Sur la route d’Anuradhapura

Périple initiatique

Ayubowan ! Les mains jointes à hauteur du visage, Rabben accueille des voyageurs, encore engourdis par une nuit d’avion et peut-être aussi vaguement étourdis par l’odeur entêtante que dégage le collier de fleurs de frangipaniers qu’on leur a passé autour du cou. Le minibus démarre en douceur. Des charrettes, des rickshaws pétaradants, et même quelques vaches efflanquées encombrent la route. Les touristes s’efforcent de concentrer leur attention sur le paysage, pour ne pas céder à la panique. A gauche, l’océan, immensité bleu marine, est bordé de plages couleur cannelle ; à droite, les plaines déclinent toutes les nuances de vert. De-ci de-là, des éclats flamboyants, fleurs tropicales ou saris mis à sécher au soleil. La route quitte bientôt la côte, serpente à travers collines et rizières, traverse des bourgades animées… La vie défile derrière la vitre. Au loin, la silhouette d’un immense dagoba blanc annonce la ville Anuradhapura. Déjà ! De fait, les cinq heures annoncées ont passé à toute vitesse. Anuradhapura, la plus importante des cités anciennes du Sri Lanka, est une ville sainte du bouddhisme. Sur le site, les pèlerins sont plus nombreux que les touristes. Peu de circuits s’y attardent, certains zappant même l’étape. Pourtant, la visite des ruines de celle qui fut, quatorze siècles durant, la capitale du royaume de Lanka, aide à comprendre les enjeux actuels de cette petite île d’Asie du Sud que se disputent bouddhistes (Cinghalais) et hindouistes (Tamouls) depuis la nuit des temps…