Agences et voyagistes : les défaillances s’accélèrent
Au-delà des « rattrapages » post Covid, les défaillances liées à la conjoncture ultra tendue s’accélèrent dans tous les secteurs, d’après Altares.
57 729 défaillances en 2023 (+36% vs 2022), dont 16 820 au seul 4e trimestre, selon Altares. La France enregistre l’un des pires 4e trimestres sur 30 ans en termes de redressements et de liquidations. Précédemment, seule la période de récession de 1992-1993 avait conduit le pays à des seuils comparables pour un dernier trimestre. Au regard de la « permacrise » qui sévit depuis 4 ans, cette situation ne surprend pas Thierry Millon, directeur des études Altares.
« Après une phase de rattrapage d’une partie des entreprises tenues à flot grâce aux mesures d’accompagnement mises en place depuis la crise Covid, nous amorçons désormais une nouvelle phase, plus structurelle, davantage liée aux insuffisances financières des entreprises qui doivent naviguer dans un environnement économique extraordinairement tendu. »
Tous secteurs confondus, Altares estime que l’économie française fait face à « un dangereux cocktail pour des entreprises aux trésoreries épuisées après une succession de crises » : activité en berne, niveau d’inflation encore élevé, taux d’intérêt toujours hauts.
Quid du voyage ?
Qu’en est-il dans le domaine du voyage, un secteur qu’Altares suit de très près ? « Les chiffres ne sont pas très bons dans ce secteur dominé par de très nombreuses TPE, indique Thierry Millon à L’Echo touristique. Certaines entreprises ont mis la clé sous la porte, d’autres demeurent en difficulté. »
Au quatrième trimestre, le secteur du voyage enregistre 29 défaillances, contre 19 le trimestre précédent. Parmi elles figurent 16 agences de voyages et 8 voyagistes dont Touristra/Sodistour. Créée en 1986, Touristra Vacances est en redressement depuis le 2 octobre 2023. L’APST demeure le garant financier de l’opérateur de villages de vacances.
La liquidation de l’agence en ligne Bourse des Vols, dont les actifs incorporels viennent d’être repris par Resaneo, a également marqué l’année écoulée. Sans oublier celle d’Evasion Spirit/Yams, qui représente l’un des plus gros sinistres pour l’APST depuis la faillite de Thomas Cook en 2019.
Un début d’année compliqué
Sur l’ensemble de l’année 2023, le secteur du voyage affiche 102 défaillances. Il s’agit du nombre le plus élevé depuis de nombreuses années.
« Nous observons 68 défaillances parmi les seules agences de voyages, contre 68 en 2020. Le début du mois de janvier semble annoncer un premier trimestre compliqué. La consolidation n’est pas terminée. »
Le contexte géopolitique tendu, l’inflation, la concurrence du digital et des hébergements chez des proches représentent des menaces, selon Thiery Millon. Même si le baromètre d’Orchestra pour L‘Echo touristique témoigne toujours d’une activité soutenue et d’une puissante envie de voyager.
Comment internet a tué une profession.
La masse des défaillances était inévitable par une caractéristique de marché du tourisme, avec son foisonnement de l’offre et de la demande dans lequel s’est engouffrée une multitude d’intermédiaires provoquant une surcharge de coûts que les producteurs/investisseurs/gestionnaires ne peuvent plus supporter. Le concept BtoB n’a fait qu’accentuer le phénomène.
Certains gros producteurs/gestionnaires affichent déjà la prétention d’une distribution sans besoin d’intermédiaires, par analogie aux compagnies aériennes sur les billets d’avion depuis plusieurs années.
Solution : Les intermédiaires doivent devenir de vrais producteurs/investisseurs pour continuer à exister.
Ce serait bien de CALMER Airbnb et d’arrêter d’augmenter les prix de l’aérien.