L’Egypte durcit les formalités de visas dans un grand flou
A compter du 15 mai, les voyageurs se rendant en Egypte sans passer par une agence de voyage ou un tour-operateur ne pourront plus, a priori, obtenir leur visa à l'arrivée, comme c'était le cas jusqu'à présent. Une décision qui demande encore à être précisée.
L'Egypte est prise entre deux feux.
D'un côté, la volonté de redresser le tourisme, un secteur crucial pour son économie mais aujourd'hui exsangue avec des recettes qui ont chuté de 55% en 4 ans.
De l'autre, l'impérieuse nécéssité de rassurer en renforçant les contrôles aux frontières et le dispositif de sécurité, le pays étant en proie, depuis plusieurs mois, à des attentats à répétition.
Du flou dans la formulation
De là, la décision annoncée hier par les autorités – qui peut surprendre – mais s'inscrit dans un contexte sécuritaire aigu. A partir du 15 mai, "les voyageurs venant par le biais d'agences de tourisme pourront toujours acheter leur visa à l'arrivée. Ceux arrivant en individuel devront faire la demande de visa auprès des consulats égyptiens à l'étranger", ont précisé à l'AFP des responsables des ministères duTourisme et des Affaires étrangères.
La formulation prête à interprétation. Logiquement, on comprend que désormais seuls les visiteurs en possession d'un forfait ou d'une prestation acquise auprès d'une agence de voyages ou d'un tour-opérateur pourront acheter leur visa à l'arrivée à l'aéroport, les voyageurs titulaires d'un simple vol sec devant, eux, obtenir leur visa auprès des autorités consulaires de leur pays avant leur départ.
"Mais la notion d'individuel qui renvoie à celle de groupe n'est pas claire", reconnaît-on à l'Office de tourisme d'Egypte à Paris. "Faudra t-il forcément voyager dans le cadre d'un circuit organisé? Ou un individuel qui a acheté un séjour auprès d'une agence en ligne par exemple est-il aussi concerné ? Nous espérons obtenir rapidement des éclaircissements", nous confie l'OT.
Une décision qui fait polémique
L'annonce, en tout cas, fait déjà polémique en Egypte. "Cette décision pourrait être revue", a affirmé un haut responsable égyptien de la sécurité sous couvert d'anonymat à l'AFP. "Elle répond à l'objectif de sécurité, mais pour un pays qui attire les touristes, il y a une crainte qu'elle ait un impact négatif".
D'après le ministère du tourisme égyptien, seulement 5 à 7% des touristes arrivant en Egypte viennent sans passer "par une agence de tourisme" . Une mesure similaire avait déjà été prise en 2011, puis abandonnée trois jours plus tard.
Quelque 10 millions de touristes se sont rendus en Egypte en 2014, contre près de 15 millions en 2010. Sur le marché français, le recul est encore de 24% en 2014 avec 145 000 arrivées, contre 700 000 en 2010.
