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Les autocaristes s’accrochent au volant de leur profession

Le contexte : Les TO nationaux investissent toujours plus les régions, fief des autocaristes, qui ont parfois du mal à se développer. L'évolution : Pour résister, la consolidation du secteur s'intensifie, menée par les leaders dotés de grosses trésoreries. Les enjeux : L'Union européenne règlemente ce marché, pas toujours à l'avantage des

Éparpillée entre les activités de 1 500 entreprises en France, la profession des autocaristes a pris son destin en main et entamé sa consolidation. En reprenant au mois de mars l'activité agences de voyages du groupe Pauli (7 points de vente en Alsace), le breton Salaün par exemple dessine un nouveau modèle économique : toujours construit sur un maillage dense en région, il démultipliera ses débouchés commerciaux dans un réseau national. « Nous sommes prêts à démarrer d'autres opérations de croissance externe », annonce Michel Salaün, président du groupe basé à Pont-de-Buis, entre Brest et Quimper. « C'est la complémentarité de l'offre que nous recherchons, avec des agences. Racheter seulement des autocars ne nous intéresse pas. Nous en avons déjà 280. Nous sommes le plus gros opérateur de cars grand tourisme en France. » La croissance de Salaün a connu une première étape décisive en 2006, avec la reprise du concurrent breton National Tours. La tendance est maintenant aux achats transrégionaux. Avec ses agences Prêt à Partir dans six départements, le groupe lorrain Piot (750 salariés) élabore une stratégie similaire à celle de Salaün : François Piot, représentant de la troisième génération de dirigeants, a repris les cinq agences franc-comtoises de Monts Jura et racheté Vigny Tourisme, dans l'Yonne. Laurent Lhomme, directeur général de Dunois (6 agences dans le Loiret et les départements voisins) espère « conforter la présence régionale » et développer les activités de ses 30 autocars de grand tourisme au sud de Paris. « Nous sommes à l'affût de croissances externes », annonce Yves Verdié, responsable éponyme de l'activité autocars (140 véhicules) du groupe leader en Midi-Pyrénées, auteur de deux croissances externes depuis 2005 à Figeac et dans l'Aveyron.

 

« ON A NOTRE PLACE SUR LE MARCHÉ »

 

D'autres petites structures, prêtes à changer de propriétaire, vont se manifester en temps de crise : des entrepreneurs familiaux à l'âge de la retraite, d'autres affectés par la crise ou responsables d'erreurs de gestion. Les banques, apporteurs d'affaires, seront actives dans ces rapprochements. « Je n'ai jamais appelé un confrère pour lui demander si son affaire était à vendre, déclare François Piot. Ce que j'observe sur le marché, c'est la densité du maillage local. Avec neuf agences en Franche-Comté, nous sommes devenus leaders dans cette région. » La trésorerie avantageuse et la solidité des fonds propres du repreneur sont les piliers de ces manoeuvres financières. La conjoncture de crise et l'attentisme des clients, observés aussi chez les autocaristes, ne brident pas le moral des candidats à la croissance. « On a notre place sur le marché », estime Daniel Richou, propriétaire d'un réseau de 20 agences sur dix départements autour de Cholet. « Le problème, ce sont les grands TO qui paniquent, qui soldent excessivement leurs forfaits avion + hôtel et font perdre toute crédibilité aux professions du voyage. » Les promotions pour animer les ventes sont aussi le fait des autocaristes. Salaün a proposé début mai ses « Coups de soleil », une sélection de 20 forfaits issus de sa production estivale, assortie de réductions de 30 à 200 E. L'alsacien Royer Voyages épingle huit réductions cumulables en couverture de sa mini-brochure d'été : 50 E de réduction par adulte, chambre individuelle gratuite, boissons offertes et deuxième semaine gratuite pour les enfants. « Avec ces promotions qui se généralisent, les réflexes des clients ont changé », commente Yves Verdié. « Ils réservent plus tard, il faut le savoir. Cela ne nous empêchera pas d'innover, surtout en haut de gamme. Notre circuit Baltique sur 13 jours en autocar VIP va être un des best-sellers de l'été »

 

L'UNION EUROPÉENNE MODIFIE LA DONNE

 

L'environnement commercial agité intervient, chez les autocaristes, en même temps qu'une évolution majeure de la réglementation. Après deux années de bataille contre une directive européenne qui limitait le temps de travail des chauffeurs à 6 jours consécutifs, l'évolution législative reprend une orientation positive. Les autocaristes ont obtenu le vote, par le Parlement européen, d'un règlement qui réintroduit la « règle des 12 jours », en vertu de laquelle les chauffeurs pourront travailler non-stop lors de voyages à l'international. La mesure applicable au 1er janvier 2010 évitera le recours à des prestataires locaux, accusés par les autocaristes français de monnayer leurs interventions au prix fort. « Le surcoût de cette journée était de l'ordre de 700 à 1 200 E selon les pays », calcule Daniel Richou. « En fonction du forfait, sur douze jours de voyage, chaque client payait entre 30 et 40 E pour cette journée de remplacement. Le retour à la situation d'avant 2007 est une bonne chose. » Un autre projet de règlement, moins populaire auprès des autocaristes, favorisera les groupes les plus solides financièrement par rapport aux petites exploitations : le Parlement européen a adopté fin avril, en première lecture, un texte visant à aligner les droits des passagers des bus sur ceux des passagers aériens. Les règles de compensation seront strictes et a priori non -négociables en cas de délais d'annulation : le passager se verra proposer d'autres services de transport dans des délais comparables, et recevra une indemnité correspondant à la moitié du prix du billet. Des indemnités seront fixées en cas de décès, à 21 000 euros minimum selon le rapport parlementaire adopté à Strasbourg. Pour protéger les petites entreprises de transport routier, les organisateurs ne seront pas obligés de payer si l'accident a été causé par des circonstances extérieures. Pour Serge Montagne, directeur des affaires générales de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), « ce texte n'est pas praticable, parce qu'on ne peut pas comparer une prestation de transport en autocar à un voyage en avion. Les contraintes de l'opérateur sont totalement différentes, notamment au niveau de l'acheminement des bagages. La fédération milite pour que les services de transport public soient exclus de ces dispositions européennes. Pour les autocaristes, un nouveau champ de bataille est ouvert.

 

La conjoncture de crise et l'attentisme des clients, observés aussi chez les autocaristes, ne brident pas le moral des candidats à la croissance

Un autre projet de règlement favorisera les groupes les plus solides financièrement par rapport aux petites exploitations

 

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