Ferries : qui sont les acteurs de la bataille navale corse ?
SNCM, Corsica Ferries, La Méridionale, Corsica Linea… Avec ses nombreux opérateurs et ses remous judiciaires, la desserte maritime de la Corse a des allures de jeu d’énigme. Pour s’y retrouver, portraits des principales compagnies de ferries, bien installées, en difficulté ou en gestation.
Touchée, mais pas coulée. Placée en redressement judiciaire en novembre 2014, puis rachetée un an plus tard par le groupe Rocca, l’ex-SNCM, rebaptisée depuis Maritima Ferries, est le symbole à elle seule du temps de tempête que traverse la desserte maritime de la Corse depuis de longs mois.
Les compagnies privées se livrent à une véritable bataille pour les liaisons entre la Corse et le continent français, tandis que la Collectivité territoriale de Corse entend créer une compagnie régionale d’ici l’été 2016. De leur côté, Maritima Ferries et La Méridionale, qui assurent conjointement la délégation de service publique (DSP), seront confrontées en 2016 à une refonte totale de cette DSP qui doit prendre fin en octobre.
Après une année très agitée – on se souvient du "Stena Carrier" de Corsica Linea, toute jeune compagnie lancée par les recalés à la reprise de la SNCM, bloqué à Marseille par des marins de l’ex-SNCM –, le climat montre des signes d’apaisement, comme en témoigne le rapprochement entre Maritima Ferries et Corsica Linea. Mais le marché doit aussi compter avec de nouveaux acteurs, privé et public…
Maritima Ferries, l'ex-SNCM
Ces quatre initiales ont fait la Une de l’actualité pendant plus d’un an, de grèves en rebondissements judiciaires. La SNCM, rebaptisée Maritima Ferries le 21 janvier, opère des services réguliers entre le continent français et la Corse depuis Marseille. Assurant, conjointement avec La Méridionale, une délégation de service public (DSP), elle reçoit à ce titre une compensation financière de l’Etat. Elle devra cependant compter en 2016 avec une refonte totale de cette DSP.
Après plusieurs années de déficit, l’ex-SNCM est condamnée en 2013 par la Commission européenne à rembourser 220M€ d’aides publiques indues perçues entre 2007 et 2012, montant porté par la suite à 440M€ en raison de l'inaction de la France pour récupérer cette somme. Un coup dur. Placée en redressement judiciaire en novembre 2014, la compagnie est rachetée par le transporteur corse Patrick Rocca un an plus tard. Sur un total de 1500 emplois, 873 sont conservés. Maritima Ferries reste fragile. Le 27 janvier, la nouvelle direction annonce un rapprochement avec Corsica Maritima qui se lance sur le marché de la croisière maritime corse sous la marque Corsica Linea, présentée initialement comme la "sœur ennemie" de Maritima Ferries. Il s'agit, selon un communiqué de Maritima Ferries, d'"assurer la pérennité de la compagnie et des 900 emplois sauvés et répondre aux aspirations de la Collectivité Territoriale de Corse qui a lancé la réflexion sur l'avenir des dessertes maritimes entre la Corse et le continent, dans un contexte de baisse des subventions publiques". Ce protocole entre les deux parties prévoirait l'entrée, au capital de CM Holding (société mère de Corsica Maritima) de Maritima Ferries.
Corsica Ferries, la privée
Leader sur le marché du transport de passagers entre la Corse et le continent français, Corsica Ferries assure des liaisons entre la Corse, la Sardaigne et les côtes italiennes et françaises. Contrairement à ses deux principales concurrentes, La Méridionale (CMN) et Maritima Ferries (ex-SNCM), elle n’assure aucun départ de Marseille afin de se concentrer sur les ports de Nice et de Toulon, et ne participe pas à la délégation de service public (DSP) destinée à maintenir des lignes entre la Corse et le continent. Corsica Ferries, créé par Pascal Lota décédé en janvier dernier, s’est imposée en adoptant un modèle économique low cost.
La Méridionale, ou Compagnie méridionale de navigation (CMN)
La Méridionale assure avec sa concurrente Maritima Ferries (ex-SNCM) la délégation de service public sur la liaison Corse-continent organisée par l'Office des transports de la Corse. Mais cette DSP sera complètement revue en 2016. L'actuel contrat a été résilié en avril 2015 par le Tribunal administratif de Bastia, l'annulation prenant effet à compter d'octobre 2016. Appartenant au groupe STEF, spécialiste européen du transport frigorifique, La Méridionale assure un service quotidien de traversée en ferry pour la Corse, ainsi qu'une liaison deux fois par semaine vers la Sardaigne.
La petite nouvelle : Corsica Linea
C'est la dernière-née des compagnies maritimes assurant la liaison Corse-continent. Elle est a été créée par un consortium d'entrepreneurs corses, Corsica Maritima, associé à l'armateur Daniel Berrebi, tous deux candidats malheureux à la reprise de la SNCM. Lorsqu’elle débute son activité le 4 janvier, son cargo battant pavillon danois est bloqué plusieurs jours en rade de Marseille par des marins grévistes de l'ex-SNCM et de La Méridionale jugeant que cette nouvelle ligne représente une "concurrence déloyale". Opérant trois rotations hebdomadaires entre Bastia et Marseille, Corsica Linea a annoncé l’acquisition de deux autres navires permettant de transporter des passagers. Le 27 janvier, elle scelle un accord de paix avec Maritima Ferries (ex-SNCM) dans le cadre d'un rapprochement dont les modalités restent à préciser.
La "revenante" : Moby Lines
L’italienne Moby Lines, qui avait positionné un navire entre Toulon et Bastia en 2010 avant de le retirer un an plus tard, a annoncé son retour sur la liaison saisonnière entre la Corse et le continent. A partir du 1er juin, elle assurera une rotation quotidienne avec le Moby Zaza entre Nice et Bastia. Un come-back rendu possible, selon la compagnie, par l’extension de sa flotte suite à plusieurs rachats, dont celui du Moby Zaza. À partir du 28 septembre, le rythme des traversées passera à deux par semaine.
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