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Depuis 2011, TUI France a perdu un milliard d’euros

L’Echo touristique a décortiqué les comptes de la filiale française du premier voyagiste mondial. TUI France a enregistré plus de 100 millions d’euros de pertes comptables par an depuis 2011.

TUI a joué des coudées franches pour grandir en France. Rachetant tour à tour Nouvelles Frontières, Marmara, et Transat France. Mais pour quels résultats ?

D’après les comptes déposés au greffe, que nous nous sommes procurés, le chiffre d’affaires de TUI France s’est érodé de 435 millions d’euros entre 2012 et 2016, soit 40%. Sur ces cinq mêmes exercices, les pertes d’exploitation cumulées, elles, s’élèvent à 172 millions d’euros. Et les pertes comptables cumulées, à 498,6 millions d’euros. Selon nos informations, celles de 2017 atteignent 89 millions d’euros. En ajoutant les pertes comptables de 2018 (99M€ de pertes) et de 2019 (115M€), publiées par l’AFP et confirmées par la direction, nous parvenons au montant abyssal de 802 millions d’euros sur huit exercices. Et même à 1,085 milliard d’euros depuis 2011. C’était l’année marquée par le Printemps arabe, qui a entraîné un effondrement des ventes, et pénalisé des entreprises aux forts engagements aériens et hôteliers comme TUI.

Des occasions manquées

« La décision de fusionner Nouvelles Frontières avec Marmara en 2012, et la gestion du nouvel ensemble ont été une catastrophe stratégique et managériale majeure », estime un ancien cadre. « TUI Group a pourtant injecté 739 millions d’euros dans sa filiale française de novembre 2011 à fin 2019. Des millions d’euros sont partis en fumée, avec les conséquences que l’on connaît sur l’emploi. »

Pour l’ancien cadre, le géant mondial a tout simplement gâché deux fleurons du voyage, Nouvelles Frontières et Marmara, développés avec succès par Jacques Maillot et Hervé Vighier. « Nouvelles Frontières, qui était alors malade, a contaminé un Marmara en bonne santé. »

Or les difficultés, amplifiées par les manques et les erreurs probables de synergies, sont loin d’être terminées. « Après une augmentation de capital réalisée en novembre 2019 pour 292 millions d’euros, TUI va devoir financer les pertes 2019/20 et son plan de restructuration», ajoute l’ancien salarié de l’entreprise. Et ce, alors même que la maison mère allemande, TUI Group, a perdu 1,4 milliard d’euros au dernier trimestre, à cause de la crise sanitaire du Covid-19.

Pour mémoire, le groupe TUI a lancé à grand renfort de communication sa propre marque sur le marché français, à l’occasion de l’IFTM-Top Resa 2003, sans succès. Le grand smiley trônait alors à l’entrée de l’hippodrome de Deauville.

1200 postes déjà supprimés, de source syndicale

Mais c’est finalement par croissance externe qu’il compte percer le marché français. En 2002, TUI finalise le rachat de Nouvelles Frontières, un TO créée en 1967 par le visionnaire Jacques Maillot afin de démocratiser le voyage. Fin 2016, TUI décide d’absorber Transat France (Look Voyages et Vacances Transat). Rapidement, la marque de circuits Vacances Transat disparaît. Plusieurs salariés quittent le navire, à commencer par son capitaine Patrice Caradec. Au cours de l’année 2017, TUI/Transat annonce un plan de 322 départs volontaires. Au total, depuis 2012, plus de 1200 postes ont été supprimés, de source syndicale.

Aujourd’hui, le voyagiste met en place un nouveau plan social… sans doute pour mieux vendre la mariée. La direction de TUI envisage de supprimer jusqu’à 583 postes, sur ses 904 salariés, soit deux emplois sur trois. D’aucuns s’interrogent sur l’avenir de TUI France. « Que peut faire un voyagiste qui se défait de son propre réseau de distribution ? », s’interroge un grand distributeur français. « C’est la chronique d’une mort annoncée, accélérée par le Covid-19 », estime-t-il. Le marché, qui a déjà subi la faillite sismique de Thomas Cook France, n’a pourtant pas besoin de nouvelles secousses.

*exercices se terminant au 30 septembre de chaque année. A noter, comme d’autres TO, TUI France ne respecte pas l’obligation de déposer ses comptes au greffe du tribunal de Commerce : les exercices 2017, 2018, 2019 ne le sont pas.

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1 commentaire
  1. Yves dit

    Une réelle question qui me taraude, moi ex TUI: Le fait d’enrichir les filiales dans d’autres pays a t-il été pris en compte dans ces pertes? Exemple : quand pour une des marques du groupe l’achat de nuitée se faisait en direct auprès d’un hôtelier Espagnole autour 55€/nuit, après la fusion il fallait passer par TUI Espagne pour acheter la même nuitée dans le même hôtel et avec la même prestation, par contre le tarif était passé à 70€ la nuit… Je poserais également la même question pour les achats aériens qui ont bondi quand le groupe à imposé Tui Fly (Belgium) plutôt que des achats auprès d’autres compagnies plus compétitives? Alors il serait ardu et pratiquement impossible a recouper les pertes et les gains repartis sur d’autres marchés. Les Décideurs de TUI ne sont pas fous, ni philanthropes, ils ont acheté leur part de marché en France en liquidant les principaux acteurs de ce même marché. Maintenant, ou plutôt demain quand la crise sanitaire sera passée, ils n’auront plus de réels concurrents pour s’opposer à ce Mass Market!

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