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Un été sous perfusion

Nuage intermittent, tourmente financière, euro faible, les indicateurs sur la saison estivale ne sont pas au vert, sauf sur la destination France. Les tour-opérateurs soutiennent le marché à grands coups d’animations et de promotions. Même en très haute saison.

Surtout ne pas relâcher l’effort ! Fin mars-début avril, les tour-opérateurs pensaient entrevoir l’éclaircie tant attendue, avec une reprise qui semblait s’affermir. Mais l’épisode nuageux du volcan islandais Eyjafjöll a de nouveau brouillé la visibilité estivale. Le tout sur fond de crise financière européenne avec la Grèce aux premières loges et des perspectives de plan de rigueur pour d’autres États membres de l’Union européenne, comme l’Espagne, le Portugal et… la France. « Ce n’est jamais bon pour le tourisme quand on commence à parler de récession, d’austérité, commente Hélion de Villeneuve, directeur commercial de Thomas Cook-Jet tours. Et comme l’euro a des accès de faiblesse, nous allons être pénalisés pour nos achats en dollars. » Bref, l’adversité est sur tous les fronts. Et en agences, la morosité ne fait aucun doute. Mai et juin sont traditionnellement des mois de départ plutôt creux, et cette année juillet et août ne semblent pas plus avancés. « Comme l’an dernier à la même période, les clients n’ont pas encore réservé leurs vacances d’été. On a l’impression que, désormais, tout est bon pour attendre », note Alain Villedieu, le directeur de l’agence Laumière Voyages à Paris.

« SANS TEMPS MORT COMMERCIAL »

De l’avis général, la faillite de la Grèce, et surtout l’éruption du volcan islandais, ont fragilisé un marché déjà gagné par l’incertitude. « Ce n’est pas une période faste. Les espoirs de reprise nés en début d’année sont retombés », estime Didier Calas, le directeur de l’agence l’Atelier des Voyages à Sète (34). « Il est vrai qu’on sent un attentisme très fort, confirme Patrice Caradec, président de Transat France. Pas du côté des voyageurs, ils se sont déjà décidés et nous anticipons un bel été. Nous sommes même obligés de restocker pour répondre à la demande, et nous ajoutons des dates de circuits à départs garantis. La situation est très différente pour les vacanciers, les familles principalement, qui se focalisent sur le produit club et deviennent, face à l’offre pléthorique, plus attentistes et exigeants ». Pour décider les clients, les voyagistes n’ont donc pas d’autre choix que d’animer en permanence quitte à faire de la surenchère promotionnelle. « Il faut faire du buzz, sans temps mort commercial. C’est la meilleure réponse à la conjoncture », insiste Hélion de Villeneuve en commentant les deux opérations, d’ampleur inédite, Prix fous de Jet tours et Printemps en folie de Thomas Cook, lancées début avril et qui viennent d’être prolongées. Doublées d’une offrePremier enfant 100 % gratuit en juillet-août dans une sélection d’Eldorador. Tout aussi actif, Fram, qui veut animer le marché de « façon visible », frappe un grand coup avec ses Best Offres. Annoncée au lendemain de l’épisode nuageux, l’opération, planifiée de longue date, est tombée à pic. « Les offres sont relayées et appuyées, au fur et à mesure de leur mise en place, par des campagnes de publicité. Les newsletters, affichettes, promos du mercredi envoyées aux agences sont customisés depuis le 1er mai et jusqu’à mi-juillet aux couleurs des Best Offres de Fram », explique Serge Laurens, directeur marketing. Sans surprise, la première de ces offres cible les familles avec des vacances gratuites pendant tout l’été pour les enfants à Marrakech dans les deux Framissima. Les familles sont aussi l’objet de toutes les attentions chez NF, avec l’offre Enfants gratuits du 1er juillet au 6 septembre dans six Nouvelles Frontières Hôtels Clubs et chez Marmara, qui propose 50 % de remise au premier enfant et 100 % au deuxième en juillet-août.

DU JAMAIS VU EN HAUTE SAISON

« Nous ne sommes pas en retard en prises de réservations par rapport à 2009, qui était déjà un bon cru. Mais sur un marché difficile, il faut occuper le terrain », remarque René Thibaud, directeur commercial de Marmara. Look, qui lancera fin mai-début juin, ses offres familles et deuxième semaine en Lookea à prix promotionnels, offre aussi 50 % de réduction à la seconde personne en Grèce et en Italie. « Nous avons envoyé nos acheteurs pour renégocier des avantages tarifaires avec les hôtels », explique Patrice Caradec. Bref, du jamais vu en haute saison. Et pourtant, le vacancier continue d’attendre. « Cela reste encore insuffisant pour activer les ventes. Et je le comprends. Avec tout ce qui se passe en ce moment, qui a encore envie de prendre l’avion ? Il faut faire le dos rond et attendre. Les clients finiront bien par revenir », espère Hélène Laperrière, directrice de Laperrière Voyages à Oyonnax (01). Si elle ne convainc pas les clients, cette accumulation de promotions ne reçoit pas non plus toujours un écho positif en agences. « Les TO ont accéléré la cadence des promotions, ça devient compliqué et on s’y perd. Ce n’est pas un signe encourageant pour le marché et cela nous pénalise en agences, car cela baisse nos marges », affirme Didier Calas, directeur de l’agence sétoise l’Atelier des Voyages. Certains opérateurs s’en sortent pourtant beaucoup mieux que d’autres. Ainsi, les spécialistes de la France voient leurs taux de réservations s’envoler depuis plusieurs semaines. Doit-on y voir un effet nuage ? « Aucun baromètre d’analyse ne permet de tirer de conclusions. Mais pour les séjours compris entre le 1er mai et le 26 juin, nous enregistrons une augmentation du nombre de pax de + 11,5 % », indique Line Baudu, directeur général de Lagrange. Et cette tendance se confirme sur l’été avec une progression de près de 15 % pour les séjours jusqu’à fin octobre.

UN LÉGER REPORT EST CONSTATÉ

Produit sûr, sans voiture, idéal pour les familles, les résidences de tourisme sont devenues une valeur refuge. Si le secteur n’échappe pas non plus aux ventes de dernière minute et attire, lui aussi, une clientèle à la recherche de petits prix, il se construit sans recours aux promotions en haute saison. « Ce sont surtout des appartements à la montagne et à la campagne qui ont été réservés pour cet été, explique la direction d’Odalys, ce sont les moins chers. Néanmoins, il n’y aura pas de promotion massive sur juillet-août, car ce n’est pas nécessaire. La Méditerranée se remplit toute seule et la Côte atlantique est en avance. Il y aura des ajustements sur certaines résidences, mais qui n’interviendront jamais des mois à l’avance. » Les agences profitent-elles de ce regain pour la France ? « On constate un léger report, mais nous en bénéficions très peu », indique Didier Calas. Dans ce contexte d’incertitude, ne serait-ce pas l’occasion pour elles de faire, enfin, des ventes France un relais de croissance ? « Les clients n’ont pas besoin d’une agence pour organiser un voyage en France. Moi-même je réserve sur Internet pour mes vacances », confie Hélène Laperrière. Tout est dit… et l’été, donc, loin d’être gagné.

« Il faut faire le dos rond et attendre. Les clients finiront bien par revenir »

Les spécialistes de la France voient leurs taux de réservations s’envoler

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