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L’APST fait face à trois défaillances principales

Dans une interview à L’Echo touristique, Mumtaz Teker fait le point sur les dossiers en cours. Le président de l’APST partage aussi les priorités de la caisse de garantie.

L’Echo touristique : Géovisions est en redressement depuis cet été. Quel est le montant du sinistre ?

Mumtaz Teker : C’est très compliqué d’évaluer le montant, nous restons prudents tant que le dossier n’est pas complètement bouclé. Géovisions recoupe trois sociétés différentes, avec des clientèles groupes, individuelles et GIR. Sa défaillance est intervenue au moment de ma nomination, un beau cadeau de bienvenue (rires). Nous avons travaillé dessus en juillet comme en août. Et ce n’est pas terminé. Nous continuons à renégocier les achats pour faire partir des clients et perdre le moins d’argent possible. D’après nos estimations, le sinistre sera compris entre 500 000 euros et un million d’euros.

Quelles sont les autres défaillances de l’été ?

Mumtaz Teker : Avec Géovisions, l’été s’est soldé par trois défaillances principales. Nous gérons les conséquences de la liquidation de Loisirs Enchères, qui coûtera environ 500 000 euros. Le dossier n’est pas clôturé non plus. La faillite de Soleil et Neige (d’Amiens, liquidée le 30-08-2022) est évaluée à 200 000 euros. Ce sont toujours des estimations, qui pourront être réévaluées à la baisse comme à la hausse quand nous aurons tous les éléments. Nous avons par ailleurs géré 3 ou 4 autres plus petits sinistres cet été.

Certaines agences peuvent tenir plus longtemps qu’elles ne le croient, et éviter une faillite brutale.

Comment qualifieriez-vous l’été ?

Mumtaz Teker : Au-delà de l’été, c’est plutôt l’automne qui nous inquiète un peu, compte tenu du contexte, des incertitudes évoquées par les professionnels du secteur, des PGE à rembourser. Nous ferons face. Nous allons nous rapprocher de nos adhérents pour les accompagner. Certaines agences peuvent tenir plus longtemps qu’elles ne le croient, et éviter une faillite brutale.

Comme le dit Laurent Abitbol, le vice-président de l’APST, vous voulez être plus proches des adhérents, notamment pour remotiver ceux qui sont sur le point de déposer le bilan ?

Mumtaz Teker : Nous essayons, même si ce n’est pas évident d’avoir ce type de renseignements. Les réseaux peuvent nous tenir informés quand des opérateurs rencontrent des difficultés. Producteurs, distributeurs, nous sommes tous dans le même bateau. Notre bataille au niveau des métiers est finie. Nous devons partager les informations, voir comment nous pouvons sauver des opérateurs. Notre mission, c’est d’avoir le moins de dégâts possibles pour les adhérents et l’APST, qui est la maison de tout le monde.

La contribution du voyageur, qui existe déjà à l’étranger, est plus juste et logique pour la profession.

Olivia Grégoire, ministre déléguée au Tourisme, a récemment indiqué que la Commission européenne n’avait pas toujours donné son feu vert à la réassurance publique. Pourquoi ?

Mumtaz Teker : C’était à l’ordre du jour de Bruxelles à la fin du mois de juillet. Mais le sujet de la réassurance publique a été retiré, en raison d’autres priorités. D’après nos informations, le feu vert devrait intervenir dans les jours ou les semaines à venir. Nous n’avons pas d’inquiétudes. Cette réassurance publique a été négociée (et validée par décret, NDLR) après la faillite majeure de Thomas Cook, pour une période de deux années, avec possibilité de prolonger le mécanisme. Comme nous l’attendons depuis le début de l’année, elle s’appliquera au prorata en 2022, ainsi que sur l’ensemble de l’année 2023. Nous verrons ensuite si nous pouvons nous débrouiller seuls, avec les « moyens du bord ».

La réassurance publique n’est pas la panacée ?

Mumtaz Teker : C’est une bonne chose en cas de grosse faillite, comme celle de Thomas Cook qui a coûté 42 millions d’euros. Sinon, ce ne l’est pas forcément pour l’APST qui a économisé pendant des années et racheté l’immeuble de l’avenue Carnot à Paris. Nous devons être prudents pour le futur.

Vous préférez la contribution voyageur pour refaire la trésorerie, comme évoqué dans une récente interview de Laurent Abitbol, et Alix Philipon avant lui ?

Mumtaz Teker : Je pense que la contribution du voyageur, qui existe déjà à l’étranger, est plus juste et logique pour la profession. Ce principe, défendu par mes prédécesseurs, me paraît nettement préférable à la réassurance publique qui, dans le cas de Thomas Cook, aurait coûté environ 30 millions d’euros à l’Etat. Nous pourrions ainsi vivre indépendants. Ce n’est quand même pas idéal de recourir à l’argent public. Nous allons mettre la contribution du voyageur à l’ordre du jour. C’est l’Etat qui pourra valider ce mode opératoire, qui concernerait alors tous les garants. Au niveau de Bercy bien sûr.

Quelle est la feuille de route et la priorité ?

Mumtaz Teker : La gestion de l’APST. Avoir le moins de défaillances possible et les moins coûteuses possibles. Il faut réduire les risques. De plus, si nous pouvons diminuer les frais de fonctionnement, nous le ferons. Ensuite, pour le futur, nous allons travailler sur la contribution client pour financer d’éventuelles défaillances. Nous n’allons pas faire une révolution à l’APST, mais une évolution.

A lire aussi : L’APST envisage de demander aux agences de facturer 3 euros par forfait

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