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Myriam Tord (Helpdesk) : « Nous n’avons jamais géré autant d’aléas climatiques »

Comment s’est déroulé l’été au sein des agences de voyages ? La réponse de Myriam Tord, cofondatrice du Helpdesk officiel des pros du tourisme, et conseillère chez Versailles Voyages.

Quel est le bilan global de l’été, pour les membres du Helpdesk ?

Myriam Tord : Le Helpdesk n’a pas connu de véritable pause, contrairement à d’autres étés. Habituellement, le mois d’août est relativement calme, même si les agences répondent aux questions des clients sur place. Nous avons continué à recevoir des demandes pour de nouveaux devis. Au niveau de l’agence Versailles Voyages pour laquelle je travaille, nous avons ainsi engrangé quelques dossiers de dernière minute. Mais surtout, comme me l’ont confirmé des commerciaux, nous recevons beaucoup de demandes pour septembre, octobre, cet hiver et 2024. Il s’agit de beaux dossiers, long-courriers, sur-mesure, à la carte. L’été a également été marqué par des aléas climatiques bien sûr. Nous ne l’avons jamais autant ressenti. Entre les incendies à Rhodes en Grèce, au Canada et aux Etats-Unis, et maintenant la tempête Hilary en Californie, l’été a été très actif à ce niveau-là. Sans parler de l’éruption volcanique de l’Etna. Les agences ont dû se tenir bien informées toute la saison.

Vous avez davantage fait face à des problématiques liées aux aléas climatiques qu’à des annulations de vols ?

Myriam Tord : Oui, complètement. Entre les feux, les canicules, les fortes pluies, nous n’avons jamais géré autant d’aléas climatiques. Ce qui amène les clients à nous poser ce type de questions : « mon hôtel est-il touché ? » « L’environnement de mon lieu de vacances aussi ? » Des agences ont également dû s’organiser avec leur TO pour reloger ou reprotéger des vacanciers.

Si les voyagistes n’investissent pas davantage dans la qualité de service, ils vont continuer à perdre des clients au profit des réceptifs.

Le dérèglement climatique impacte donc désormais le métier d’agent de voyages ?

Myriam Tord : Oui, totalement. Avec des impacts négatifs comme les incendies et leurs conséquences sur l’environnement comme sur l’activité touristique. Mais aussi des impacts positifs. Il n’y a plus vraiment de saison. Tu peux faire partir des voyageurs sur des destinations long-courriers presque toute l’année. Contre toute attente, par exemple, Guillaume Linton (président d’Asia, NDLR) a actuellement beau temps au Cambodge. C’est pourtant la saison des pluies… Peut-être les voyages hors-saison vont-ils se développer – même si le climat reste aléatoire. Ce qui permettrait de limiter les pics de fréquentation en haute saison.

Au printemps, d’aucuns redoutaient de nombreuses annulations aériennes, comme ce fut le cas l’an passé. Finalement, les compagnies ont peu consolidé leurs vols ?

Myriam Tord : Nous avons noté quelques annulations avant l’été. C’est tout.

Lors des aléas de l’été, qu’ils soient liés aux dérèglements climatiques ou pas, les voyagistes vous ont-ils bien accompagnés pour régler les problèmes ?

Myriam Tord : Nous avons toujours un souci au sujet des numéros d’urgence des TO et des autres prestataires. Ces numéros existent, ils sont sur les vouchers. Mais personne ne décroche, ou bien la personne qui répond est incapable de prendre en charge nos demandes. Il faut y remédier, avec la mise en place de véritables assistances. Si les voyagistes n’investissent pas davantage dans la qualité de service, ils vont continuer à perdre des clients au profit des réceptifs qui répondent vite via WhatsApp. A défaut de le faire en interne, ils peuvent souscrire à des outils d’assistance comme TravelAssist ou Onspot.

Quid de l’inflation, marronnier de l’année ?

Myriam Tord : Si des voyageurs réservent déjà pour 2024, c’est justement pour échelonner leur budget de vacances, et obtenir de meilleurs prix. Les clients ont compris qu’en réservant plus tôt, c’était moins cher. Surtout, ils veulent des voyages plus qualitatifs. Ce qu’on prépare à l’avance, c’est un voyage, pas les vacances.

Côté destinations, la Corse a visiblement connu un été mitigé, et certains invoquent justement les prix prohibitifs des vacances sur place. C’est aussi le cas en agence ?

Myriam Tord : Sur la Corse, les prix des billets d’avion étaient juste délirants. Nous avons effectivement enregistré peu de ventes sur cette destination au sein de mon agence. A titre de comparaison, les îles Baléares, moins chères, ont très bien fonctionné.

1 commentaire
  1. Guillaume Linton dit

    Surprenant effectivement de constater après 3 semaines de périple estival en Asie du sud-est (Vietnam, Cambodge et Laos), que la mousson d’été, caractérisée habituellement par une alternance d’épisodes pluvieux et d’éclaircies en journée, avec quelques averses courtes mais intenses en soirée, n’est pas du tout d’actualité dans la région cette année.

    Sans parler de sécheresse pour autant, le soleil et les ciels bleus franchement dégagés, avec des températures ressenties de 27 à 30 C⁰ ont largement dominé nos journées depuis notre arrivée fin juillet. Dérèglement climatique, retour du phénomène El Nino, dépressions thermiques décalées dans la saison, difficile d’expliquer ce climat particulièrement agréable cet été.

    Pour autant, tous les autres ingrédients de ce que les locaux appellent ici la « green season » sont quant à eux bien au rendez-vous :
    – une végétation luxuriante, qui se décline dans toutes les nuances de vert, des forêts denses, aux mangroves, plantations et rizières d’un vert intense
    – une lumière chaude (rouge ou orange en fin d’après-midi, typique de l’ensoleillement estival) idéale pour les photographes amateurs de tous poils
    – la très faible affluence sur les grands sites culturels et naturels : des allées désertes sur le site classé d’Angkor, à la baie d’Halong plus paisible que jamais, en passant par les temples romantiques à souhait de Luang Prabang, cette faible fréquentation touristique s’explique par l’absence de la clientèle chinoise, pas encore de retour dans la région (plus de 30% des visiteurs avant covid) et la basse saison touristique pour les clientèles régionales (vietnamiens et thaïlandais privilégient les plages du sud)
    – les tarifs très abordables dans les hôtels (de 20 à 40% inférieurs à la saison « sèche » de novembre à mars), l’accès facilité aux meilleures tables et aux activités de plein-air (réservations obligatoires en hiver) et le personnel aux petits soins puisque beaucoup moins débordé… sans parler des tarifs aériens régionaux et internationaux plus abordables vers l’Asie du sud-est à cette période de l’année !

    Phénomène pérenne ou non, je suis convaincu, comme Myriam, que les voyageurs avertis (et bien conseillés !) sauront apprécier cette « saison verte » pour voyager à contre-courant en Asie du sud-est, dans de bien meilleures conditions, tout en contribuant à une répartition plus équitable des flux touristiques dans la région.

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