L’Espagne reste à flot chez les TO français

Quatre cents millions d’euros. Le gouvernement espagnol a décidé de sortir la grosse artillerie face à la crise qui touche son industrie touristique. Approuvé en novembre, son Plan Renove financera les PME du secteur qui souhaitent moderniser ou réhabiliter leurs établissements et infrastructures touristiques.

UN MARCHÉ CHAHUTÉ DEPUIS L’ÉTÉ

Pilier de l’économie espagnole depuis plusieurs décennies – elle génère 11 % du PIB -, l’industrie du tourisme connaît un brutal ralentissement depuis le mois de juillet dernier. Alors que l’ensemble des indicateurs (fréquentation, nuitées, recettes) était au vert au premier semestre, la conjoncture s’est brutalement retournée durant l’été.

En cause, une chute libre du tourisme national, mais aussi un recul de la destination sur plusieurs marchés étrangers. Sur l’ensemble de l’année, l’Espagne, deuxième destination touristique du monde en nombre de visiteurs, a ainsi perdu 1,8 million de touristes internationaux par rapport au record de 2007 (57,4 millions, contre 59,2 millions), soit un recul de 2,6 %. Une baisse qui n’a cessé de s’accélérer durant l’automne. Les chiffres sont particulièrement mauvais sur le marché français. Bien que conservant leur place de troisième plus importante clientèle étrangère, derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne, les visiteurs hexagonaux n’ont été que 8,1 millions à franchir les Pyrénées l’an dernier, soit 8,5 % de moins qu’en 2007. Mais c’est en fait surtout la Catalogne qu’ils ont désertée. La région, traditionnellement la plus prisée, a vu sa fréquentation s’effondrer de 15,9 % sur le marché français. À l’autre extrême, les Baléares enregistrent, en ce qui les concerne, une hausse remarquable de 15,1 %, tandis que les Canaries, Madrid ou l’Andalousie ont connu également des évolutions positives. Côté tour-opérateurs, le bilan semble lui-même moins alarmant. « Nous avons comptabilisé 68 800 clients en 2008, contre un peu plus de 70 000 l’année précédente, commente Christian Marentès, directeur du tour-operating chez Iberica, spécialiste français de l’Espagne. En revanche, le prix moyen du forfait a augmenté, grâce au développement de packages avec aérien, ce que nous ne faisions pas auparavant. »Autre grand spécialiste de la destination, Forfait-Flash, TO du groupe français CCEE (qui réalise 70 % de ses ventes en France, mais est basé à Barcelone), annonce même avoir atteint 113 000 clients l’an dernier, soit une hausse de 7 % par rapport à 2007. « Aucun produit ne s’est mal vendu, assure Mathieu Boncompain, directeur communication et publicité du groupe. Au contraire, la fréquentation a augmenté vers les Baléares, les Canaries ou la Catalogne, avec une très belle fin d’année. »

Ce sont donc les voyageurs autonomes, qui se déplacent prioritairement en voiture et délaissent les chambres d’hôtels, qui semblent avoir le plus réduit leurs séjours. Selon une étude de l’association professionnelle Exceltur, le nombre de nuitées hôtelières françaises a d’ailleurs, malgré la baisse de fréquentation, progressé de 5,1 % durant les onze premiers mois de l’année 2008. Et les TO n’enregistrent, pour le moment, pas de retard de réservations pour les mois à venir, les destinations balnéaires et insulaires restant en tête des choix des touristes.