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Folie des grandeurs

« Moins d’un an après son ouverture, le terminal 2E de l’aéroport Charles-de-Gaulle est donc partiellement à terre. Défaut de conception ou de fabrication ? Au-delà du triste bilan humain, c’est la stratégie d’Aéroports de Paris tout entière qui est remise en question à travers cette catastrophe. Partout dans le monde, on conçoit les aéroports pour qu’ils soient efficaces et pratiques. Aux Etats-Unis, ils se résument généralement à

Moins d’un an après son ouverture, le terminal 2E de l’aéroport Charles-de-Gaulle est donc partiellement à terre. Défaut de conception ou de fabrication ? Au-delà du triste bilan humain, c’est la stratégie d’Aéroports de Paris tout entière qui est remise en question à travers cette catastrophe.

Partout dans le monde, on conçoit les aéroports pour qu’ils soient efficaces et pratiques. Aux Etats-Unis, ils se résument généralement à un long bâtiment souvent banal, mais qui permet des correspondances en 20 minutes… Pour l’architecture, il y a les musées ou les bibliothèques ! A l’inverse, ADP a souhaité faire de Roissy une vitrine du génie de la France, une cathédrale des temps modernes. On peut aujourd’hui s’interroger sur la pertinence de ces prouesses (trop ?) techniques dans un tel lieu, et sur leur fiabilité. Même si, heureusement, délire d’architecte ne rime pas nécessairement avec insécurité !

Pire, ADP a longtemps conçu ses aérogares en faisant fi des passagers, pourvu qu’elles en jettent. Ce fut le cas avec le camembert en béton du terminal 1, révolutionnaire à son ouverture en 1974, mais qui s’est rapidement révélé inapproprié au transport moderne. Sans l’amicale pression d’Air France, qui a milité pour une gestion optimum des flux de voyageurs dans son hub de Roissy 2, qu’aurait inventé Paul Andreu, l’architecte attitré d’ADP ? Ironie du sort : le terminal 2E était celui qui prenait le plus en compte les besoins des passagers !

Cette arrogance bien française de faire plus spectaculaire, plus innovant, n’a pas de prix. Où plutôt si : 750 ME pour l’aérogare 2E ! Et cette dérive n’est pas nouvelle. Il y a quelques années, la navette ferroviaire qui devait relier les différents terminaux de Roissy a été abandonnée (après plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissements), sans avoir transporté le moindre voyageur. Présentée alors comme un bijou de technologie, elle s’était avérée inadaptée au transport de voyageurs ! En 2003, la Cour des comptes avait dénoncé cette folie des grandeurs. Le retour de bâton est bien sévère…

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