Tiananmen : la police chinoise explore la piste de l’attentat
Censure oblige, les informations sur l’explosion d’un 4X4 sur la célèbre place de Pékin, hier, filtrent au compte-goutte. La police serait sur la piste de deux musulmans Ouïghours, originaires de l’extrême-ouest du pays.
Simple accident, attentat politique, acte mené par des extrémistes religieux ? Le flou domine toujours au lendemain de l’explosion d’un 4X4 sur la place Tiananmen, à Pékin, qui a fait 5 morts et des dizaines de blessés. La thèse du geste intentionnel semble toutefois la plus probable au vu du déroulé des faits, la voiture ayant parcouru une longue distance sur le trottoir avant de s’immobiliser.
Contrôlées par la censure, les informations filtrent de manière très parcellaire. Selon des éléments diffusés par le Global Times, quotidien contrôlé par le parti communiste chinois, la police serait sur la piste de militants musulmans originaires de la région du Xinjiang, dans l’extrême ouest du pays.
Tensions récurrentes entre Ouïghours et Han
Cette immense région autonome est majoritairement peuplée de Ouïghours, des musulmans turcophones, et régulièrement secouée par des troubles en raison des fortes tensions avec les Han (ethnie majoritaire en Chine). Les autorités chinoises accusent invariablement de "terrorisme" les militants ouïghours.
Le Bureau de la sécurité publique a envoyé tard, lundi 21 octobre, un message à plusieurs hôtels pékinois leur demandant s'ils avaient remarqué des "clients suspects" depuis le 1er octobre, rapporte le Global Times.
La police a également indiqué être en quête d'informations sur des "véhicules suspects". Elle a décrit une voiture de type 4X4 de couleur claire qui aurait pu avoir été équipée de plaques d'immatriculation du Xinjiang.
Tiananmen, une place hautement stratégique
Selon cet avis de recherche publié par le site 64 Tian Wang, fondé par un dissident du régime, les enquêteurs sont plus précisément sur la piste de deux Ouïghours, domiciliés dans deux districts distincts du Xinjiang. L'un d’entre eux serait originaire de Lukeqin, région où des affrontements fin juin entre la police et des émeutiers avaient fait des dizaines de morts.
Ce mardi 29 octobre, Tiananmen avait retrouvé son aspect normal, selon un photographe de l'AFP sur place. Le parvis avait été nettoyé et les forces de l'ordre y avaient repris leur forte présence habituelle. Coeur névralgique du pouvoir en Chine, cette place est notamment célèbre pour les manifestations en faveur de la démocratie qui s’y sont tenues au printemps 1989, matées dans le sang.
Cinq personnes, dont le conducteur et les passagers ainsi qu’une touriste philippine et un touriste chinois, sont mortes sur la place hier, et 38 autres ont été blessées (dont trois touristes philippins et un Japonais), le 4×4 ayant foncé sur la foule avant de prendre feu.
