin de leurs clients. Il faut un management bienveillant. Pour ma part, j’envoie un message 3 à 4 fois par semaine à mes équipes. Depuis le début de la pandémie, j’ai écrit 800 textes. C’est important, les équipes avaient besoin de cela.

Avez-vous augmenté les salaires, notamment pour compenser les effets de l’inflation ?

François Piot : En deux ans, nous avons versé deux fois des primes Macron. En janvier 2022, nous avons augmenté tous les salaires de 4%. C’est la première fois en 20 ans que nous décidons d’une augmentation collective. Il s’agit d’une sorte de bouclier pour le pouvoir d’achat, notamment envers les plus bas salaires, qui ont ainsi été revalorisés de 60 euros. Cette hausse intervient après deux années de gel. Nous repartirons sur des augmentations individuelles en 2023.

En plus de relancer certains segments en agence, quels sont autres projets de Prêt à Partir ?

François Piot : Nous avons mis en place une politique RSE plus forte en agence. Nous informons les clients de leur empreinte carbone, sans jamais les culpabiliser. Nous proposons aussi aux voyageurs de compenser en faisant un don à une ONG, qui œuvre au Niger. La RSE est un gros sujet chez nous. Nous avons aussi nos Universités, le mois prochain. Le terme, c’est « servir ». La question, c’est jusqu’où, en comment nous parvenons à monétiser le service. L’idée est de nous orienter vers une véritable offre de conciergerie.

1 commentaire
  1. hannibal dit

    De quelle qualité parler quand les prix des séjours sont bradés. Tellement bas que le service s’en ressent. Paies misérables, bouffe pour les personnels exécrable , nombres d’heures de travail. Arretez cette exploitation et payez le juste prix pour avoir un service décent.

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