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Lionel Flasseur (Auvergne Rhône-Alpes ) : « Il faut rassurer pour les vacances de février »

Surpris par les récentes annonces du gouvernement, le directeur général d’Auvergne Rhône-Alpes Tourisme attend un signal fort pour sauver le reste de la saison.

L’Echo touristique : Quelle est la situation touristique en région Auvergne Rhône-Alpes, depuis le début de la crise ?

Lionel Flasseur (DG d’Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme) : La situation est simple. Entre mars et décembre 2020, la perte atteint un peu plus de 4 milliards d’euros, sur un global annuel de 21 milliards d’euros, qui est notre PIB dans la filière touristique. Sur ces 4 milliards, 2,5 milliards d’euros correspondent à la première période de confinement (mars à juin, Ndlr) et au début de la saison marqué par la fermeture du domaine skiable. En comptant le tourisme vert qui est à l’arrêt total, on atteint une perte de 30% à 40% par rapport à une année classique.

Une réaction par rapport aux déclarations du Premier ministre Jean Castex, jeudi dernier ?

Lionel Flasseur : Une grande incompréhension sur le fond et sur la forme. Depuis des mois, les professionnels du tourisme et de la montagne travaillent sur des protocoles sanitaires extrêmement précis. Autre élément de fond, nous sommes sur des espaces ouverts, avec des distanciations sociales, hormis la période d’attente devant les remontées mécaniques mais qui n’est pas plus importante que devant un magasin ou dans les transports en commun. Enfin, toujours sur le fond, notre incompréhension vient aussi de la différence d’appréciation d’un pays à un autre. Sur la forme, c’est la méthode employée (qui nous étonne) : tous les acteurs ont travaillé main dans la main avec le gouvernement depuis des mois. Et en fin de compte, les annonces se font ou ne se font pas… à la petite semaine. Nous sommes toujours dans le brouillard. Aucune nouvelle date n’est annoncée. Sans oublier le drame économique et humain qui est en train de se préparer. Aujourd’hui, l’enjeu n’est pas d’ouvrir au mois de janvier mais de rassurer pour les vacances de février. En termes de saisonnalité, c’est une concentration économique très importante. Il faut envoyer un signe fort, je ne parle même pas pour les étrangers, mais pour les Français, en leur expliquant qu’ils peuvent réserver et planifier leurs activités pour le mois de février.

Nous avons créé une dotation pour un tourisme bienveillant.

Vous semblez assez optimiste pour l’avenir. Vous avez d’ailleurs un plan de relance qui paraît assez ambitieux…

Lionel Flasseur : En fait, c’est un plan de transition, qui comprend deux objectifs. Le premier, de manière très pragmatique, c’est d’assurer la survie des opérateurs touristiques. Les moyens que nous utilisons sont concentrés vers des opérations de pure relance, tournés vers la vente, la distribution, les agences en ligne ou physiques, les réceptifs. L’autre objectif, c’est d’accélérer la mise en œuvre de notre vision d’un « tourisme bienveillant ». La crise étant un accélérateur des tendances, nous voulons capitaliser sur celle de la durabilité au sens large du terme. Je rappelle que cette vision de tourisme bienveillant avait été lancée en octobre 2019. Il ne s’agit pas de faire une sorte du « green washing ».

Qu’entendez-vous par « tourisme bienveillant ?

Lionel Flasseur : Nous voulons agir en pleine responsabilité par rapport à nos impacts environnementaux, économiques et sociétaux. Nous avons lancé un manifeste, clairement rédigé en vidéo et papier, qui est une profession de foi à laquelle nous convions les acteurs. Mais c’est déjà le cas avec des mots différents tels « tourisme durable », « écotourisme », etc. De plus, nous avons créé une dotation pour un tourisme bienveillant. C’est une énorme innovation dans la mesure où la filière du tourisme n’est pas éligible à une politique de mécénat. Le sport l’est, la culture aussi, mais pas le tourisme. Ce fonds de dotation, j’insiste, a une dimension nationale : c’est un outil que nous avons mis en place en août 2020, paru au Journal Officiel, au service de tous les acteurs, privés ou publics, pour mettre en œuvre un certain nombre de projets dans le « tourisme pour tous » (handicap,) la connaissance, l’environnement… J’invite tous les opérateurs à rejoindre ce fonds. C’est au service de l’intérêt général.

Mon optimisme est basé sur ma croyance en la vaccination.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Lionel Flasseur : Je suis optimiste mais pas naïf. Dans mon analyse, on voit quand même un horizon, lié à notre capacité à envisager cette campagne de vaccination, mondiale ou du moins européenne. Pour nous, l’horizon est à l’été 2021. Je pense que c’est la bonne échelle de temps. A court terme, tout va se jouer dans les prochains jours. S’il y a une possibilité de rouvrir le domaine skiable, ça va être très compliqué, mais nous allons essayer d’éviter le drame. En revanche, j’ai un très grand espoir sur le redémarrage d’une saison l’été prochain. Puis sur une belle saison 2021/2022 et enfin le retour à notre chiffre d’affaires touristique à fin 2022 de quelque 21 milliards d’euros. Mon optimisme est basé sur ma croyance en la vaccination. Mon optimisme est aussi lié au fait que la région Auvergne Rhône-Alpes avance sur deux jambes : une jambe hiver et une jambe été. Il faut savoir qu’en volume, 58% des nuitées sont effectuées durant la période estivale. Et vous savez, les régions des « grands espaces » comme la nôtre ont une grosse carte à jouer par rapport aux aspirations profondes des voyageurs internationaux. Sans oublier la partie « voyage d’affaires » : les choses doivent redémarrer pour l’été, voire l’automne 2021, parce que nous sommes une grande région d’affaires, avec la métropole de Lyon et d’autres villes bien sûr. Mais il faut absolument que l’évènementiel puisse se remettre en marche.

Un message de la région aux professionnels du tourisme ?

Lionel Flasseur : Compassion et solidarité. Nous consacrons 12 millions d’euros, en 2020 puis en 2021, à la relance de l’activité. Je ne connais pas beaucoup de CRT qui peuvent disposer de tels moyens, pour les professionnels.

Pour conclure, Lionel Flasseur, vous vous ferez vacciner lorsque votre tour viendra ?

Lionel Flasseur : Bien sûr ! Évidemment et sans aucune hésitation.

2 commentaires
  1. Anonyme dit

    Le seul argument auquel s’accroche le gouvernement pour justifier la fermeture des domaines skiables est l’accidentologie qui risque de saturer les hôpitaux
    Sauf Que:il n’y aura pas ou très peu d’étrangers qui représentent plus de 50% de la clientèle en montagne
    Que 95% voir plus des accidentés sont traites dans les stations
    Que les cliniques privées sont loin d’être saturées!!
    D’autre part nous sommes capables localement d’organiser la vaccination si l’on nous donne les vaccins

  2. hrconseilsas dit

    Je ne peux que partager l’enthousiasme de Lionel Flasseur et de ses équipes derrière lesquels tous les acteurs du tourisme sont unis et prêts pour le retour espéré des touristes.
    Pour le ski, ça parait hélas mal engagé, mais il faut se serrer les coudes, se soutenir mutuellement et jouer collectif.

    Pour la suite, l’œnotourisme, le tourisme à vélo, le tourisme fluvial, et toutes les formes de Slow-Tourisme qui pourront être intégrées de prêt ou de loin à la Vallée de la gastronomie seront les boosters pour la mettre sur orbite en 2022.

    En attendant,
    Santé et Bonheur pour 2021, Prenons soin les uns des autres.

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