L’ASIE voit l’avenir en grand

Certaines sont sur la crête de la vague (Japon, Iran, Thaïlande, Bali), d'autres sont tirées vers le haut (Viêt Nam, Birmanie, Inde, Sri Lanka) ou émergentes (reste de l'Indonésie, Asie centrale, Corée, Philippines, Bangladesh). Mais quelques-unes ont dévissé (Chine, Maldives, Népal). Au global cependant, la tendance est au beau pour les destinations asiatiques. Quand le tourisme mondial augmente de 5 % sur les quatre premiers mois de 2016, l'Asie-Pacifique (incluant donc aussi Australie et Nouvelle-Zélande) affiche la plus forte progression des arrivées mondiales, à +9 % selon l'Organisation mondiale du tourisme. Et les chiffres du Syndicat des entreprises de tour-operating (Seto) et du baromètre Les Entreprises du voyage/Atout France montrent un engouement croissant du marché français pour le continent.

René-Marc Chikli, président du Seto, l'explique d'abord par « les facilités plus grandes de l'accès aérien, notamment via les hubs du Golfe en même temps qu'une politique de prix attrayante ». Yannick Barde, codirecteur de la production d'Asia, observe un glissement de clientèle du moyen vers le long-courrier grâce aux prix de la Thaïlande, du Sri Lanka ou de l'Inde. « C'est le continent d'avenir du tourisme en outgoing et en incoming, ajoute Emmanuel Foiry, PDG de Travel Lab Kuoni France. Il profite des difficultés du monde arabe, mais pas seulement : c'est structurel et conjoncturel. » Pour Christophe Barrère, directeur de production de TUI France, « l'Asie, réputée attractive en rapport qualité/prix, a compris l'art de recevoir et est considérée comme sûre et stable. On s'y déplace facilement ».

Le retour du Japon

Depuis deux ans, la vedette incontestable est le Japon. « Il bénéficie d'un effet post-Fukushima qui avait plombé la destination », selon Yannick Barde. « Les clients sont de retour car ce pays reste une valeur sûre pour ceux qui ont des revenus. Du pain béni pour les TO parce qu'il n'est pas simple d'y voyager seul », pour René-Marc Chikli. « Beaucoup de compagnies assurent la desserte, ajoute Dominique Colliot, directrice de production des Maisons de la Chine et de l'Indochine, mais la remontée du yen et les rénovations d'hôtels, qui commencent pour les JO de 2020, font remonter les prix. » Ce qui fait craindre une tension sur les stocks. À moindre échelle, l'Iran aussi attire les visiteurs. « Avec les clients désertant Maghreb et Proche-Orient, c'est un marché florissant pour nous depuis l'accord historique sur le nucléaire iranien de 2015 », indique Hervé Tribot La Spière, PDG d'Explorator. Mais comme au Japon, l'hôtellerie sature et les prix explosent, selon Yannick Barde.

Une offre renforcée

La Thaïlande, facile et idéale pour une première découverte de l'Asie, continue d'être un poids lourd du marché, « grâce à ses prix abordables », remarque Dominique Colliot. À l'instar de Bali et du Sri Lanka, le pays fait face à une « balnéarisation croissante », remarque-t-on chez Asia. La Thaïlande résiste mais reste à surveiller après les attentats de la mi-août. Quant au regain d'intérêt pour le Viêt Nam, Dominique Colliot l'attribue à la suppression des frais de visa en 2015, renouvelée cette année. La suppression du visa joue aussi pour l'Indonésie, pénalisée par son statut de destination musulmane, mais en pleine reprise grâce aussi aux efforts d'un nouvel Office de tourisme installé à Paris. En revanche, pour René-Marc Chikli, « le succès de l'Inde est épisodique et compliqué par sa politique de visas, et le Sri Lanka va souffrir de la suppression de sa ligne aérienne au départ de Paris ». Globalement, Asia attend une croissance de 10 % en 2016, mais Yannick Barde observe que l'Asie est un terrain convoité par tous les TO qui y musclent leur offre : « Nous y sommes de moins en moins seuls. »