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Transavia sème le trouble

Les destinations estivales de la nouvelle filiale d’Air France, Transavia, récemment dévoilées, suscitent la grogne chez les compagnies charters françaises, qui se sentent directement concurrencées. Elles préparent déjà la riposte.

Redonner de la vigueur au pavillon touristique français et concurrencer les compagnies low cost… C’est le mot d’ordre qui avait été avancé par la direction de Transavia, lors du lancement par Air France de sa filiale mi charter-mi low cost, à la mi-mars. Alors que la compagnie vient de dévoiler les neuf premières lignes qu’elle opérera à partir du 12 mai (voir carte), le moins que l’on puisse dire est que ce sont précisément les transporteurs charters français qui vont subir le plus fortement la concurrence du nouvel opérateur. Avec à la clé quelques grincements de dents…

Le problème de fond est que l’administration française décourage depuis des années le développement des compagnies touristiques françaises, dénonce Arezki Idjerouidène, PDG d’Aigle Azur. Il a fallu plus de deux ans pour qu’Aigle Azur obtienne des droits de trafic vers l’Algérie, alors que seule Air Algérie opérait des lignes. Pour la Tunisie, l’attente a dépassé deux ans et demi ! Si on avait déverrouillé le système plus tôt, nous aurions un pavillon français beaucoup plus fort.

Concernant les lignes qui ont été dévoilées par Transavia, le PDG d’Aigle Azur se dit clairement attaqué. Même s’il est toujours bon de voir arriver une nouvelle compagnie dans le ciel français, les ouvertures de lignes au départ d’Orly vers Porto, Agadir, Oujda ou Djerba me semblent être destinées avant tout à nous concurrencer de manière frontale, notamment pour capter le trafic ethnique qui a toujours été l’une de nos cibles, remarque encore Arezki Idjerouidène.

La guerre des prix a commencé

Aigle Azur reste néanmoins confiant dans ses capacités de résistance. Avec une flotte de 11 appareils, nous pouvons faire face. Si on nous attaque trop durement sur une destination, nous irons sur une autre. La compagnie a d’ailleurs déjà lancé la riposte. Au tarif d’appel de 49 E TTC proposé par Transavia entre Paris et Porto, elle a répliqué en lançant l’aller simple à 44 E TTC ! Il n’y aura pas de bataille généralisée des prix. Je demande seulement que la concurrence soit loyale et se fasse avec les mêmes moyens pour tout le monde. Si nécessaire, Aigle Azur contre-attaquera en se positionnant sur les lignes d’Air France, prévient Arezki Idjerouidène.

D’ores et déjà, le transporteur a opéré une diversification vers des destinations plus exotiques par rapport à son réseau classique, avec notamment le lancement d’un vol Orly/Rimini (Italie) et une desserte vers le Cap-Vert au départ de Marseille pour la saison d’été. Pour concurrencer encore plus efficacement Transavia, Aigle Azur annonce par ailleurs le lancement pour la première semaine de juin d’un site Internet professionnel, quand la filiale d’Air France le prévoit seulement pour 2008.

La colère gronde

Transavia va réduire à néant le métier des compagnies charters et des TO en proposant des vols secs en direct sur des destinations purement touristiques. Si un client constate qu’il peut trouver seul des prix très attractifs sur Internet pour rejoindre Héraklion ou Agadir, il se passera totalement des services d’un tour-opérateur, tonne Laurent Magnin, PDG de XL Airways, qui évoque des changements stratégiques, encore tenus secrets. Pour autant, si ce n’est pas Transavia, d’autres compagnies low cost pourraient être tentées de lancer des lignes vers ces destinations touristiques, comme c’est le cas de Jet4You (TUI) au Maroc.

Quand j’observe les effets dévastateurs qu’ont eu le modèle mi charter/mi low cost en Grande-Bretagne, je trouve indélicat que ce soit Air France qui donne un dernier coup aux compagnies charters françaises de niche, notamment après ce que le pavillon français a enduré ces dernières années [ndlr : liquidation d’Air Lib, AOM, Air Littoral, Air Horizons], poursuit-il. Ce concept hybride ne va faire qu’amplifier la concentration des tour-opérateurs et laisser les plus petits affréteurs dans l’incapacité de trouver des sièges. C’est d’autant plus navrant qu’Air France fait mine de redécouvrir le marché touristique alors que, depuis 25 ans, ce sont bien les compagnies charters qui ont démocratisé le transport aérien et fait baisser les tarifs !, ne décolère pas Laurent Magnin.

Les relations privilégiées qu’Air France et donc Transavia entretient avec le Club Méditerranée et Jet tours pourraient par ailleurs avoir des conséquences sur l’activité de XL Airways, elle-même liée au Club par des accords d’affrètements. Nous sommes en pleine négociation avec le Club Med pour voir comment notre partenariat pourrait évoluer. Nous espérons continuer à travailler ensemble, même s’il est probable que les volumes d’affrètement soient revus à la baisse, craint Laurent Magnin. Qu’en est-il aussi des affrètements de Fram (assurés pour l’instant majoritairement par Air Méditerranée), alors qu’Air France est actionnaire à 5 % du TO toulousain ? Air Méditerranée n’était pas joignable au moment de notre bouclage.

Très liée à Air Méditerranée, Go Voyages est quant à lui dans une situation d’attente. Nous prenons ce qu’il y a à prendre. Nous avons réservé des allotements sur Transavia vers le Portugal. Il peut être difficile de mixer des tarifs publics avec des ventes aux voyagistes mais nous attendrons l’hiver pour juger, explique Nicolas Brumelot, directeur général de Go Voyages. De son côté, Marmara n’entend pas se laisser faire, alors que le TO complète le remplissage de certains de ses vols avec la clientèle ethnique. Il annonce le lancement d’un vol Paris-Tanger pour juin.

Les inquiétudes des compagnies charters françaises ont été récemment relayées par la direction d’Easyjet elle-même. Air France a lancé Transavia à Orly pour occuper le terrain et protéger ses créneaux horaires, tout en nous empêchant de nous développer, accuse François Bacchetta, directeur général France d’Easyjet. La compagnie orange peine toujours à trouver des slots, quand Transavia a pu en récupérer plusieurs centaines (notamment ceux abandonnés par Air France sur Orly-Strasbourg. Quant aux lignes de Transavia, il est clair qu’elles concurrencent moins les opérateurs à bas tarifs que les compagnies charters, rappelle-t-il.

Le sens de l’histoire ?

Seule Europe Airpost semble plus philosophe. C’est le sens de l’histoire que le concept low cost se positionne sur les lignes touristiques. La clientèle est maintenant mûre pour se débrouiller seule en réservant via Internet, explique le PDG Jean-François Dominiak. Nous allons néanmoins observer attentivement le développement de Transavia, qui est pour l’instant axé sur Paris. Plus présents en province, nous sommes partiellement épargnés. Mais les choses pourraient changer, conclut-il.

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