Aides de l’Etat : les compagnies concurrentes d’Air France en colère
Elles dénoncent une « distorsion de concurrence inacceptable » qui devrait accélérer « la disparition des compagnies aériennes françaises. »
« Nous décrétons l’état d’urgence pour sauver notre industrie aéronautique », a déclaré Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, mardi matin. 15 milliards d’euros au total ont été accordés par l’Etat pour soutenir un secteur touché de plein fouet par la chute du trafic aérien et qui emploie plus de 200 000 personnes en France. Sauf que cette annonce ne réjouit pas tout le monde. Certaines compagnies s’estiment lésées.
Selon le Syndicat des Compagnies Aériennes Autonomes (Scara), l’Etat français a décidé de « limiter son soutien aux seules industries du groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) et à Air France ». Il abandonne ainsi « tout un pan de la chaîne de valeur du transport aérien allant des entreprises d’assistance en escale aux aéroports, des compagnies d’aviation d’affaires aux compagnies d’hélicoptère, des sociétés de maintenance aux sociétés de handling, des avitailleurs aux écoles de formation, sans oublier en premier lieu toutes les compagnies aériennes non Air France. »
L’Uncaf appelle à « sauver l’emploi »
Pour le syndicat, « ce choix assumé de l’État, de soutenir la seule compagnie Air France (désormais Air Austral ainsi que La Compagnie ont reçu un prêt, NDLR) au détriment des toutes les autres compagnies aériennes françaises conduit à une distorsion de concurrence inacceptable. Est-il compatible avec le règlement européen ? La question est ouverte… »
En début de semaine, l’Union des Compagnies Aériennes Françaises (Uncaf) faisait déjà le même constat. Demandant de toute urgence, via un communiqué « à Madame Pénicaud un changement de cap pour sauver l’emploi dans la filière du transport aérien ». Précisant par la suite : « En termes d’aides à la filière du transport aérien (hormis Air France) rien n’a été fait pour le compte de résultat des entreprises , à part l’activité partielle. Aucune subvention n’a été octroyée par le gouvernement aux petites et moyennes compagnies. Aucune écoute de la part de Bercy pour agir sur les postes de charges, – refus d’accorder l’aide financière à concurrence de 800 000 euro, pourtant acceptée par l’Europe… »
Pour le Scara, cette aide circonscrite à Air France va avoir deux conséquences immédiates. Elle va accélérer le mouvement de disparition des compagnies aériennes françaises. « Déjà sévèrement attaquées par une concurrence étrangère qui bénéficie d’un environnement social et fiscal bien moins contraignant dans leur pays de rattachement ». Mais également « accélérer la perte d’emplois qualifiés en France dans toute une branche industrielle essentielle au développement économique du pays et de ses régions ».
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