Les compagnies du Golfe contre-attaquent

Qui l'eût cru ? Le distingué Tim Clark, président d'Emirates, a dû préciser, la semaine dernière, qu'il n'allait « tuer personne ». Accusé par Air France-KLM de ne pas respecter les règles de concurrence et d'obtenir des subventions, il s'est défendu farouchement : « Le gouvernement de Dubaï ne fournit aucun fonds. Nous ne représentons aucune menace pour qui que ce soit », a-t-il lancé. Quasiment au même moment, le PDG de Qatar Airways, Akbar Al Baker, se prêtait au même exercice que son homologue de Dubaï lors de l'inauguration, à l'aéroport de Nice-Côte d'Azur, de la nouvelle liaison Doha-Nice de sa compagnie. « Il est vraiment triste que les transporteurs en Europe nous considèrent comme un entrant hostile sur le marché, parce que nous n'allons pas empiéter sur leur activité, et de l'activité, il y en a beaucoup », a-t-il estimé. Emirates n'a pas fait que se défendre. « Nous espérons ouvrir une troisième liaison quotidienne sur Paris et une autre en province. Si nous ne les obtenons pas, nous chercherons dans d'autres aéroports européens, comme Amsterdam par exemple, avec qui nous bénéficions d'accords proches d'un open sky », glisse pour sa part Jean-Luc Grillet, directeur général France de la compagnie de Dubaï. Tim Clark n'en fait pas mystère : s'il est bloqué en France, sa compagnie se développera ailleurs en Europe. « C'est d'autant plus regrettable que nous ne prenons pas du trafic à Air France car nous desservons en majorité des routes que cette compagnie n'opère pas », remarque Jean-Luc Grillet. La compagnie de Dubaï a toutefois de grandes ambitions. Avec une flotte évaluée à plus de 200 appareils, tous long-courriers, d'ici dix ans, la compagnie pourrait rapidement siphonner les réservoirs de clientèles européennes, qu'Air France et ses voisines tentent actuellement de reconquérir.