À 30 ans, Ryanair veut être une compagnie « civilisée »
La low cost irlandaise, qui veut redorer son image, continue son expansion agressive grâce à une optimisation fiscale et sociale et des tarifs à prix cassés.
En 1985, Thomas Anthony et Liam Lonergan lancent Ryanair, une compagnie aérienne irlandaise qui effectue la liaison Dublin-Londres, avec un capital d'une Livre et 25 salariés. En 10 ans, elle se développe rapidement sur le marché anglais, atteignant plus de deux millions de passagers en 1995. Mais c'est l'arrivée de Michael O'Leary à la tête de la compagnie, en 1994, et l'ouverture à la concurrence du ciel européen, en 1996, qui marquent un tournant. Le nouveau PDG, qui a étudié de près le fonctionnement de la low cost américaine Southwest Airlines, adopte un modèle similaire : liaisons point à point, utilisation intensive des appareils et coûts de distribution réduits. Oslo, Paris, Bruxelles, Venise, Genève, Francfort… en l'an 2000, la compagnie affiche sept millions de passagers par an en Europe. Vient alors une nouvelle phase d'expansion. Avec le lancement du site Ryanair.com, l'ouverture de bases européennes et des commandes géantes d'appareils, la compagnie atteint 20 % de croissance annuelle sur la décennie. Le modèle Ryanair bouleverse l'industrie du transport aérien et oblige les voyagistes à repenser leurs offres. En 2014, elle atteint 86,4 millions de passagers, pour 1 600 lignes et 320 appareils et annonce un objectif de 160 millions de passagers pour 2024. « Nous sommes désormais une compagnie mature, civilisée et même aimable », déclarait récemment David O'Brien, le numéro deux de la compagnie, mettant en avant les améliorations récentes du service pour les passagers. Mais les enquêtes et condamnations de la compagnie, notamment pour fraude sociale, ainsi que ses pratiques d'optimisation fiscales, posent question. Le modèle Ryanair, qui redonne du pouvoir d'achat aux voyageurs, doit-il être supporté par la collectivité ?
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