Pest ou Buda

Votre bain, vous le préférez chaud ou froid ? Plutôt oriental, à la turque ou Art déco ? Vous le prendrez nu ou en maillot ? Avec ou sans musique ? Dans un bassin mixte ou unisexe, en intérieur ou en plein air ?… A Budapest, pour les rhumatisants comme pour les bien-portants, le thermalisme est d’abord, depuis des siècles, un art de vivre. Et les bains, furdö, une cérémonie que chacun agrémente selon ses goûts. Il faut dire qu’avec sa centaine de sources d’eau chaude qui alimentent bassins, piscines, hammams ou centres thermaux ouverts à tous, la capitale hongroise invite à la trempette. Celle-ci a ses rituels, qui peuvent déconcerter. Qu’on choisisse la tradition avec les bains turcs (Ruda, Kyrali…), la version Art Nouveau aux célèbres Bains Gellert, ou l’option baroque aux splendides Bains Szechenyi en bordure du Bois de ville, il y a des règles à respecter : ne pas se tromper de file d’attente à l’entrée, suivant qu’on a, ou pas, une ordonnance médicale ; choisir le bon tarif sachant qu’une partie peut être remboursée à la sortie ; respecter la procédure du vestiaire, avec préposé qui ferme derrière vous la porte du casier et la marque solennellement à la craie, selon un code énigmatique. Ensuite, une fois dans le bain, il n’y a plus qu’à se couler voluptueusement dans l’ambiance tiède et embuée des lieux, une belle expérience, surtout lorsqu’en plein air il fait moins de 0 °C ! Les uns somnolent dans l’eau, d’autres lisent le journal, les habitués jouent aux échecs en éclusant quelques bières… Une philosophie du bien-être sans chichi !