Etats-Unis, 11 septembre + 5
Un lustre après les attentats qui ont ébranlé le monde, les Etats-Unis peinent à retrouver leur fréquentation touristique. La faute au traumatisme qui a suivi, mais aussi à la politique des autorités.
La chute est impressionnante ! La fréquentation touristique française aux Etats-Unis entre 2000 et 2005 a enregistré un recul de 19,1 %, selon les chiffres du palmarès des TO que L’Echo touristique publie tout les ans à l’occasion de Top Resa. Nos compatriotes, qui étaient plus d’un million à visiter le pays de l’Oncle Sam en 2000, n’étaient plus que 878 648 l’an dernier. Encore ont-ils repris le chemin des Etats-Unis depuis deux ans. Ce recul se retrouve dans les chiffres des voyagistes, même s’ils déclarent pour 2005 avoir retrouvé les niveaux d’avant les attentats. Qu’on en juge !
En 2000, Vacances Transat annonçait 16 100 clients aux Etats-Unis. Cinq ans plus tard, ils sont 12 400, soit une chute de plus de 26 % ! Pis, Vacances Fabuleuses avait envoyé 27 000 passagers outre-Atlantique en 2000, quand Kuoni en revendiquait 12 100. Désormais regroupés, les deux TO annoncent 21 000 clients en 2005, soit une dégringolade de plus de 46 % !
Seul Jetset limite la casse avec un recul de tout de même 14 % en cinq ans. Nous avons perdu surtout la clientèle sensible au prix. A l’inverse, nous avons tenté de séduire les « mordus », en personnalisant encore plus le service, explique Jean-Marie Douau, directeur de Jetset Equinoxiales.
Un protectionnisme renforcé
Ces chiffres montrent à quel point le 11 septembre 2001 a durablement traumatisé les esprits des candidats au voyage vers les grands espaces américains. Parallèlement, les attentats ont bouleversé le trafic aérien transatlantique en acculant certaines grandes compagnies américaines au dépôt de bilan (United, Northwest ou Delta, toujours placées sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites), ou en favorisant les consolidations. Un mouvement qui s’est amorcé avec la fusion de US Airways et d’America West, et qui pourrait se poursuivre.
Dans le même temps, les lignes des principales compagnies américaines au départ de France ont fondu comme neige au soleil. American Airlines a supprimé deux rotations vers San José et Los Angeles, United Airlines est passée de cinq à deux vols par jour (Chicago et Washington), en supprimant son deuxième vol vers Washington, et ses lignes vers San Francisco et Los Angeles. Pour sa part, Delta a profité de sa partenaire Air France au sein de Skyteam pour redistribuer certaines fréquences.
Enfin, le 11 septembre a entraîné un réflexe protectionniste (qui caractérise toujours la politique du président Bush) et a créé une bipolarisation de la planète. Les conflits en Afghanistan et en Irak, lancés en réaction aux attentats, n’ont fait qu’entretenir la menace terroriste, et la peur !, et ont dégradé l’image des Etats-Unis en France. Plus récemment, les contraintes apportées aux passagers internationaux par le biais de la mise en place des passeports électroniques, ainsi que le renforcement des mesures de sûreté ont fini de décourager les plus américanophiles et renchéri le prix de la destination.
Du coup, tous les spécialistes des Etats-Unis s’attendent à une année 2006 catastrophique. Après un certain retour en grâce l’an dernier, on aurait pu croire que la dynamique se poursuivrait cette année avec un dollar en baisse de 26 % par rapport à l’euro. Mais le raté monumental des passeports a de nouveau plombé le marché. Si nous arrivons à nous rattraper au troisième trimestre, nous devrions achever l’exercice sur une baisse de 20 %, ce ne sera déjà pas si mal, conclut amèrement Jean-Marie Douau. Le million de visiteurs français aux Etats-Unis, comme aux plus beaux jours, n’est pas pour demain…
