Des trains à partir de trois euros, Kevin Speed veut casser le marché français
Avec ses prix cassés, Kevin Speed, le nouveau concurrent de la SNCF, compte chambouler le marché du train français.
Jeudi 29 février, une étape importante dans le ferroviaire français a été franchie. Le nouvel opérateur ferroviaire français Kevin Speed et SNCF Réseau ont conclu un accord-cadre de réservation de capacité en présence du ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete.
Cet accord garantit l’attribution des sillons nécessaires au lancement de l’offre ferroviaire innovante de Kevin Speed sur ses trois premières lignes : Lille-Paris, Strasbourg-Paris et Lyon-Paris (voir détails ci-dessous), en desservant les gares TGV intermédiaires. Kevin Speed fera rouler ses premiers trains en essai dès 2026 et commercialement à l’horizon 2028.
« Plus on voyage, moins on paye »
Conclu pour une durée de 10 ans renouvelable avec SNCF Réseau, cet accord marque une étape cruciale dans l’accès des nouveaux entrants au réseau ferroviaire. Grâce à cet accord, SNCF Réseau, gestionnaire du réseau ferré pour le compte de l’Etat, assure à Kevin Speed de bénéficier, à l’horizon 2028, des sillons toutes les heures de l’ouverture à la fermeture des lignes à grande vitesse – soit jusqu’à 16 passages quotidiens dans chaque sens – sur les trois lignes de lancement.
« Plus on voyage, moins on paye », assène le président de la start-up, Laurent Fourtune, promettant une offre avec une réduction de prix au fur et à mesure que le client achèterait des billets. « Avec les prix d’attaque qu’on a prévus, nos trains seront pleins », a-t-il ajouté.
L’offre principale appelée « Ilisto » commence à trois euros aux 100 km en heure creuse pour les trains à destination de Strasbourg et Lille, et à partir de cinq euros aux 100 km en heure creuse pour ceux partant pour Lyon. Le client passera « en tapant avec sa carte ou son téléphone, et on est facturé en fonction des voyages effectués ». Fin des réservations donc.
Kevin Speed va devoir lever de l’argent
Avec cette signature, « Kevin Speed s’engage à acheter 20 nouvelles rames, conçues en partenariat et produites par Alstom » indique la start up française. Les investissements nécessaires pour les 20 rames, les futurs ateliers et la formation des conducteurs de trains sont estimés à un milliard d’euros, selon Laurent Fourtune, qui espère boucler la levée de fonds d’ici cet été. Kevin Speed souhaite lever 1,2 milliard d’euros en dette et en fonds propres, pour lequel Nomura et Santander CIB ont été mandatés, en plus d’Ernst and Young qui a contribué dès le départ à l’établissement du business plan.
La proposition client d’Ilisto s’inspire du modèle réussi des trains japonais Shinkansen et des compagnies aériennes low-cost. Son modèle, innovant en France, est basé sur une fréquence élevée et une efficacité à bas coût, avec des sièges denses à bord, une rotation rapide et la connexion de toutes les stations intermédiaires à Paris.
» Le marché français de la grande vitesse ferroviaire est le plus important d’Europe, tant en termes de pax que de chiffre d’affaires, a déclaré Guy Saidenberg, associé et directeur financier de Kevin Speed. Sa croissance macroéconomique naturelle s’accélère dans le cadre du report modal de la voiture vers le rail voulu par les autorités françaises dans le cadre de leurs objectifs d’émissions de carbone à l’horizon 2030. Avec notre flotte de 20 trains, nous répondrons à cette nouvelle demande pour un service abordable de transport quotidien à 300 km/h autour de Paris ».
Les trois lignes :
Lille Flandres – TGV Haute-Picardie – Paris Gare du Nord ;
Strasbourg – Lorraine TGV – Meuse TGV 1 – Champagne-Ardenne TGV – Paris Gare de l’Est ;
Lyon Part-Dieu – Mâcon-Loché TGV – Le Creusot-Montceau-Montchanin TGV – Paris Gare de Lyon.
A lire aussi :