Nomade Aventure : « 10% à 15% des clients choisissent le train pour voyager en Europe »
Nomade a dupliqué ses voyages en Europe pour les proposer en train au lieu d’en avion. Avec quels résultats ? Réponse de Fabrice Del Taglia, directeur général de Nomade Aventure.
En 2019, vous avez décidé de dupliquer vos best-sellers en version ferroviaire (35 voyages), une initiative récompensée par deux trophées* cette année. Comment démarre la production ?
Fabrice Del Taglia : La décision a été prise fin 2019, l’offre était prête en mars 2020. Bien évidemment, le Covid et la fermeture des frontières n’ont pas permis de la faire émerger. Notre production train est vraiment commercialisée depuis le mois de mai. Avant même d’avoir communiqué dessus, nos voyages en train séduisent 10% à 15% des personnes qui partent sur les destinations et voyages concernés : l’Albanie, la Croatie, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et l’Ecosse. Ce qui a le mieux fonctionné, c’est l’Albanie, l’Italie et l’Ecosse. Face notamment au succès de l’Albanie, qui suppose pourtant un voyage long et compliqué, nous allons élargir le choix de destinations l’an prochain.
Quelle est la différence d’empreinte CO2, entre vos voyages en avion et leurs clones en train ?
Fabrice Del Taglia : Le point de départ de cette gamme chez Nomade, c’était effectivement la réduction de l’empreinte carbone. Les voyages en train émettent environ 50 fois moins de CO2 que les mêmes en avion sur l’Ecosse, l’Italie et le Portugal. Pour l’Albanie, c’est « seulement » 4 fois moins, à cause du ferry. Ce qui représente tout de même plusieurs centaines de kilos de CO2 évitées par passager.
Mais manifestement, il n’y a pas seulement que des préoccupations écologiques. Pour les clients, c’est aussi un voyage dans le voyage. Et non une corvée. Le voyage en train permet de contempler des paysages, d’arriver progressivement à destination, de s’immerger. Pour l’Ecosse par exemple, on part de Paris en Eurostar, puis on traverse la quasi-totalité de l’Angleterre. C’est, enfin, une solution pour les personnes qui ont peur ou n’aiment pas prendre l’avion.
Nous n’aurons un impact que si d’autres tour-opérateurs nous suivent, même les voyages sont un peu plus chers.
C’est un peu plus cher en train. De combien ? Le prix n’est-il pas un frein ?
Fabrice Del Taglia : Pour l’Ecosse, à date et durée identiques, c’est 8% plus cher. L’Albanie, c’est 16% plus cher, pour un itinéraire de trois jours supplémentaires. C’est donc globalement un peu plus onéreux, mais pas dans des proportions déterminantes. En revanche, l’allongement de la durée du voyage, pour des actifs, peut être un frein plus important qu’un supplément tarifaire. Sachant qu’avec le temps, l’écart de prix pourrait se réduire entre les billets d’avion qui augmentent, et les billets de train. Et nous n’aurons un impact que si d’autres tour-opérateurs nous suivent, même si les voyages sont un peu plus chers.
En 2019, vous avez aussi créé des voyages sur le thème de la découverte spatiale, accompagnés par des astronautes, pour lesquels vous avez reçu un autre trophée en 2022**. Avec la guerre en Ukraine, comment avez-vous fait évoluer l’offre ?
Fabrice Del Taglia : Cette programmation correspond pour moi à une passion d’enfant. Nous l’avions lancée pour le 50e anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune. Nous l’avons maintenue. Jusqu’à la guerre en Ukraine, nous proposions la Russie qui avait très bien fonctionné. Nous programmons toujours les Etats-Unis avec Washington, Houston et Cap Canaveral, et désormais la Guyane. Nous organisons un tout premier voyage en Guyane accompagné par l’astronaute Jean-Pierre Haigneré, qui devrait permettre d’assister au lancement d’Ariane 5. Ce sont des voyages pour des passionnés et des personnes très curieuse à l’égard de la conquête spatiale, mais pas pour des experts.
*Trophée de l’innovation du tourisme 2022 (catégorie Tourisme responsable), et Trophée Horizons 2022 (catégorie Mobilité).
** Trophées de l’innovation du tourisme 2022 (catégorie Production)