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Tourisme : la France va-t-elle perdre son titre de première destination mondiale ?

En termes de touristes étrangers, l’Espagne s’achemine vers une excellente année 2023. Au point de ravir à la France son titre historique de première destination mondiale ?

Marquée par des fermetures de frontières et des confinements, la pandémie a engendré une crise profonde et inédite dans le secteur du tourisme. Mais l’industrie s’est montrée très résiliente, notamment en Europe.

L’Espagne devrait accueillir cette année 85 millions de visiteurs étrangers, indiquait dès le mois de juillet la presse espagnole. Soit 2 millions de plus qu’en 2019, l’année précédant la crise. Une performance à l’heure où l’inflation engendre un renchérissement des prestations de voyage et des biens de consommation, entraînant de nouveaux arbitrages budgétaires. Au mois d’août, notre confrère Hosteltur évoquait même un total de 86,5 millions de touristes étrangers en 2023.

Sur les neuf premiers mois, l’Espagne enregistre 66,5 millions touristes étrangers, selon l’Institut national de la statistique (-0,6% versus la même période en 2019). Les Baléares et la Catalogne représentent, à elles seules, 44% des arrivées.

La France s’achemine vers 80 millions de touristes étrangers

Quel est le bilan prévisionnel de la France, jusqu’alors première destination mondiale ?

Le cabinet de la ministre déléguée au Tourisme Olivia Grégoire nous a transmis, lundi, ses estimations pour l’année en cours. « Compte tenu des tendances estivales et des perspectives, nous pouvons espérer du point de vue de la fréquentation internationale surpasser, pour l’ensemble de l’année 2023, en recettes, les chiffres de 2022″, précise-t-il. Et donc « atterrir entre 64 et 67 milliards d’euros de recettes, contre 58 milliards d’euros en 2022. » Historiquement, la France occupe la 3e place mondiale au chapitre des recettes touristiques internationales.

Et le cabinet d’Olivia Grégoire d’ajouter que notre pays compte « aussi atteindre entre 78 et 82 millions d’arrivées internationales, contre 90 millions en 2019 ».

Par conséquent, en l’état actuel des estimations, le pays de Dali pourrait dépasser celui de Molière. 

« Au coude-à-coude » avec l’Espagne

« En 2023, nous sommes au coude-à-coude avec l’Espagne », commente, prudent, Christian Mantei, le président d’Atout France. Un point de vue partagé par François de Canson, président d’ADN Tourisme, qui émet des réserves sur la course aux chiffres. « La politique touristique de l’Espagne est-elle la bonne ? questionne-t-il. Être premier à n’importe quel prix a-t-il un sens ? »

Pourtant, quand Laurent Fabius était ministre des Affaires étrangères, la France martelait l’objectif des 100 millions de visiteurs étrangers. Un objectif que son successeur Jean-Yves Le Drian avait d’ailleurs réitéré, tout en évoquant un autre dessein : 60 milliards d’euros par an de recettes touristiques. Cette manne, Paris l’a bel et bien atteinte, grâce notamment à l’inflation.

« Nous avons toujours eu un rôle de leader, parce que nous sommes un pays béni des dieux, avec des paysages extraordinaires et le sens de l’hospitalité, commente aussi François de Canson. Le monde change, il faut retrouver les bons équilibres. On espère que nous y travaillerons tous ensemble, avec l’Etat et Atout France. »

Désormais, la destination espère continuer à bonifier ses recettes. Et devenir la première destination du tourisme responsable, le nouveau « Graal » de très nombreux pays. 

4 commentaires
  1. Jean-Luc Margot-Duclot dit

    Précision : on ne compte pas les gens en transit comme des touristes, saufs s’ils passent au minimum une nuit sur place.
    La France dispose de deux atout maîtres par rapport à l’Espagne :
    – le poids de l’industrie des sports d’hiver qui génère une contribution considérable à activité touristique française, bien supérieur à celui équivalent en Espagne
    – le poids du tourisme urbain, en particulier celui de Paris, première destination touristique mondiale, largement devant Londres et NYC et naturellement Madrid
    Dernier point : le poids beaucoup plus important des foires, salons et congrès en France, bien supérieur celui de l’Espagne, activité encore une fois dominée par Paris mais pas que.
    Conclusion : structurellement, l’Espagne n’est pas près de dépasser la France, même si des accidents conjoncturels peuvent toujours survenir.

  2. Julien Buot dit

    Bonjour. Comme je l’écrivais dans ma dernière tribune pour l’Echo Touristique, en cumulant le nombre de visiteurs étrangers au nombre de touristes dits « domestiques » nous sommes déjà largement au delà des 100 millions de touristes en France … Combien d’Espagnols visitent l’Espagne et combien de Français visitent la France ? Mais à l’heure de l’urgence climatique, des problèmes de gestion des pics de surfrequentation, que veut-on faire du tourisme en France. Un objectif quantitatif ne cache-t-il pas une absence (ou un problème) de vision politique du tourisme ? Au delà des recettes, autre indicateur économique quantitatif, quid des indicateurs de qualité ? Et quid des indicateurs sociaux et environnementaux ? Une destination qui prétend être première et pionnière devrait l’être aussi et surtout en matière de durabilité ! A bon entendeur. Julien Buot

  3. Anonyme dit

    Bonjour,
    Il y a beaucoup d’années, j’avais lu que la France comptait 4 ou 5 millions de touristes allemands alors que les chiffres allemands étaient de 1,5 ou 2 millions d’Allemands vers la France. L’explication est simple. Imaginons une famille de Rhénanie qui a acheté une résidence secondaire en Alsace. Chaque week-end, ils vont compter pour 5 touristes (2 adultes et 3 enfants) et qu’à la question des statisticiens allemands « où passez-vous vos vacances », ils répondent « aux Baléares ».
    Autre cas : 15.000 mexicains avaient acheté un séjour à Londres avec transit par Paris avec un changement d’aéroport à l’aller comme au retour. ils ont été comptabilisés comme 30.000 touristes ayant visité la France.
    a noter que les Espagnols, plus honnêtes ont, semble-t’il retiré les voyageurs en transit (marocains par exemple de leurs statistiques !
    Churchill disait : »je ne m’intéresse qu’aux statistiques que j’ai moi-même rectifiées ! »

  4. Anonyme dit

    Le sens de l’hospitalité s’essouffle fortement en France. Habitant en zone touristique proche de la frontière italienne, y’a pas photo, les italiens sont bien plus sympas tout au long de l’année pour accueillir le visiteur, pas chez nous !

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