Londres : l’effet de change compense la crise

Les Français ont aimé le Royaume-Uni en 2008. Leur fréquentation a augmenté de 7 % en un an, à 3,4 millions d’arrivées. La France se place juste derrière les États-Unis, qui décrochent de 13 %, à 3,8 millions d’arrivées. « Le taux de change favorable vis-à-vis de l’euro va encore nous aider. La progression, que nous devons probablement au shopping de fin d’année, ou aux théâtres devenus plus abordables, est de bon augure en ce début d’année 2009 », estime Christopher Rodrigues, président de l’Office national de tourisme Visit Britain. Oubliée, la livre à 10 francs : fin décembre, le cours de la monnaie anglaise était descendu à 1,08 E, et le rebond observé en février (1,13 E) n’a pas entamé l’enthousiasme des visiteurs français, venus en masse profiter de soldes affichant jusqu’à – 80 % dans les magasins. À Londres, pourtant, les professionnels du tourisme ne débordent pas d’optimisme. Dans l’hôtellerie, une étude du consultant PKF a établi un recul de 1 % sur le prix de vente moyen des chambres en 2008, à 138 £. « On observe de fortes tensions sur le segment 5, délaissé en semaine par la clientèle d’affaires, au profit de la catégorie inférieure », remarque Gilbert Faddoul, coordinateur des ventes au Sofitel St James (186 chambres) à Londres. « Les prix moyens en 5* ont tendance à baisser le week-end. Résultat, nous affichons de bons taux d’occupation. Quand nos prix se rapprochent des 4*, à 40 E de différence, la clientèle de loisirs s’offre un petit plaisir en extra. À nous de gérer le bon yield, semaine après semaine. »

PARITÉ ET PRIX CASSÉS

Chez les voyagistes, Londres est devenu un produit réactif aux promotions. En mai et juin, Transeurope proposera des forfaits à prix cassés : 119 ou 129 E, en formule transport et une nuit d’hôtel en 2* à Knightsbridge. « Nous testons la promo pour 40 sièges par date, sur le modèle des ventes privées par Internet », précise Benoît Thepenier, directeur commercial de Transeurope. Même politique promotionnelle chez Euro Pauli où Sylvie Nahon, directrice de production, a déjà lancé une opération week-end à Londres au moment de la baisse de la livre. Résultat : 800 ventes immédiates, sur un stock de forfaits train plus deux nuits à 175 E par personne. Sur Eurostar, l’attractivité tarifaire des réceptifs à Londres est une aubaine, dans une conjoncture marquée par les tensions sur les voyages d’affaires. Sur la période des soldes, entre le 26 décembre et le 31 janvier, le train a enregistré 15 % d’augmentation du trafic voyageurs loisirs. Le trafic perturbé après l’incendie dans le tunnel le 11 septembre 2008 (93 % des trains assurés cet hiver) n’a pas affecté les performances du réseau. Après les réparations réalisées dans le tube du côté de Coquelles, les circulations normales reprendront le 23 février. Pour Visit Britain, le proche avenir touristique de la capitale dépendra du maintien de la parité euro/livre, mais aussi de la réussite d’une campagne de promotion basée sur les forfaits bradés, que les hôteliers préparent avec les compagnies aériennes. « Rares sont les autres marchés qui affichent d’aussi bonnes performances que la France », insiste Christopher Rodrigues. Pour animer leur année touristique, les Londoniens misent sur les événements traditionnels, devenus plus abordables (marathon en avril, Wimbledon en juin), et sur une série d’événements culturels comme l’ouverture, le 9 mars, de l’exposition British Music Experience, une anthologie de la pop anglaise, présentée sous la bulle de la salle O2, à Greenwich.