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Pourquoi Airbnb se contente de la vente directe

Chiffres clés 2014, distribution via les agences, taxe de séjour… : Nicolas Ferrary, directeur France d'Airbnb, aborde tous ces sujets dans une interview exclusive à L'Echo touristique.

 

Vous avez accueilli 30 millions de voyageurs dans le monde depuis votre création en 2008. Quels sont les chiffres clés du marché français ?
Nicolas Ferrary :
Airbnb a fait voyager 3 millions de Français depuis 2008, dont 2 millions au cours de la seule année 2014. Nous observons une accélération forte depuis l'an passé. La France est devenue le deuxième marché d’Airbnb, après les Etats-Unis. Les usages se multiplient et s’élargissent, notamment aux familles. Toutes nationalités confondues, environ 3 millions de personnes sont venues en France avec nous, depuis notre lancement, dont 2 millions l’an dernier. Paris est notre première destination depuis quelques semaines. Désormais, Airbnb compte plus de 40 000 logements disponibles dans la capitale, sur un million d’offres. Nous représentons un vrai complément d’offres d'hébergement.

Vous avez effectué un test avec l’agence de voyages d’affaires 3Mundi l’an passé. Quel est le bilan ?
Ce petit test a créé un buzz qui nous a surpris. Nous ne comptons pas le renouveler. Le modèle d’Airbnb ne s’intègre pas forcément bien dans celui d’une agence spécialisée dans les déplacements professionnels. Le voyageur d’affaires peut très bien réserver en direct, seul ou avec l’aide de son assistante par exemple. Nous devons tenir compte de ses contraintes bien sûr. Nous travaillons notamment sur la question essentielle de la traçabilité. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons signé avec Concur, afin d’être présent dans TripLink : quand un salarié de Google réserve sur Airbnb, par exemple, le groupe récupère en tant qu'employeur les données liées à ce séjour via TripLink. C’est important, pour la gestion des notes de frais et des questions de sécurité.

Quel pourcentage de votre clientèle réserve dans le cadre d’un déplacement professionnel ?
Nous estimons que 10% à 20% de nos utilisateurs voyagent pour des raisons professionnelles, en France comme dans le monde.

Pensez-vous distribuer vos hébergements chez l’habitant via les agences de voyages, loisirs ou affaires ?
Notre objectif est de mettre en contact deux personnes, dans une relation de confiance. Je ne suis pas persuadé que l'agence de voyages puisse offrir une réelle valeur ajoutée : ce serait un intermédiaire supplémentaire dans la chaîne de valeur. Si le voyageur a une question, vers qui devra-t-il se tourner ? Vers l’hôte, l’agence, Airbnb ?

Comme vous, les compagnies low cost ont commencé par la vente directe uniquement. Puis, elles ont intégré les GDS, afin de toucher les voyageurs d’affaires via les agences, et trouver ainsi des relais de croissance. Pourriez-vous suivre le même chemin, quand la croissance sera moins forte ?
La situation est différente. Les compagnies low cost sont productrices et distributrices. Nous, nous avons déjà trois acteurs dans la boucle : le voyageur, l’hébergeur et Airbnb. En intégrant les GDS, les compagnies low cost ont ajouté un troisième maillon. Pour nous, ce serait le quatrième maillon. Je ne suis pas sûr que le fait d’ajouter des intermédiaires soit une bonne chose.

Discutez-vous avec les agences et les réseaux ?
Oui, nous discutons, puisque nous faisons désormais partie de l'écosystème du voyage. Mais rien d’évident ne ressort pour l’instant. Et nous restons concentrés sur l’expérience client, qui doit rester simple.

Airbnb devrait devenir collecteur de taxes de séjour en France. Où en est-on ?
La taxe de séjour s’applique à tout le monde, mais nous avions un problème de collecte de cette taxe, initialement pensée pour les hôtels. Si un particulier loue quelques semaines par an, il sera éventuellement redevable de 5 euros. Nous avons donc réfléchi à une solution mutualisée : Airbnb pourrait collecter la taxe de séjour afin de simplifier la vie de tout le monde, avec un seul versement annuel effectué à chaque collectivité. C’est inscrit dans le cadre de la loi de finances 2015. Nous attendons maintenant le décret d’application.

Certaines offres, diffusées par des agences immobilières, vous éloignent de votre concept fondateur, l’hébergement chez l’habitant. Comment l’endiguer ?
Le phénomène ne s’est pas amplifié en 2014. A Paris, 92% de nos hôtes à Paris publient d’ailleurs une seule annonce. Nous ne sommes pas idéologiquement opposés aux agences immobilières, tant que l’hôte délivre une prestation de qualité. C’est l’expérience client qui prime.

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