Maurice et le dilemme de l’ouverture

Réglée comme un métronome, Maurice s’apprête, comme chaque année depuis 2007, à terminer l’année sur une nouvelle hausse de fréquentation de la clientèle française, d’environ 8 %. L’opération « Maurice sans passeport », prolongée au moins jusqu’à fin mai 2011, n’a contribué que marginalement à cette dynamique, en générant quelques milliers de départs par an. Mais elle a servi de puissant levier marketing et de communication. Car la mesure a été accompagnée d’un discours faisant la promotion d’une île « accessible », avec l’objectif de capter une clientèle jusqu’alors rebutée par les prix pratiqués. Une stratégie de démocratisation engagée depuis quelques années et dans laquelle s’est engouffré Marmara, qui ambitionne de s’imposer comme le voyagiste français leader d’ici trois ans. Mais alors que la crise s’éloigne, les institutionnels locaux ont tendance à éluder discrètement ce discours sur le caractère abordable de la destination, pour surtout mettre en avant la volonté d’excellence mauricienne. Et les ouvertures d’hôtels contribuent à entretenir cette image élitiste, sur laquelle l’île a toujours capitalisé. Entre le Cardinal Exclusive Resort (inauguré en janvier 2010), le Trou aux Biches rénové (ouvert le 1er novembre), le Sofitel So Mauritius Bel Ombre (prévu pour décembre) ou le Long Beach (en avril 2011), l’offre d’hébergement se développe presque exclusivement en 4* et 5*. Preuve que la clientèle de ces établissements est toujours au rendez-vous, les spécialistes du haut de gamme, même s’ils n’ont pas tous échappé à la crise, sont désormais unanimes pour décrire une montée en flèche des réservations depuis l’été. Et sans dégradation des paniers moyens, jurent-ils.