Corsica Ferries : Le trafic assuré par la SNCM ne disparaîtra pas
Alors que la SNCM, en dépôt de bilan, n’est pas à l’abri d’une liquidation judiciaire, nous avons interrogé Pierre Mattei, le directeur général de la compagnie concurrente Corsica Ferries.
L'Echo touristique : Si une liquidation judiciaire de la SNCM devait être prononcée, la Corse pourrait-elle se passer de la desserte maritime assurée par cette compagnie ?
Pierre Mattei : La question ne se pose pas en ces termes. Aujourd’hui, le trafic au départ de Marseille est assuré par la délégation de service public, qui est financée et valable pour 10 ans [et a été confiée depuis le 1er janvier 2014 à la SNCM et à la CMN/La Méridionale, ndlr]. Quel que soit l’avenir de la SNCM, je ne vois pas de raison que cette DSP disparaisse ou qu’il n’y ait pas deux compagnies pour en assurer la charge. Qui l’opérera à l’avenir, ça c’est autre chose.
Cela veut-il dire qu’il y aura forcément un opérateur pour remplacer la SNCM au cas où cette dernière venait à disparaître ?
Tout le monde s’accorde sur ce point. Les navires opérés aujourd’hui par la SNCM continueront à naviguer entre Marseille et la Corse dans le cadre de la DSP. Ils porteront peut être le nom d’une autre compagnie, mais la disparition pure et simple du trafic qu’ils assurent aujourd’hui, c’est une hypothèse que je n’envisage pas. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur ce sujet.
Si la SNCM échappe à une liquidation et trouve un repreneur dans le cadre d’un redressement judiciaire, vous opposerez-vous à la transmission de la DSP à ce repreneur ?
La question de la transmissibilité de la DSP n’est pas de notre ressort. Si quelqu’un doit l’autoriser, c’est la Collectivité territoriale de Corse ou l’Europe. Nous ne pouvons pas spéculer sur ce qui se passera après.
Vous préparez-vous à d’éventuelles grèves ou actions de blocus de la part des personnels de la SNCM?
Malheureusement, nous sommes habitués à ces grèves et cela peut arriver encore. Il y en a eu trois cette année, dont une avec un blocage du port de Marseille, ce qui toutefois ne nous a pas touché puisque nous ne sommes pas présents dans ce port. A ce stade, on ne se prépare donc ni plus ni moins que d’habitude à ce type d’événements.
Dans le contexte d’incertitude concernant la SNCM, les professionnels du tourisme se rapprochent-ils davantage de vous pour faire voyager leurs clients ?
Nos contrats avec les professionnels ne portent pas sur des réservations de stocks de sièges, comme cela pourrait exister dans l’aérien, car notre offre est telle qu’ils trouvent presque toujours de la capacité. Mais il est certain qu’on constate actuellement une hausse très importante des ventes, via les professionnels du tourisme notamment, pour l'année 2015. Ceci dit, nous avons aussi, cette année, ouvert trois semaines plus tôt nos réservations pour la prochaine saison, ce qui doit participer à la hausse.
